Batman

A réserver aux adeptes des Comics !

Votre film de Batman préféré ?

Batman (1966) de Leslie H. Martinson
1
9%
Batman (1989) de Tim Burton
1
9%
Batman le Défi (Batman Returns) de Tim Burton
2
18%
Batman Forever de Joel Schumacher
0
Aucun vote
Batman & Robin de Joel Schumacher
1
9%
Catwoman de Pitof
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Batman Begins de Christopher Nolan
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9%
The Dark Knight - Le Chevalier Noir de Christopher Nolan
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The Dark Knight Rises de Christopher Nolan
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Glass Heart
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Batman

Message non lu par Glass Heart » 27 nov. 2010, 14:04

Batman

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L’Histoire

Dans la ville de Gotham City, le jeune héritier Bruce Wayne assiste impuissant au meurtre de ses parents. Devenu adulte, et après de longues années d’entraînement, il revient dans sa ville natale pour mener une croisade sans fin contre le crime.

Initialement hors-la-loi, une alliance se forme peu à peu avec le lieutenant James Gordon, flic droit témoin de la corruption de la police et des hommes influents.

De nombreux jeunes, partageant la même douleur et la même soif de justice, le rejoignent dans sa croisade.

Mais l’apparition d’un justicier costumé dans Gotham amène également la criminalité à évoluer et, très vite, la foire aux monstres règne en ville, tandis que la liste des pensionnaires réguliers de l’asile d’Arkham ne cesse de s’allonger.

La croisade arrivera t-elle un jour à son terme ?



Commentaires

Crée en 1939 par Bob Kane et Bill Finger pour DC Comics afin de concurrencer Superman (crée un an auparavant chez le même éditeur), de nombreux auteurs se sont succédés depuis pour raconter les aventures de l’homme chauve-souris durant ses 70 ans d’existence.

A ses débuts, Batman était perçue comme une créature inspirée par l’expressionnisme, une tendance artistique qui exprimait le mal-être et les craintes de l’époque par le biais d’images angoissantes et dont on ressent encore une grande influence chez certains artistes comme Tim Burton (qui réalisa par ailleurs deux films de Batman dont le second, Batman Returns, est un grand hommage à l'expressionnisme allemand).

Faust, une légende allemande (1926) de Friedrich W. Murnau.
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Comparaison Métropolis (1927) de Fritz Lang / Batman Returns (au-delà de l'architecture, le grand bâtiment est aussi présent sur la droite de l'image).
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Comparaison Le Cabinet du Dr Caligari (1919) de Robert Wiene / Batman Returns.
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La première grande période de la série, située durant les années 40 et 50, s’inspirait grandement des films noirs, avec un justicier qui n’est pas sans rappeler Zorro, autre personnage de fiction auquel la naissance de Batman est directement rattachée (le soir du meurtre des Wayne, la famille revenait d'une séance du film "The Mark of Zorro").
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Par la suite, la série tend à se rendre plus soft et humoristique pour s'attirer un lectorat plus jeune et cette tendance s’accentue au fil des années pour culminer dans les années 60 avec la célèbre série télé burlesque menée par le duo composé d’Adam West (Batman) et de Burt Ward (Robin). Série qui donna lieu à un film demeuré mythique pour la scène où Batman court comme un dératé avec une bombe dans les bras sans arriver à s'en débarrasser.
"Some days, you can't just get rid of a bomb !" :lol:

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Durant les années 70 et la première moitié des années 80, le succès commence à s’effriter et, pour renouveler l’intérêt, certains auteurs tentent de faire revenir Batman à ses origines sombres, sans grand succès.
En 1986, Frank Miller publie The Dark Knight Returns, œuvre très sombre et épique qui marque un véritable renouveau pour la série. Cette œuvre met en scène le retour de Bruce Wayne, 55 ans, à sa croisade contre le crime après dix années d’absence, dans une ville sombrant dans la folie.

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Fort de ce succès, DC Comics décide de redéfinir son héros pour l’amener vers une nouvelle ère, tout en renouant avec ses origines sombres et en y introduisant une dimension plus psychanalytique. C’est ainsi que Frank Miller crée Batman : Year One, réinterprétation des origines de Batman et première d’une longue série d’œuvres qui se perpétue encore aujourd’hui.

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Bien entendu, le nombre de versions différentes est tel que plusieurs univers parallèles sont pris en compte et la continuité officielle est en perpétuel changement, un certain événement pouvant remplacer ou bannir une œuvre antérieure de la continuité canonique.


Bibliographie conseillée:

Batman: The Dark Knight Returns (1986) de Frank Miller (scénario et dessins).
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Batman: Year One (1987) de Frank Miller (scénario) et David Mazzucchelli (dessins).
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Batman: The Killing Joke (1988) de Alan Moore (scénario) et Brian Bolland (dessins).
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Batman: Un Deuil dans la Famille (Batman: A Death in the Family) (1988-1989) de Jim Starlin (scénario) et Jim Aparo (dessins).
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Batman: L'Asile d'Arkham (Batman: Arkham Asylum – A Serious Home on Serious Earth –) (1989) de Grant Morrison (scénario) et Dave McKean (dessins).
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Batman: Un Long Halloween (Batman: The Long Halloween) (1996-1997) de Jeph Loeb (scénario) et Tim Sale (dessins).
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Batman: Dark Victory (1999-2000) de Jeph Loeb (scénario) et Tim Sale (dessins).
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Batman: Silence (Batman: Hush) (2002-2003) de Jeph Loeb (scénario) et Jim Lee (dessins).
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Batman: Under the Hood (2005-2006) de Judd Winick (scénario) et Doug Mahnke (dessins).
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Batman & Son (2006-2007) de Grant Morrison (scénario) et Andy Kubert (dessins).
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Batman: L'Île de Monsieur Mayhew (Batman: The Black Glove) (2007-2008) de Grant Morrison (scénario), J.H. Williams III et Tony S. Daniel (dessins).
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Batman R.I.P. (2008) de Grant Morrison (scénario) et Tony S. Daniel (dessins).
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Batman: Battle for the Cowl (2009) de Tony S. Daniel (scénario et dessins).
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Batman & Robin (2009-2010) de Grant Morrison (scénario).
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Batman: The Return of Bruce Wayne (2010) de Grant Morrison (scénario).
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Filmographie conseillée:

Films live:

Batman (1989) de Tim Burton.
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Batman le Défi (Batman Returns) (1992) de Tim Burton.
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Batman Begins (2005) de Christopher Nolan.
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The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan.
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Films d’animation:

Batman contre le Fantôme Masqué (Batman: Mask of the Phantasm) (1993) de Bruce Timm et Eric Radomski.
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Batman & Mr. Freeze: Subzero (1998) de Boyd Kirkland.
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Batman la Relève: Le Retour du Joker (Batman Beyond: Return of the Joker) (2000) de Curt Geda (existe en versions censurée et non-censurée).
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Batman: La Mystérieuse Batwoman (Batman: Mystery of the Batwoman) (2003) de Curt Geda + Court-métrage musical Batman: Chase Me (2003) de Curt Geda.
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Batman contre Dracula (The Batman VS Dracula) (2005) de Michael Goguen.
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Batman: Gotham Knight (2008), oeuvre collective.
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Batman et Red Hood: Sous le Masque Rouge (Batman: Under the Red Hood) (2010) de Brandon Vietti.
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Séries d’animation:

Batman (Batman : The Animated Series et The Adventures of Batman & Robin) (1992-1995), 85 épisodes.
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Batman (The New Batman Adventures) (1997-1999), 24 épisodes.
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Batman la Relève (Batman Beyond) (1999-2001), 52 épisodes.
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Jeux vidéo:

Batman: Arkham Asylum (2009) (X-Box 360, Playstation 3, PC).
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Et pour les amateurs de second degré ou pour les plus jeunes:

Lego Batman (2009) (Wii, X-Box 360, PS3, DS, PSP).
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Modifié en dernier par Glass Heart le 31 oct. 2013, 22:58, modifié 37 fois.

Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 27 nov. 2010, 22:40

Batman: Year One

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Auteur: Frank Miller.
Artiste: David Mazzucchelli.
Année de publication: 1987.
Nombre de pages: 99 pages de bande-dessinée + suppléments.
Statut canonique: oui.



L'Histoire

L'inspecteur James Gordon, 40 ans, arrive à la ville de Gotham City par le train avec sa femme, Barbara, enceinte. Il est muté au commissariat de la ville et redoute d'avoir à élever un enfant dans un environnement aussi malsain.

Bruce Wayne, 25 ans, richissime héritier, revient à Gotham par avion après de très longues années d'absence. Ayant assisté enfant au meurtre de ses parents, le jeune milliardaire a parcouru le monde pendant des années pour s'entraîner aux différents styles de combat. Se sentant suffisamment entraîné, il compte à présent partir en reconnaissance dans les quartiers à problème pour établir la meilleure méthode de s'attaquer au crime organisé.

Tandis que Gordon assiste aux abus de pouvoir de son partenaire Flass et des forces spéciales de Branden et qu'il découvre le copinage du commissaire Loeb avec les familles mafieuses contrôlées par Carmine Falcone et Salvatore Maroni, il trouve cependant un homme n'ayant pas renoncé à lutter contre la corruption: Harvey Dent, l'assistant du procureur de la ville.

Pendant ce temps, suite à ses premiers ratés, Wayne réalise quel élément manque à son arsenal: la faculté d'insuffler la peur dans l'esprit des criminels. Il y a longtemps, une chauve-souris a revendiqué l'existence du jeune Bruce. Il est à présent temps de libérer la bête...

Alors que Gordon s'établit une réputation de héros incorruptible et dérange ses collègues et ses supérieurs, la légende urbaine d'un monstre à forme de chauve-souris s'attaquant aux criminels se répand dans le milieu.

Pour se protéger de ces deux menaces, les criminels et les corrompus ne voient qu'une solution: envoyer Gordon aux trousses du fameux Batman, dans l'espoir qu'ils se détruisent l'un l'autre.

Mais alors que la traque de Batman et l'enquête sur son identité civile monopolisent les efforts de Gordon et de sa nouvelle partenaire, le lieutenant Sarah Essen, un doute s'éveille en Gordon: dans une ville aussi corrompue, est-il légitime de capturer un justicier qui sauve plus de gens que ne le fait la police et qui fait trembler le crime organisé ?



Commentaires

Un an après avoir le coup d'éclat The Dark Knight Returns, Frank Miller s'est porté volontaire pour redéfinir les origines de Batman et le personnage même au lectorat moderne.

Dans The Dark Knight Returns, Miller montrait ce qu'était devenue la ville de Gotham après avoir été abandonnée par Batman et donc la nécessité de son retour.

Dans Batman: Year One, Miller s'inscrit dans une optique similaire en cherchant à présent à montrer pourquoi la ville de Gotham a besoin d'un héros comme Batman et comment ce dernier en est venu à exister tout simplement.


Pour cela, Miller aborde deux points de vue: celui de Gordon, témoin de la corruption de la ville et des effets de l'apparition de Batman, et celui de Batman lui-même, expliquant étape par étape la manière dont Wayne a conçu sa croisade urbaine, tout en montrant également que celle-ci a connu des débuts bien difficiles. Des débuts durant lesquels Batman doit faire ses preuves pour savoir s'il est à la hauteur de la tâche qu'il s'est fixé.

Le récit est mené de main de maître par Miller, ce dernier cherchant à mettre en permanence le lecteur dans la tête de Gordon et de Batman, suivant leurs cheminements psychologiques, partageant leurs doutes et, ultimement, installant la nécessité pour ces deux personnages de dépasser leurs faiblesses pour s'imposer comme les héros infaillibles nécessaires à la ville, avec tout les sacrifices ce que cela implique dans leurs vies respectives (les difficultés conjugales pour Gordon, la superficialité de la vie civile pour Wayne).

Il y a un troisième personnage important: la ville de Gotham elle-même. Elle a plusieurs visages, que ce soit les flics corrompus (Flass, Loeb), les flics droits mais qui ont leur propre forme de corruption (Sarah Essen), les mafieux (Falcone, Maroni), les prostituées (Selina Kyle/Catwoman, Holly) ou les citoyens normaux (Barbara Gordon), tous ressentent les effets néfastes de la ville à leur manière. Certains la véhiculent, d'autres la subissent, voire les deux.

Comme l'indique le titre, l'histoire se déroule sur une année, du 4 Janvier au 3 Décembre, le récit se présentant comme un calendrier, montrant l'évolution de Batman et de Gotham mois après mois.


L'histoire de Year One présente quelques similitudes avec celle de The Dark Knight Returns et en lisant cette dernière après, on peut constater qu'un certain schéma se répète comme si, d'une certaine manière, l'histoire elle-même se répétait (ce qui renforce la puissance évocatrice des deux oeuvres, The Dark Knight Returns étant la "renaissance" de Batman), dans un contexte complètement différent (au delà de ces quelques similitudes, les deux oeuvres ne se ressemblent pas).

Frank Miller était incontestablement un très grand auteur à l'époque (malheureusement il n'a jamais réussi à renouer avec le succès de l'époque, ses deux Batman des années 2000, The Dark Knight Strikes Again et All Star Batman and Robin, étant très vivement critiqués par les fans et la critique professionnelle, et Miller ayant lui-même, il faut bien l'avouer, un peu pété les plombs dans ses histoires dernièrement).
En revanche, ses dessins dans The Dark Knight Returns n'avaient pas vraiment fait l'unanimité, eux.

Pour Year One, Miller a finalement délégué à David Mazzucchelli la responsabilité des dessins et ce dernier a fait un travail magnifique (à noter aussi la qualité du jeu des couleurs). Tout cela fait que Year One est une oeuvre aussi agréable à lire qu'à regarder, faisant honneur à son héros.


Batman: Year One est présenté comme le récit de la naissance de Batman. Mais en fait, c'est surtout le récit de la première année durant laquelle Gotham a commencé à être sauvée par deux hommes dont les routes auraient fort bien pu ne jamais se croiser et dont la rencontre engendrera un miracle.

