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Tome 1 :
Après le superbe Crystal Sky of Yesterday de Pocket Chocolate, le label Asian District des éditions Kotoji accueille son deuxième titre, inscrit dans un genre très rare en France alors qu'il est omniprésent à Hong kong : le récit d'arts martiaux (ou wuxia), dans la plus pure tradition du genre.
L'oeuvre est basée sur la série de romans d'arts martiaux hongkongaise Sangre y Acero, best-seller dans son pays et conçue par un spécialiste du genre, Jozev, auteur que l'on connaît déjà en France pour le scénario du manhua Claws of Darkness paru chez Soleil. C'est le studio Unicorn, spécialisé dans les projets cross-médias (manhuas, animation, jeux vidéo), qui signe cette adaptation BD sous la direction de Felix IP, directeur artistique du studio qui a plus d'une corde à son arc puisqu'il a aussi produit les long-métrages d'animation internationaux Teenage Mutant Ninja Turtles et Astroboy, et a réalisé la série Zentrix, toute première série TV hongkongaise en CGI.
Autant dire qu'avec Blood & Steel, les éditions Kotoji ont mis la main sur un morceau de choix, une oeuvre portée par la grande expérience d'auteurs qui la mettent totalement à profit en dévoilant un univers prometteur. Les choses commencent pourtant calmement avec un début voyant deux tyrans s'opposer au fil d'un affrontement qui verre victorieux un jeune pratiquant d'arts martiaux issu de la confrérie de la montagne de Qingsheng, une école considérée comme la meilleure du Sichuan (région de Chine). Le jeune combattant, qui sera renommé plus tard Yan Heng par le maître de l'école He Zisheng, vient alors de brillamment réussir son ultime test afin de passer adepte de la confrérie, plus haute distinction que seuls les meilleurs parviennent à obtenir, et qui lui permettront d'être initié aux technique les plus secrètes de l'école par le maître en personne.
Toute cette introduction s'avère habilement menée, car elle permet de mettre en place comme il se doit les principales figures de ce début de série, à commencer par l'imposant maître He Zisheng et son nouveau disciple Yan Heng, dont les prouesses étonnent déjà puisqu'il est devenu le plus jeune adepte de l'histoire de l'école Qingsheng ! Les autres protagonistes de l'école sont pour l'instant un peu plus discrets mais néanmoins bien campés, et dans cet univers très masculin vient poindre une seule femme, pour l'instant discrète elle aussi mais déjà séduisante.
Surtout, les auteurs en profitent encore plus pour présenter clairement le statut de l'école Qingcheng ainsi que son fonctionnement : la hiérarchie, la manière dont sont recrutés et entraînés les hommes (qu'ils soient héritiers directs de l'école, issus de sang noble ou venus de milieux plus modestes), l'entraînement rigoureux...
C'est une entrée en matière efficace, qui permet aussi d'apprécier d'emblée la virtuosité graphique du studio, qui dévoile des dessins d'une richesse exemplaire avec des personnages aux trait marqués et expressifs et un grand soin apporté aux décors, bâtiments et costumes d'époque. Quant au rendu des scènes d'action, il offre une fluidité et une intensité déjà remarquables, d'autant que les techniques utilisées sont parfaitement lisibles et sont ponctuées de précisions textuelles très claires.
Tout est donc bien posé pour un divertissement qui décolle réellement dans la dernière partie du volume, où débarque un ennemi de taille : l'école Wudang, souhaitant démontrer la supériorité de son art par tous les moyens, et qui est prête à décimer les autres écoles qui ne se rangeraient pas sous sa bannière... Ce qui annonce des affrontement très denses pour la suite, d'autant que le maître He Zisheng en personne devrait vite entrer en scène !
Côté édition, Kotoji livre un travail d'excellente facture. Aucune fausse note dans la traduction, de nombreuses notes très utiles et claires pour les termes étroitement liés aux contexte de la série et à l'univers des arts martiaux, une bonne qualité de papier et d'impression... Pour un premier titre dans ce format, bravo !