Des BD, j'en lis plein, plein, plein, plus d'une centaine par mois. Et parfois, il y a des titres qui sortent du lot, des titres qui sont pour moi des chefs d’œuvres, peu nombreux au final. Je vais entreprendre d'en parler un peu sur ce forum, à raison d'un toutes les deux semaines, je pense, après faut voir si ça en intéresse.
Et donc pour commencer, l'une de mes dernières grandes découvertes : L'autre fin du monde, D'ibn Al Rabin.
J'ai découvert l'auteur avec Les Miettes, réédité récemment chez Atrabile, avec Frederik Peeters (Connu pour Pilules Bleues, Lupus, ou plus récemment, Aâma) au dessin. J'ai beaucoup aimé cet album, déjà grâce aux dessins de Peeters, et aussi et surtout grâce au talent incroyable de dialoguiste d'Ibn Al Rabin. Je me suis donc penché sur L'autre fin du monde, qui reste sont oeuvre la plus célèbre, publié une première fois en 2007 (toujours chez Atrabile), puis à nouveau en 2012.
De prime abord, ça donne pas forcément très envie, c'est un gros pavé de plus de 1000 pages (qui coûte 36 euros), et graphiquement, c'est comme ça :
Encouragé par mon excellent aperçut des talents de scénariste et de dialoguiste d'Ibn Al Rabin sur Les Miettes, je l'ai quand même commencé, pour finalement le dévorer d'une traite.
Passons sur le contexte de ma lecture, pour en venir au fait, à savoir de quoi ça parle.
On suit un mec (on connaît pas son nom), dont la compagne est morte, et qui lui apparaît sous forme de fantôme (muet). Donc il va voir un médecin, puis un psy, puis le frère du psy s'en mêle, d'autres fantômes font leur apparitions, et très vite, ça devient le boxon.
Et c'est là que le talent de l'auteur intervient. Grâce à sa mise en scène, à ses dessins très schématiques mais malgré tout expressifs, et encore et surtout grâce à la génialitude de ses dialogues, le récit est excellent à tout les niveaux.
Le plus évident, à la lecture, c'est le côté humoristique. C'est vraiment très subtil, très ironique, très naturel aussi, et personnellement, je me suis tapé de vrais gros fou rires sur ce titre. Tout est dans les dialogues, mais aussi dans la gestion des silences, et des nombreuses cases ou personne ne dit rien, à l'effet ravageur. C'est un tout, un rythme à prendre, et je ne pense pas que ça plaise à tout le monde (j'ai des clients qui n'ont pas accrochés). Après, c'est quand même une référence de la BD.
Et il y a également le côté dramatique. C'est peut-être encore plus fort, car malgré ses graphismes super simples, l'auteur parvient, là encore au moyen d'une extrême subtilité au niveau des dialogues et de sa narration ponctuée de silence (c'est à dire avec les même moyens que pour faire rire), à émouvoir le lecteur qui suit cette homme qui tente malgré tout de se reconstruire après la perte de sa compagne. Ça n'est absolument pas larmoyant, c'est juste naturel, et le final est absolument grandiose, très riche en émotion.
Bref, voilà pour les grandes lignes. C'est un investissement, parce que c'est franchement pas donné, mais je pense vraiment que ça les vaut. N'hésitez pas si vous avez des questions