Le miracle aura à attendre. Il y a bien une évolution importante entre le début et la fin du récit mais, alors que l'on tourne les dernières pages, celui-ci est loin d'être fini. Ce n'est pas une histoire intégrale mais le premier chapitre du combat d'une vie. Aujourd'hui encore, la croisade sans fin continue...


D'une manière plus large, cette première pièce à l'édifice (Batman: Year One est considéré actuellement comme la toute première oeuvre de la continuité canonique) présente une ville gouvernée par le crime où un homme déguisé en chauve-souris fait son entrée pour marquer la différence.

Deux oeuvres ultérieures s'inscriront directement dans cette continuité narrative et thématique: The Long Halloween et Dark Victory qui voient un autre genre de criminalité prendre le relais des mafieux, transformant la ville de Gotham en foire à monstres.

Batman: Year One fait également partie, avec The Long Halloween, The Killing Joke et quelques autres, des oeuvres qui ont inspiré le réalisateur Christopher Nolan pour ses films Batman Begins et The Dark Knight.
Modifié en dernier par Glass Heart le 10 déc. 2010, 13:53, modifié 2 fois.

Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 28 nov. 2010, 01:59

Malgré le fait que ce soit un topic sur les comics, j'aimerais vraiment parler (mais pas en priorité) des films principaux de Batman car non seulement il y a quelques excellents films dans le lot qui valent vraiment le détour (même pour les non-fans), mais aussi parce qu'il est intéressant de voir le parallèle entre les comics et les films, ces derniers abordant chacun une facette de l'oeuvre d'origine (tout comme les films de Christopher Nolan sont une adaptation du Batman moderne, Tim Burton a retrouvé l'esprit des comics d'origine, tandis que le très décrié Joel Schumacher connaissait davantage le Batman parodique des années 60).

C'est d'autant plus intéressant que les films et même la série animée des années 90 ont été influencés par les changements survenus dans l'univers des comics (le retour tout récent à la noirceur et à l'esprit d'origine pour les films de Burton, ou la version moderne et sociale pour les films de Nolan) et, en retour, ils ont considérablement influencés les comics qui, sans eux, ne seraient pas ce qu'ils sont actuellement (par exemple, Harley Queen et la version actuelle de Mr Freeze sont issues de la série animée, ou certaines versions récentes du Joker s'inspirent considérablement du personnage d'Heath Ledger).

L'ayant revu dernièrement, je vais parler de mon film préféré de la saga: Batman le Défi (Batman Returns), le second et dernier Batman de Tim Burton.


Batman le Défi (Batman Returns)

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Année de sortie: 1992.
Durée: 2h01.

Réalisateur: Tim Burton.
Scénaristes: Daniel Waters et Sam Hamm.
Compositeur: Danny Elfman.

Casting: Michael Keaton (Batman / Bruce Wayne), Danny DeVito (Le Pingouin / Oswald Cobblepot), Michelle Pfeiffer (Catwoman / Selina Kyle), Christopher Walken (Max Shreck) et Michael Gough (Alfred Pennyworth).


Bande annonce: http://www.youtube.com/watch?v=5i3pIjg1 ... re=related


L'Histoire

La période de Noël. Le couple Cobblepot, une famille aristocrate, attend la venue au monde de leur enfant. Pour leur plus grand malheur, le nouveau né est difforme. Ne pouvant accepter de dévoiler leur monstre au grand jour, ils décident de le jeter dans une rivière qui communique avec les égouts de Gotham. L'enfant est sauvé, recueilli et élevé par un groupe de pingouins dans la partie des égouts située sous le vieux zoo de Gotham.

33 années passent. La période de Noël. Gotham se prépare à réveillonner. Les journaux parlent d'une légende urbaine, le mystérieux Pingouin des égouts, qui aurait été aperçu récemment.
Le maire et Max Shreck, un puissant industriel, discutent d'un projet urbain. N'arrivant pas à se mettre d'accord, ils se rendent à l'illumination de l'arbre de Noël de Gotham Plaza.
Contre toute attente, la place est attaquée par une troupe de cirque, le gang du Triangle Rouge. Après une longue absence, Batman est appelé à défendre les rues de la ville des clowns et des acrobates qui attaquent les passants.

Durant la pagaille, Max Shreck est kidnappé par le Pingouin, parrain du gang, qui rançonne sa liberté contre son appui pour retrouver les parents qui l'ont abandonné enfant. Voyant là une opportunité de servir ses propres intérêts, Max Shreck écrit et met en scène le retour du Pingouin à la surface, le faisant passer pour un héros et le convaincant de postuler pour la mairie afin de remplacer le maire actuel, lequel fait barrage contre son projet.

Lorsque son assistante, la timide Selina Kyle, découvre ce qui se cache réellement derrière son projet de construction, Shreck tente de la tuer mais Selina est ramenée à la vie par un groupe de chats errants. Mais la personnalité de Selina a considérablement été modifiée par sa résurrection et, devenue instable, elle se crée un costume pour devenir l'être qu'elle est vraiment: une chatte. Après quoi, elle décide de se lancer dans une vendetta contre Shreck.

Alors que le soir du réveillon approche, Gotham City est le théâtre des affrontements de quatre "monstres": le justicier masqué qui porte un costume de chauve-souris (son être véritable), la vengeresse masquée qui porte un costume de chatte (son être véritable à elle aussi), le monstre naturel qui est au fond le plus humain de tous, et l'industriel véreux qui cache sa monstruosité derrière sa réputation de bon samaritain.



Commentaires

Batman Returns est un film très surprenant. On ressent ici beaucoup plus la patte et le génie de Tim Burton que dans le précédent Batman et le film n'a absolument pas vieilli.
Véritable film hommage à l'expressionnisme allemand, on ne compte plus les influences et les allusions (jusqu'au nom de Max Shreck, une allusion à l'acteur allemand Max Schreck qui fut le Nosfératu de Murnau).

Dotée d'une esthétique nocturne superbe, le film est avant tout un magnifique conte de Noël à la manière de Tim Burton. La poésie et la magie sont omniprésentes dans ce film et les gags loufoques pullulent sans jamais nuire à la noirceur du film.

J'ai souvent évoqué précédemment le fait que Gotham devenait une foire à monstres à partir de l'apparition de Batman. Ici, c'est bien le sujet du film: la foire aux monstres. On a quatre monstres, tous différents, et on les voit évoluer tout le long du conte.

Alors que, dans le premier film, Batman et le Joker avaient à peu près le même temps de présence, ici le justicier est assez effacé de l'histoire. Le personnage, incarné par l'excellent Michael Keaton, est ici évanescent, tout comme son existence. Et, plus que jamais, la personnalité de Bruce Wayne est complètement effacée par celle de Batman. Le monstre a totalement pris possession de lui et ses problèmes mentaux vont de pair avec ceux de Selina Kyle, d'où la très forte attirance, à la fois érotique et dérangée.

Catwoman est un personnage sublime. Michelle Pfeiffer l'incarne à la perfection avec des séquences de névroses absolument hallucinantes. Elle véhicule toute la force de l'instabilité mentale et de la violence du personnage, mais aussi de sa grande sensualité.

