Angélique

Cette rubrique est consacrée à toutes les séries qui ne sont pas issues du Japon mais qui s'apparentent au manga. Vous y retrouverez donc les manwhas (Corée), les manhuas (Chine), mais aussi les séries appartenant au "Global manga" (courant qui regroupe notamment des auteurs français).
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Koiwai
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Angélique

Message non lu par Koiwai » 16 juin 2015, 16:49

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Tome 1 :

1646. Le château du baron de Sancé est proche de la ruine, et la famille noble qui y habite est sur le déclin. Malgré tout, sous l'égide de la nourrice Fantine, de leurs parents, de leur grand-père et de leurs tantes, les filles du baron sont éduquées du mieux possible, suivent une instruction assez rigoureuse malgré les problèmes. Parmi elles, Angélique, la deuxième fille de la famille, est sûrement la plus belle, notamment parce qu'elle a hérité des yeux clairs de sa mère. Mais elle est également la plus impétueuse : au-delà de son instruction noble, elle mène une vie un peu sauvage, prend plaisir à aller fureter dans les bois en compagnie du gamin roturier Nicolas, s'en va voir l'étrange vieille dame Mélusine qui niche dans une grotte... Elle est assez éloignée de la figure noble qu'on souhaite lui inculquer, à tel point que ses tantes, entre autres, envisagent la possibilité de l'envoyer au couvent. Mais au gré de son quotidien d'enfant, elle discerne déjà les conversations des adultes, plongés dans les tourments d'une France en pleine mutation. Et elle ne sait pas encore quel sera son incroyable destin, qui l'amènera peu à peu à acquérir les libertés qui feront d'elle une femme forte et séduisante...

Qui ne connaît pas Angélique, ne serait-ce que de nom ? Cette fresque romanesque d'Anne Golon, adaptée en une saga cinématographique devenue culte dans son genre, ayant hissé son auteure parmi les écrivains français contemporains les plus lus au monde, est ici adaptée pour la première fois en bande dessinée, sous le trait de Dara, sur un scénario retravaillé par Olivier Milhaud.

De cette importante saga historique romancée, nous n'avons pour l'instant que les prémisses dans ce premier volume, qui s'applique avant tout à dépeindre une époque trouble, que l'on cerne petit à petit au fil des conversations adultes que l'héroïne surprend. Menacé de guerre par les puissances étrangères, le pays essuie également des troubles intérieurs importants : les conflits religieux entre catholiques et huguenots protestants hérités du siècle précédent, les débuts du soulèvement de la noblesse contre le pouvoir royal qui amènera bientôt la Fronde deux ans plus tard, le désir de sortir de la domination suprême de la religion pour s'ouvrir aux sciences... Chapitre après chapitre, le cadre historique se pose habilement et promet d'être passionnant par la suite.

En parallèle, Dara et Milhaud font entrer en scène avec talent chacun des personnages qui auront un impact, une influence sur Angélique, de la douce mère à l'amant mais intransigeant père baron, en passant par la nourrice Fantine et ses histoires d'un passé peu joyeux, le huguenot Molines, le hautain cousin Philippe de Plessis, le camarade roturier Nicolas ou le jeune noble Valentin, la vieille Mélusine qui offrira plus d'un conseil à la jeune fille... Mais plus encore que cette palette de personnages déjà riche, c'est bien Angélique qui attire à elle tous les regards, car on y discerne déjà tout ce qui fera son charme. Tout d'abord, une beauté évidente qui attire déjà l'oeil des jeunes garçons qu'elle repousse, et qui s'amplifie encore au fil des mois qui passent et qui font peu à peu d'elle une femme. Ensuite, surtout, un caractère déjà bien marqué : un tempérament se voyant à travers sa langue bien pendue et sa façon de repousser les gens qui l'agacent, un goût pour les sorties en douce et les danses roturières qui traduisent une envie irrépressible de liberté, et une certaine maturité lui permettant de déjà cerner nombre des troubles évoqués par les adultes... Belle, rebelle, insoumise et intelligente, elle l'est déjà et le sera toujours plus.

Pour sublimer cette entrée en matière posée et immersive, on peut compter sur les dessins d'un Dara au meilleur de sa forme, qui parvient à retranscrire toutes les facettes de cette jeune héroïne, tout en croquant des décors d'époque omniprésents, clairs et crédibles ainsi qu'une galerie des protagonistes tous bien différents. Saluons également la narration limpide, qui laisse d'ailleurs la part belle à un certain langage d'époque pour plus d'immersion.

L'édition, elle, est vraiment belle : grand format, papier assez épais et souple, bonne qualité d'impression. Et si vous vous sentez perdu devant les nombreuses références historiques (ce qui a de fortes chances d'arriver), pas d'inquiétude : un petit dossier concis et limpide est présent en fin d'album pour fournir des précisions sur tous les repères nécessaires.

Une grande saga historique à redécouvrir dans une BD qui commence de très belle manière.
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