Tome 1:
Tandis qu'Ares, manhwa phare de Ryu Geum-Chul, continue d'être publié par Booken manga, l'éditeur nous amène la dernière série en date de cet auteur prometteur : Muryong, titre court bouclé en 5 tomes, où Ryu Geum-Chul n'est guère que le dessinateur, le scénario étant conçu par Lee Nan-Soo, auteur jusque là inconnu dans nos contrées.
Nous sommes à la fin du cinquième siècle de notre ère. Tandis que la Chine est partagée autour des Dynastie du Nord et du Sud et que le Japon se développe sous le nom de Yamato, le voisin coréen, lui, reste divisé autour de plusieurs petits pays : Goguryo, Silla, Gaya et Baekje. C'est dans ce contexte basé sur l'histoire et les légendes du pays que débute l'histoire, nous amenant à faire la connaissance de quelques figures de Baekjé, dont Yung, héritier du trône, et son frère plus combattif et autoritaire que lui. Lorsque Yung met la main par accident sur un sabre légendaire qui renfermerait certains pouvoirs, il se retrouve séparé des siens et pourchassé de toutes parts, par les armées des pays voisins, et par des guerriers démoniaques.
Ainsi démarre Muryong, vite, de manière un peu déroutante, le récit ne prenant pas vraiment le temps de nous laisser nous attacher à des personnages rapidement brossés. A vrai dire, on peut trouver que tout va un peu trop vite, sensation qui ne disparaîtra jamais vraiment. Pour autant, ne boudons pas notre plaisir face à un récit qui parvient petit à petit à bien expliciter les grandes idées de son contexte : tandis que Yung démarre son périple semé d'embûches, l'arrière-plan laisse deviner des manigances politiques où vient même se mêler la nation de Yamato. Et c'est bien sur ce point que le récit intrigue le plus : si les aventures de Yung restent en soi très classiques pour l'instant (quête d'un futur grand homme perdu en terre inconnue, pourchassé, mais qui pourra rapidement compter sur quelques alliés, à commencer par une jeune fille qui a vite fait de se ranger à ses côtés), le contexte qui se dresse autour de cela devrait décoller par la suite. Ici, entre stratégies politiques et trahisons, on devine une suite qui devrait laisser une bonne place au contexte historique et politique. Le tout n'est encore que survolé, parfois amené de manière brouillonne, mais une base est là, plutôt prometteuse, bien gérée quand les auteurs décident de rapprocher cet aspect aux problèmes liés à Yung. Par exemple, les recherches de Baekjé pour retrouver le fils héritier, dépeintes de manière assez claire, permettent surtout d'entrevoir en filigranes de futures altercations entre les royaumes, voire à l'intérieur du royaume de Baekjé.
Visuellement, on retrouve le trait unique de l'auteur, en plus maîtrisé que sur Ares. Alors que les dessins font beaucoup plus appel à l'informatique que sur Ares, Ryu Geum-Chul ne tombe pas dans la facilité et conserve son trait élancé, si élancé qu'il est parfois assez laid (on pense surtout à la jeune fille que rencontre Yung, dotée d'un physique exagérément improbable à quelques reprises). L'ensemble possède plus de détails, les visages sont un peu plus variés même si certains se confondent encore... Seuls les courtes scènes d'action, dotées d'une mise en scène peu inspirée, déçoivent un peu.
Avec ce premier volume, les auteurs posent des bases intéressantes, de manière parfois assez maladroite, mais le pari est gagné : on se demande bien de quoi la suite sera faite, si les aventures de Yung vont se poursuivre autour de nouveaux adversaires, si le contexte politique et historique va être plus développé. Affaire à suivre.
Du côté de l'édition, Booken effectue un travail correct, mais on ne peut que regretter un certain nombre de petites erreurs d'inattention : fautes de frappe, d'orthographe, et même un nom différent, le pays de Goguryo présenté au début du livre étant finalement nommé Goguryeo par la suite. On remerciera l'éditeur pour le mini-poster en couleur et pour l'introduction permettant de comprendre les principales étapes historiques.