La force de ces deux personnages culmine lors de la scène du bal masqué lorsque tout deux, sans déguisements, dansent sur la magnifique chanson Face to Face. Ils sont les seuls à ne pas avoir de déguisements, et pourtant ils ont bien obéi à la règle, à leur règle. Ils sont venus costumés, vêtus de leurs masques sociaux de Bruce Wayne et de Selina Kyle, et non de leurs véritables apparences de Batman et de Catwoman.
Un moment intense, plein d'érotisme et d'une grande poésie, où tout deux se dévoilent dans leur véritable nature, totalement instables mais complètement honnêtes avec eux-mêmes, dans un monde qui ne tourne décidément pas rond.

Mais le personnage le plus réussi du film, et ce n'est pourtant pas l'un des plus charismatiques dans les comics, c'est bien le Pingouin incarné magistralement par Danny DeVito (le personnage a clairement inspiré Burton). Il est magnifiquement grotesque, victime de la cruauté du monde, ne réclamant que d'exprimer sa part d'humanité mais ses manières immondes trahissent sans cesse sa véritable nature: malgré tous les efforts qu'il pourra faire, malgré l'image qu'il tente de véhiculer, il est au plus profond de lui et il restera à jamais un monstre. Mais, au delà de l'apparence physique, c'est bien la société qui a fait de lui un monstre. Et c'est sa révolte contre cette injustice qui en fait l'un des ennemis principaux du film.
Impossible de rester indifférent face à son destin, tellement pathétique mais si sublime !

Enfin, Christopher Walken est excellent en Dracula de l'industrie, manipulateur qui provoque malgré lui une bombe à retardement et qui en paiera le prix fort.

Ces quatre personnages, tous vêtus de noir, évoluent dans des environnements gothiques, souvent complètement surréalistes (le vieux zoo de Gotham) et des séquences grandioses et loufoques (le dernier acte du film est d'anthologie !). On trouve ici du très très grand Burton !

La musique de Danny Elfman, déjà excellente sur le premier film, culmine ici. La bande originale du film est tout simplement un chef d'oeuvre et le thème principal mémorable y trouve sa meilleure version.

Que dire si ce n'est que Batman Returns est un pur chef d'oeuvre qui transcende complètement le film précédent (un bon film globalement, mais avec son lot de maladresses et qui a assez mal vieilli) ! Certains trouveront à redire sur le fait que Tim Burton ait adapté l'univers de Batman à son propre univers, ou sur le fait que le film s'intéresse moins à Batman qu'à ses méchants, mais cela ne change rien au génie du réalisateur qui signe là un excellent film et l'un de ses meilleurs.

Nul mieux que Tim Burton n'a réussi à saisir cette folie de l'oeuvre originale, héritée de la tradition de l'expressionnisme, et surtout nul mieux que lui n'a réussi à la retranscrire (et ça s'est également retrouvé sur la suite de sa filmographie).
Loin du réalisme et de l'aspect social des films de Christopher Nolan, assez éloigné aussi de l'ambiance mi-film noir mi-kitsch de son premier Batman, Tim Burton livre ici un magnifique conte de Noël urbain et fantastique où la belle et la bête ne font qu'un et où la folie à l'intérieur de chaque être est ce qui fait sa beauté.

Le film eut aussi une grande influence sur la série animée des années 80 qui l'a suivi peu après. Malheureusement, malgré un bon score en salle (mais pas le grand succès du premier opus), les ventes de jouets furent médiocres (le film n'étant pas vraiment recommandé pour les enfants), menant ainsi au choix d'un autre réalisateur, Joel Schumacher, pour réaliser les deux film suivants, Batman Forever et Batman & Robin (ironiquement, Batman & Robin a, lui, excellé dans les ventes de jouets. Ce sont les ventes en salles qui posèrent un peu plus problème :lol: ).

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Modifié en dernier par Glass Heart le 03 déc. 2010, 14:08, modifié 16 fois.

Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 28 nov. 2010, 18:03

Batman contre le Fantôme Masqué (Batman: Mask of the Phantasm)

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Année de sortie: 1993.
Durée: 1h13.

Réalisateurs: Bruce Timm et Eric Radomski.
Scénaristes: Alan Burnett, Paul Dini, Michael Reaves et Martin Pasko.
Compositrice: Shirley Walker.

Casting VO: Kevin Conroy (Batman / Bruce Wayne), Mark Hamill (Le Joker), Dana Delany (Andrea Beaumont), Stacy Keach (Phantasm, Carl Beaumont), Hart Bochner (Arthur Reeves) et Efrem Zimbalist Jr (Alfred Pennyworth).

Casting VF: Richard Darbois (Batman / Bruce Wayne), Pierre Hatet (Le Joker), Régine Teyssot (Andrea Beaumont), Olivier Proust (Phantasm), Claude Giraud (Carl Beaumont), Pierre-François Pistorio (Arthur Reeves) et Jacques Ciron (Alfred Pennyworth).


Bande-annonce: http://www.youtube.com/watch?v=8Wv2FitL0Aw


L'Histoire

La ville de Gotham est en émoi: le Batman est-il devenu fou ? A t-il franchi la limite entre justicier et meurtrier ? Les barons de la pègre sont assassinés les uns après les autres et le signalement de l'assassin fantomatique correspond à celui de Batman. Le Dark Knight est désormais l'ennemi public numéro 1, traqué par les forces de police.

Pour laver son honneur, Batman enquête sur ces meurtres. Mais il est troublé par la réapparition soudaine d'une figure de son passé: Andrea Beaumont, la seule femme qu'il ait jamais aimé.

Il y a quelques années, alors que le jeune Wayne préparait sa croisade contre le crime, une femme a failli lui offrir une autre voie, celle d'une vie normale aux côtés de la femme qu'il aime, avant de disparaître de sa vie aussi subitement qu'elle y est entrée, brisant son coeur et l'amenant à emprunter pour de bon le chemin qui l'aura fait devenir Batman.

La réapparition de cette femme est-elle le signe d'une deuxième chance pour Bruce Wayne ? Est-ce l'heure pour lui de faire ses adieux à Batman pour vivre enfin le bonheur qu'il n'espérait plus ?

Pendant ce temps, craignant pour sa vie, le baron du crime Salvatore Valestra décide de recourir aux services du seul homme capable de vaincre le Dark Knight: le Joker. Ce dernier commence sa propre enquête.



Commentaires

Mask of the Phantasm est un chef d'oeuvre ! Jamais encore dans une adaptation, le spectateur n'a été à ce point placé dans la tête de l'homme chauve-souris !

Dérivé de la série animée à succès des années 90, le film dévoile les origines du Dark Knight au travers d'une histoire tout simplement grandiose, teintée d'amour, de trahison et de deuil. Alors que sa voie semble déjà toute tracée, Bruce Wayne se voit offrir un choix inattendu, un choix qui déterminera son existence toute entière. Bruce Wayne a t-il encore une chance ou se laissera t-il totalement dominer par Batman jusqu'à la fin de ses jours ?

