Ce que j'ai à te dire

Cette rubrique est consacrée à toutes les séries qui ne sont pas issues du Japon mais qui s'apparentent au manga. Vous y retrouverez donc les manwhas (Corée), les manhuas (Chine), mais aussi les séries appartenant au "Global manga" (courant qui regroupe notamment des auteurs français).
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Koiwai
Rider on the Storm
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Ce que j'ai à te dire

Message non lu par Koiwai » 14 juil. 2012, 18:51

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Quelques mois après leur arrivée sur le marché, les éditions Kwari s'engagent sur une voie intéressante. Après la fantasy de Dark Air, la romance de 100% Perfect Girl ou la baston de The Boss, l'éditeur tente sa chance dans le manhwa d'auteur avec Ce que j'ai à te dire, une oeuvre qui créera son effet sur quiconque la tentera, qu'on y accroche ou pas.

Au fil de plus de 280 pages, le récit de Jung Ji Hoon dépeint la vie sans espoir d'une famille déchirée de toutes parts par le destin. Une vie sans espoir, vraiment ? C'est ce que nous serons amenés à découvrir au fil de la lecture.

Tout commence par un drame : en voiture avec ses parents, une jeune fille voit ceux-ci mourir brusquement lors d'un terrible accident. Quant à elle, elle en ressort vivante, mais gravement brûlée. Ainsi sa vie prend-elle un tournant qui n'annonce rien de bon, mais elle pourra compter sur certaines personnes pour remonter la pente, jusqu'au jour à ce sera à son tour de quitter ce monde, après avoir mis au monde deux jumelles que le destin séparera tout de suite : tandis que l'une, muette, grandit toutefois tout naturellement, au gré de rencontres positives ou négatives, l'autre devient le jouet d'un directeur d'orphelinat pas mauvais, mais fragilisé par sa situation familiale.

Après une longue introduction se focalisant sur la vie aussi humble que tragique de leur mère, le récit s'attarde beaucoup plus longuement sur ces deux filles malmenées par le destin. Jung Ji Hoon prend ici le parti de s'attarder longuement sur les rencontres qui conditionneront la mentalité des deux héroïnes, et l'on appréciera beaucoup le fait que chacun d'eux soit réellement développé, même brièvement, mais de manière suffisante pour créer un petit monde cohérent. L'auteure n'oublie aucun de ses protagonistes, qu'elle aborde à un moment ou à un autre pour nuancer les comportements sans jamais prendre parti, mais simplement en décrivant les fragilités de chacun. C'est notamment le cas du directeur de l'orphelinat et de sa femme, deux êtres dont on cerne bien la fragilité, mais qui, malgré tout, restent absolument impardonnables.

Ce que j'ai à te dire, c'est donc le récit de plusieurs personnages fragilisés par les drames qui peuvent faire une vie, récit avant tout sublimé par la relation entre les deux jumelles et une mère qu'elles haïront parfois pour les avoir mises au monde, mais qu'elles n'ont en fait jamais connue, et qui sera le personnage central d'une conclusion habilement tournée. Même si la vie ne nous fait aucun cadeau, on naît toujours pour être aimé, et quand elles se retrouveront enfin, les deux jumelles pourront en faire l'expérience.

Pour porter son récit, Jung Ji Hoon adopte toutefois un style qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui vaut le coup qu'on s'y attarde tant il est unique. A la base fin et élégant, le trait assez simple de l'auteure joue beaucoup sur les déformations quand il le faut, et sur le noir et blanc ou la couleur selon les situations passées ou présentes, dramatiques ou plus porteuses d'espoir. Les moments les plus durs, comme le viol de l'orphelinat, préfèrent jouer sur ces éléments (dans l'exemple cité, une forte présence du noir et des déformations) plutôt que de représenter franchement la chose. Quant aux textes, ils parviennent joliment à refléter les pensées très variables des différents personnages. Attention, toutefois, à quelques maladresses : la gestion des couleurs paraît parfois bancale, on ne saisit pas toujours pourquoi l'auteure fait tel ou tel choix, et la narration a fortement tendance à passer du coq à l'âne en changeant sa focalisation de personnage sans la moindre transition, ce qui a pour effet de rendre la lecture parfois poussive. Enfin, on pourrait regretter un peu le fait que le récit s'attarde beaucoup plus sur la jumelle muette que sur l'autre, moins mise en avant.

On se retrouve donc ici avec un récit un brin bancal, maladroit, mais résolument unique et intéressant, porteur de belles idées sur la vie, et qui révèle en France une auteure atypique, à suivre. Une oeuvre à tester.

L'édition de Kwari est impeccable : grand format et papier glacé rendant honneur au style de l'auteure, traduction satisfaisante.
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Hallyu
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Re: Ce que j'ai à te dire

Message non lu par Hallyu » 24 juil. 2012, 21:50

J'ai du commander le bouquin pour l’avoir entre les mains.

Déjà je vais parler de l’édition.
Ici, Kwari a encore fait fort, grand format, pages couleur, papier de qualité (mais quelques cases et bulles un peu trop petites) le tout pour moins de 15€. Le mélange couleur/N&B est aussi impressionnant et donne un effet très original au titre (mais ça on ne le doit pas à l’éditeur).
Autre critique, j'ai pas aimé la façon dont l'auteur dessine les cicatrices, au début :/

En ce qui concerne le titre en lui même, j'ai apprécié, vraiment, j'ai eu l'impression de lire un thriller coréen, j'ai trouvé ça très cinématographique. J'ai trouvé la première partie triste, après l'incident et la déchéance de la jeune fille, mais la "suite" avec la fille muette et la jeune fille de l''orphelinat n'est pas en reste.

Dernière chose, je trouve VRAIMENT dommage que le résumé sur le site gâche le plaisir de lecture, car après l'avoir lu, j'ai l'impression qu'il raconte vraiment tout, sans laisser de surprise :(
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