Les souvenirs de cette époque continuent de hanter Bruce aujourd'hui, d'autant plus depuis le retour de la seule femme qu'il ait jamais aimé, Andrea Beaumont. Il revoit cette occasion manquée et la vie qu'il aurait pu avoir avec elle si tout deux avaient su écouter leurs sentiments en temps et en heure. Et, par leurs retrouvailles inattendues, Bruce et Andrea espèrent pouvoir enfin saisir cette seconde chance qui leur est offerte. Mais la belle cache certains secrets qui pourraient bien tout remettre en question...

Alors que Batman se voit endosser la responsabilité des meurtres commis par un autre, criminel fantomatique et insaisissable, les criminels commencent à paniquer et n'ont d'autre choix que de se tourner vers un être encore plus dangereux. Le Joker de la série est ici toujours aussi magistral, hilarant et effrayant à la fois.

Mask of the Phantasm regroupe à lui seul tout les ingrédients qui ont fait le charme sombre et l'énorme succès de la série animée mais, pour l'occasion, Bruce Timm, Paul Dini et leur équipe ont vu les choses en grand. L'histoire est d'un pessimisme phénoménal, comme si l'optimisme lui-même n'était plus qu'une illusion évanescente, et l'ambiance est tout simplement crépusculaire. L'esthétique nocturne domine tout le film et il ne se passe pas un moment sans qu'on ne commence à entrevoir la fin: la fin de Batman ou celle de Bruce Wayne ?

Cela s'explique aussi probablement par le fait que le film était prévu à l'origine pour être la conclusion de la série animée, le sort final du Joker demeurant ambigu (il est clair qu'il est censé mourir à la fin de l'histoire, mais il réapparait dans la série par la suite comme si rien ne s'était produit) et la scène finale est tout un symbole, le tout accompagné par la splendide bande originale de l'excellente compositrice Shirley Walker qui s'est vraiment surpassée.

Au final, le film interroge l'existence même de Batman. Il montre l'évolution qui a mené le jeune Bruce Wayne à créer cette entité et il nous explique pourquoi, après toutes ces années, Bruce continue d'assumer ce rôle envers et contre tout. Non pas qu'il n'ait pas eu d'autre option, mais il a délibérément choisi de laisser le Batman le dominer complètement, devenir son existence même. Et au final, c'est une histoire épique et grandiose qui nous est ici racontée, celle d'un homme hors du commun qui devient une entité fascinante.

Beaucoup moins connu auprès du grand public que les films live ou que la série animée dont il est lui-même tiré, Mask of the Phantasm est pourtant l'un des meilleurs films jamais crée sur Batman avec les chefs d'oeuvre Batman Returns et The Dark Knight et il a atteint un statut de grand classique auprès des fans de comics (je crois même qu'il est généralement reconnu comme la meilleure adaptation animée d'un comic-book). Un des rares films qui ont vraiment capté toute l'ampleur de l'essence du personnage et de son univers et qui ont su le retranscrire de manière magistrale dans un film tout simplement parfait. Rien ne manque, rien n'est en trop, tout fonctionne.

A noter que l'intrigue du film n'est pas sans rappeler par certains aspects The Long Halloween qui a été crée trois ans plus tard et qui raconte également une enquête de Batman consistant à démasquer un tueur s'attaquant à la pègre.
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Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 01 déc. 2010, 17:03

Batman: The Dark Knight Returns

Image

Auteur: Frank Miller.
Artiste: Frank Miller.
Année de publication: 1986.
Nombre de pages: 192 pages de bande-dessinée + suppléments.
Statut canonique: non.



L'Histoire

Il y eut un temps où la Terre était protégée par des élus dotés de pouvoirs. C'était l'âge d'or. Mais, malgré leurs actions, ces êtres hors du commun étaient craints de la population et des dirigeants qui convoitaient jalousement leurs pouvoirs. Pour protéger ses semblables, Superman s'est soumis à la volonté des dirigeants, devenant l'esclave du président des Etats-Unis et de l'armée. Dégoûtés, certains héros retournent dans leur monde, tandis que d'autres disparaissent. Ceux qui tentent de résister sont incarcérés et les dirigeants tentent de faire oublier leur existence. Et les moindres exploits de Superman, désormais sous couverture du gouvernement des Etats-Unis, passent pour des miracles surnaturels.

Entre tous les héros, s'il y en a un dont la disparition fut la plus mystérieuse, il s'agit bien de Batman. Après dix années d'absence, Gotham l'a presque oublié et ceux qui se souviennent croient désormais qu'il ne s'agissait que d'une légende urbaine destinée à effrayer les criminels.

Abandonnée par le Dark Knight et livrée à elle-même, Gotham est devenue un champ de bataille entre les forces de police, menée par le commissaire James Gordon (70 ans, à un mois de sa retraite), et le gang des Mutants dont les rangs de jeunes délinquants ne cessent de grandir. La crise sociale et politique est au stade critique, les habitants ont peur et se méfient de tout, chaque citoyen devient capable d'un acte de violence pour se protéger, les dirigeants ignorent leurs responsabilités et se renvoient la faute les uns sur les autres sans que personne n'agisse, et la télévision lobotomise l'esprit des spectateurs à grand renfort de débats débiles et de flash-infos basés sur de l'information contrôlée.

Bruce Wayne est le témoin impuissant de cette société sombrant dans la folie. Désormais âgé (55 ans), il s'est complètement retiré dans son manoir austère et son comportement devient de plus en plus suicidaire. Depuis dix ans, suite au meurtre de Jason Todd (le second Robin), il s'est juré de ne plus laisser la bête en lui reprendre le contrôle. Dix ans que la bête se débat pour se libérer de cette prison. Dix ans que l'esprit de Wayne lutte contre sa créature, son esprit faiblissant et son corps étant engourdi par l'âge et par les grands verres d'alcool qu'il prend régulièrement pour empirer son état physique.
Mais, au fond de lui, Wayne sait que cette lutte est vaine et que la chauve-souris vit toujours en lui, aussi longtemps que le souvenir du meurtre de ses parents sera présent dans son âme.

C'est ainsi que, par une nuit d'orage, le Dark Knight marque son retour avec une vigueur et une violence surprenante. La pluie qui dégouline sur son costume est un second baptême, le Batman renaît de nouveau !

La nouvelle de son retour ne tarde pas à être surmédiatisée, tandis que de nombreux débats discutent de la légitimité de son action et de ses méthodes. Symbole de la renaissance de l'espoir pour certains, manifestation des travers de la société pour d'autres, sa présence suffit à terroriser les criminels et à déranger les dirigeants.

Très vite, certains des anciens adversaires de la chauve-souris, restés dans un état semi-léthargique pendant ses dix années d'absence, se manifestent de nouveau, comme si la nature même de Batman était d'attirer les déséquilibrés. Pour Batman comme pour eux, il est temps de régler leurs comptes !

Pourtant, en ces heures troublées, le retour de Batman inspire aussi une certaine jeunesse à reprendre espoir en l'avenir, à se soulever contre la passivité et l'indifférence de la société et à se battre pour construire un avenir meilleur.



Commentaires

Et voilà le gros morceau ! The Dark Knight Returns est l'un des comic-books les plus populaires de tous les temps et, sans nul doute, l'un des plus riches.

Tellement riche en fait qu'il est quasiment impossible de faire une critique vraiment complète d'une oeuvre aussi vaste, abordant quantité de thèmes, et étant à la fois un récit épique, une satire politique et sociale de son époque (la Guerre Froide), et une véritable oeuvre d'anticipation (le problème de la lobotomisation de la société par des émissions de télé débiles, omniprésent dans le récit, est plus que jamais d'actualité).

Mais de toute façon, rien ne remplacera jamais le plaisir de découvrir une oeuvre par sa lecture. Je vais donc essayer avant tout de présenter l'oeuvre et ses enjeux sans trop rentrer dans le détail (autrement, ce sont les spoilers assurés).


Le coeur de l'oeuvre est bien sûr le retour de Batman, et surtout la manière dont celui-ci gagne en ampleur au fur et à mesure de ses accomplissements pour apparaître comme une sorte de prophète moderne.

On retrouve ainsi Bruce Wayne qui n'est plus que l'ombre de lui-même. Il tente désespérément de lutter contre son âme de Batman, buvant verres d'alcool sur verres d'alcool pour se saborder, mais il est on ne peut plus clair qu'il ne tiendra pas et que le retour de Batman est imminent. On assiste ainsi aux dernières heures de la vie de Bruce Wayne avant que la créature ne reprenne intégralement et définitivement possession de lui.

Lorsque Batman revient sur le devant de la scène, il est dans une forme surprenante. On sent vraiment que le personnage n'était plus vraiment lui-même jusqu'à maintenant et qu'en redevenant Batman il retrouve sa vraie peau, même si l'âge rend les choses un peu plus compliquées (mais loin d'être insurmontables).

Mais les choses ont changé en dix ans et son retour ne sera pas des plus simples: le départ de James Gordon et son remplacement par un commissaire beaucoup moins conciliant vont lui compliquer la tâche, et les habitants de Gotham ne sont pas forcément prêt à accepter de nouveau la présence d'un justicier hors-la-loi dans leur ville.

Ainsi, le récit est entrecoupé de nombreuses émissions de télé, à la manière du film Robocop, qui montrent le regard de la société sur la croisade de Batman à travers émissions de débat et journaux télévisés. Et autant le dire, Miller s'est fait plaisir en présentant une critique acide de la société américaine de l'époque.
L'ironie est omniprésente, les citoyens sont complètement endoctrinés par des émissions de télé débiles et des présentateurs souvent tout aussi idiots, les dirigeants sont des incapables...

Beaucoup de débats ont lieu sur la légitimité de la croisade de Batman et sur ses méthodes. Si une minorité voit en Batman un exemple à suivre pour encourager la société à sortir de sa léthargie et faire face aux véritables problèmes qui la rongent, l'endoctrinement et la paresse sont tels que la plupart condamnent Batman pour des raisons complètement absurdes... qui sont en revanche appuyés par des arguments qui, eux, tiennent la route (par exemple, que Batman mette des mineurs, comme ses Robin successifs, en danger au nom de sa croisade complètement folle).

Miller montre ainsi que, si effectivement Batman est loin d'être un saint, les raisons pour lesquelles il est condamné par la société ne sont pas les bonnes et que les travers de société relèvent bien de la société elle-même, malgré ses tentatives pour faire de Batman un bouc-émissaire idéal, sorte de martyr christique des temps modernes.


Les enjeux du récit sont ainsi placés, voyons à présent comment Miller dépeint son dernier acte de cette croisade d'une vie.

On connait généralement de Batman l'image d'un justicier costumé et, pour les lecteurs de comics, d'un détective. L'approche de Miller est un peu différente: son Batman est présenté comme un soldat qui lutte seul au nom de ses idéaux... ou presque seul.

En effet, très vite, un nouveau Robin se joint à lui, une jeune adolescente du nom de Carrie Kelley (13 ans). Ayant grandi dans ce monde de violence et de chaos, Carrie voit en Batman un modèle d'espoir et très vite le courant passe entre le vieux Wayne et la jeune fille, au grand dam d'Alfred qui tente de dissuader son maître en lui rappelant que sa croisade a coûté la vie à Jason Todd (le second Robin).

Batman et Robin ressuscités se retrouvent de nouveau confrontés à quelques membres éminents de la Rogue Gallery fraichement évadés d'Arkham après 10 ans d'incarcération. Miller a choisi avec intelligence ses méchants et, au lieu d'énièmes affrontements, ce sont bien des conclusions aux arcs de ces personnages qu'il propose, des conclusions par ailleurs très sombres dans un monde qui nage en plein pessimisme.

L'autre gros morceau, c'est bien sûr le gang des Mutants et là on a le droit à des séquences d'anthologie absolument grandioses et épiques. Ces séquences sont d'une brutalité incroyable, on ne voit plus les personnages mais deux forces de la nature, le Dark Knight et un adversaire titanesque. Je ne spoilerais pas les enjeux de cet affrontement, mais ça aura des répercussions importantes sur la suite de l'histoire qui servent pleinement les thématiques de l'oeuvre.

Enfin, le dernier chapitre est l'affrontement symbolique tant attendu entre le Dark Knight ressuscité, résistant ultime, et le Pétain des super-héros qui a vendu les siens à la nation. Alors qu'ils auraient pu créer ensemble un monde de paix, ils ont échoué et les choix de vie différents qu'ils ont emprunté depuis les ont ultimement mené à cet affrontement fatidique. C'est l'heure pour le Dark Knight de faire ses preuves et de créer sa dernière légende.


Vous l'aurez compris, The Dark Knight Returns est une oeuvre magistrale et d'un souffle épique intense. Batman est élevé au rang de mythe et de sauveur d'une société ayant sombré dans la folie.

Certains choix de Miller sont certes discutables, mais son propos et ses idées toujours intéressants. Un chef d'oeuvre tout simplement !


Toutefois, alors que l'histoire est de toute première classe, Miller a malheureusement aussi assuré les dessins et autant dire que ce n'est pas très beau. Ca a un certain style et ça colle complètement à l'ambiance du titre, mais c'est tellement... spécial que ça rend parfois la lecture compliquée, cassant ainsi la fluidité (surtout lorsqu'il colle 16 cases en une page).

Malgré ce désagrément, il n'empêche que c'est clairement une oeuvre à lire pour les fans de comics (et encore plus aux fans de Batman), mais là encore, si vous n'avez encore jamais lu de comics de Batman, ne commencez pas par celui-là. Il faut être préalablement imprégné de l'univers pour adhérer à l'histoire de Miller et comprendre la véritable portée de son oeuvre.


The Dark Knight Returns a fait date dans le monde des comic-books (dont il reste l'une des oeuvres les plus appréciées) et est certainement la meilleure oeuvre sur Batman jamais crée. C'est aussi l'une des oeuvres les plus abouties de Frank Miller, également auteur du très bon Batman: Year One qui a redéfini les origines du héros pour inaugurer sa réinterprétation moderne.

Toute la grandeur, tout le prestige du Dark Knight atteint ici son apogée ! Et cette ultime croisade est un plaisir de tous les instants, pourvu qu'on ne se laisse pas rebuter par le style graphique très personnel de Miller.



A noter aussi que Frank Miller était également revenu à l'univers de Batman dans les années 2000 au travers de trois oeuvres, mais le succès critique n'était plus au rendez-vous (aussi bien chez les fans que chez les critiques professionnelles):

-The Dark Knight Strikes Again: suite de The Dark Knight Returns. L'histoire raconte en fait la révolution des super-héros, supervisés par Batman, contre le gouvernement oppresseur de The Dark Knight Returns.
Oeuvre très critiquée pour son graphisme brouillon (bon, ça c'est pas nouveau !), pour son idéologie douteuse (Miller y laissait apparemment libre cours à son anti-sémitisme et à ses idées à la limite du fachisme) et pour le temps de présence limité de Batman alors qu'il est censé être la star (au point que ça ressemblerait plus à une histoire de la Justice League qu'à une histoire de Batman).

-All Star Batman & Robin: une réinterprétation bad-ass des origines de Robin (du premier Robin, Dick Grayson).
Oeuvre très critiquée pour l'humour de très mauvais goût de Miller (à la limite de l'auto-caricature) et pour faire de Batman un psychopathe doublé d'un bourreau d'enfant (il tue les criminels, il bat violemment Robin, il le force à bouffer les rats de la cave pour se nourrir...).
Mise en suspens depuis deux ans, la série reprendra finalement en Février prochain sous le titre Dark Knight: Boy Wonder.

-Un cross-over Batman/Spawn sans aucun intérêt (je précise que, si je l'inclue dans les Batman des années 2000, ce one-shot date en réalité de 1994).

A noter aussi que, officiellement, toutes les oeuvres Batman écrites par Frank Miller se déroulent dans un même univers parallèle (à l'exception de Year One qui co-existe à la fois dans la continuité officielle actuelle et dans l'univers Batman de Miller).

Mais dans les faits, beaucoup de fans retiennent juste The Dark Knight Returns et Batman: Year One, les seuls vraiment dignes d'intérêt (par soucis d'honnêteté, je précise que je n'ai pas lu les autres, mais c'est ce qui ressort de près de 95% des retours que j'en ai eu).
Modifié en dernier par Glass Heart le 03 déc. 2010, 22:08, modifié 1 fois.

Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 02 déc. 2010, 18:21

Batman

Image

Année de sortie: 1989.
Durée: 2h01.

Réalisateur: Tim Burton.
Scénaristes: Sam Hamm et Warren Skaaren.
Compositeur: Danny Elfman.

Casting: Jack Nicholson (Le Joker / Jack Napier), Michael Keaton (Batman / Bruce Wayne), Kim Basinger (Vicky Vale), Michael Gough (Alfred Pennyworth), Robert Wuhl (Alexander Knox), Pat Hingle (James Gordon), Billy Dee Williams (Harvey Dent) et Jack Palance (Carl Grissom).


Bande-annonce (très mauvaise): http://www.youtube.com/watch?v=HlsM2_8u ... re=related


L'Histoire

Gotham City, une ville gouvernée par le crime et la corruption. A l'aube du festival des 200 ans de la ville, son maire, le commissaire James Gordon et le procureur général Harvey Dent, fraichement élu, se lance dans une croisade contre le syndicat du crime organisé dirigé d'une main de fer par Carl Grissom.

Grissom, craignant d'être au bord du gouffre, envoie son principal homme de main, Jack Napier, supprimer des documents compromettants dans l'usine chimique d'Axis Chemicals, principale source de pollution de la ville. En réalité, Grissom espère en profiter pour faire abattre Napier en flagrant délit par des flics corrompus, ce dernier étant l'amant de sa femme.

Récemment, dans la ville de Gotham, une légende urbaine commence à se faire connaître: une créature monstrueuse à forme de chauve-souris qui attaque les criminels et les entraîne à leur mort. Ni les flics, ni les criminels ne croient vraiment à cette histoire jusqu'à ce qu'elle leur tombe dessus.

C'est ce qui arrive à Napier lorsque le Batman se manifeste à l'usine, l'entraînant accidentellement dans une cuve d'acide. Ainsi périt Jack Napier, tandis qu'un être monstrueux fait sa soudaine apparition.

Pendant ce temps, les reporters Vicky Vale et Alexander Knox enquêtent sur la créature à forme de chauve-souris, malgré le scepticisme de leurs collègues. Vicky Vale entame également une liaison avec le mystérieux milliardaire Bruce Wayne.



Commentaires

Difficile de juger le premier film Batman. Alors que Batman Returns est un chef d'oeuvre, le premier opus de Tim Burton est loin d'être son meilleur film tout en étant assez bon.

Tout jeune réalisateur, principalement connu pour son hilarant Beetlejuice avec là aussi Michael Keaton dans le rôle-titre, Tim Burton semble avoir été complètement dépassé par l'aspect commercial du film qu'il n'aime d'ailleurs pas beaucoup de son propre aveu.

Loin d'avoir sa patte esthétique comme Batman Returns (le "vrai" Batman de Burton !), le premier Batman est marqué par une réalisation assez impersonnelle et commence comme un film noir avant de sombrer dans un festival de kitsch (les délires visuels kitschs, principalement portés par le personnage du Joker, sont les seuls moments où on reconnaît vraiment le génie et la patte de Burton).

A noter aussi l'intrusion de chansons de Prince dans le film. Je dis "intrusion" parce qu'elles ne collent pas du tout à l'univers et sont en plus très mal utilisées. Elles ne servent vraiment à rien et on sent qu'elles ont été imposées à Burton en dépit du bon sens.

Heureusement, l'aspect musical du film est intégralement sauvé par l'excellente partition du très grand Danny Elfman, à commencer par le thème principal qui est devenu une véritable anthologie du cinéma.


L'histoire du film se centre principalement sur la confrontation entre Batman et le Joker. D'un côté, nous avons Jack Nicholson qui en fait des tonnes et des tonnes, de l'autre nous avons Michael Keaton, beaucoup plus subtil, qui est davantage en retrait de l'histoire, tout comme son personnage.

En effet, dans ce premier film, Batman est une légende urbaine, une rumeur, presque invisible, et Keaton le joue comme un être effacé. A l'inverse, le Joker est un homme de scène et il se met beaucoup plus en avant et, à ce niveau, Nicholson s'en est vraiment donné à coeur-joie. Il est aussi évident que Burton s'est montré beaucoup plus inspiré par le Joker que par Batman, bien que les deux partagent à peu près le même temps de présence dans le film.

Au final, moins qu'un film sur Batman, c'est un festival sur le personnage du Joker, à la base un criminel froid et sadique qui revient métamorphosé et transforme un film noir en maison de cirque (avec des gags d'humour noir kitsch inhérents au cinéma de Burton).

Le personnage de Vicky Vale, photo-reporter qui tombe amoureuse de Bruce Wayne, est clairement le personnage auquel le spectateur est amené à s'identifier. Elle enquête aussi bien sur Batman que sur le mystérieux Wayne, découvrant ainsi les deux facettes du personnages.
Le problème est que Vicky est un personnage totalement inintéressant, sa relation avec Bruce est sans saveur (alors que celle entre Batman et Catwoman dans le second film est du caviar), et Kim Basinger est complètement fade.

S'il est intéressant de découvrir peu à peu le passé de Bruce Wayne, l'absence totale de charisme de Vicky Vale nuit totalement à ces scènes, heureusement sauvées par la forte présence de Michael Keaton (y compris dans les scènes où il n'apparait pas physiquement).

A ce sujet, il est intéressant de noter que la meilleure scène du film, celle où Wayne/Keaton revisite en songe/flash-back la scène du meurtre de ses parents, est tout simplement magistrale... jusqu'à ce que Basinger fasse son apparition et qu'elle ne massacre complètement le reste de la scène.

Esthétiquement, le film a pris un très gros coup de vieux. Les décors font décors en carton peints, les gadgets font vraiment gadgets, et le costume de Batman fait kitsch sur certains plans (on a plus envie de mourir de rire qu'autre chose quand Batman déploie ses ailes pour terroriser ses ennemis, sorte d'hommage à l'expressionnisme allemand qui a perdu tout son impact aujourd'hui). Les effets spéciaux sont également beaucoup moins impressionnants qu'à l'époque.
Là encore, tout ces défauts qui font tâche ne sont pas du tout présents dans le film suivant qui, lui, n'a pas pris une ride.


Au final, si le film demeure sympa, il est loin d'être parfait et on sent que Tim Burton n'a pas su gérer l'aspect commercial. Son univers reconnaissable entre mille s'est pas mal perdu en chemin et il en ressort un bon Batman au style malheureusement assez impersonnel.

Certains ont critiqué la noirceur du film, cela s'expliquant par le fait que le film survenait à une période où Batman commençait à renouer avec ses origines sombres après des années d'un personnage comique, limite parodique. Alors que les fans espéraient un retour à la noirceur (au point d'être initialement inquiets par le choix de Michael Keaton, catalogué à l'époque comme acteur de comédie, pour Batman), certains s'attendaient probablement plus à un film dans la veine de la série télé kitsch des années 60 pour être finalement surpris par le ton du film.

Malgré tout, le film a remporté un succès commercial énorme et a déclenché une vague de Batmania à la fin des années 80.

Peu satisfait de ce premier film, Tim Burton n'accepta d'en faire un second que s'il a carte blanche, une liberté créative totale. Il en est ressorti le chef d'oeuvre Batman Returns (dont j'ai fait la présentation plus haut pour ceux que ça intéresserait), l'un des meilleurs films de Burton, qui surprit le public à l'époque (film peu recommandé aux enfants malgré une licence populaire, univers de Burton trop révolutionnaire pour un public pas encore habitué à son style) mais qui est passé depuis à la postérité comme une oeuvre visionnaire et un film culte.

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Modifié en dernier par Glass Heart le 30 déc. 2010, 16:01, modifié 1 fois.

Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 04 déc. 2010, 00:26

Batman Forever

Image

Année de sortie: 1995.
Durée: 1h56.

Réalisateur: Joel Schumacher.
Scénaristes: Lee Batchler, Janet Scott Batchler et Akiva Goldsman.
Compositeur: Elliot Goldenthal.

Casting: Val Kilmer (Batman / Bruce Wayne), Tommy Lee Jones (Double-Face), Jim Carrey (L'Homme Mystère / Edward Nygma), Nicole Kidman (Dr. Chase Meridian), Chris O'Donnell (Robin / Richard "Dick" Grayson) et Michael Gough (Alfred Pennyworth).


Bande-annonce: http://www.youtube.com/watch?v=xu6xLaLG ... re=related


L'Histoire

Gotham City est la cible des attaques d'un duo démoniaque composé de Double-Face, autrefois le procureur général Harvey Dent, et de l'Homme Mystère, un inventeur de génie qui a un compte personnel à régler avec Bruce Wayne.

Perpétuellement harcelé par des lettres d'énigmes, Wayne demande conseil au Dr. Chase Meridian, une psychiatre fascinée par Batman. Celle-ci, voyant les ténèbres qui habitent son âme, s'intéresse vite au cas du mystérieux milliardaire, tombant sous son charme ténébreux. Wayne se retrouve ainsi au centre d'un étrange triangle amoureux pour le coeur de la belle femme où il n'est autre que son propre rival.
La présence réconfortante de Chase lui permet de faire face progressivement à la crise d'hallucinations qui le touche dernièrement, l'esprit de Wayne étant hanté jour et nuit par des souvenirs qu'il a longtemps refoulé dans les méandres de son esprit et qui refont violemment surface pour lui révéler quelque chose. Quel pêché a t-il donc commis autrefois pour s'être senti responsable de la mort de ses parents et avoir enfilé le masque de Batman ?

Lorsque Double-Face assassine les Flying Grayson, une famille de trapézistes, lors de l'attaque d'un spectacle de charité, leur fils cadet Richard Grayson, seul survivant, jure de les venger. Recueilli par Bruce Wayne, Dick découvre vite que son bienfaiteur est le fameux Batman et tente par tous les moyens de s'imposer comme son partenaire, manière la plus directe de retrouver Double-Face pour le tuer. Voyant en Grayson le propre reflet de sa propre jeunesse, Wayne refuse de l'aider.



Commentaires

Après l'échec commercial relatif de Batman Returns (succès correct au box-office, échec total dans les ventes de produits dérivés), film auteurisé, les producteurs choisirent Joel Schumacher pour faire un film qui soit avant tout un divertissement familial avec des séquences d'action à grand spectacle. De ce côté, c'est réussi, mais les fans purs et durs ont malgré tout vraiment de quoi se plaindre.

Autant le dire tout de suite, si on se rappelle surtout de l'ère Joel Schumacher pour le super-nanar Batman & Robin, Batman Forever n'est pas vraiment un mauvais film, mais assurément pas non plus un bon film. En fait, il ne cesse d'osciller entre le bon (voire le très bon) et le mauvais, au point de devenir vraiment indigeste.


Les points intéressants d'abord. Le film est marqué par une approche plus psychologique et plus humaine du personnage de Wayne, loin du "monstre" des films de Burton. Ici, Batman n'est pas fou mais est clairement troublé, perpétuellement hanté par des scènes de son passé. Plusieurs flash-back parsèment le film et ces moments intimistes, réunissant souvent Bruce et Chase, sont la grande réussite du film, bien écrits, superbement filmés et dotés d'une magnifique esthétique sombre et austère (qui contraste radicalement avec l'esthétique colorée et loufoque de l'autre moitié du film). Ca ne va pas non plus très loin, le film restant avant tout un film de divertissement et non un film cérébral, mais ces scènes (qui en représentent près de la moitié) le sauvent clairement du néant dans lequel s'est engouffré plus tard Batman & Robin.

Val Kilmer livre une composition satisfaisante du rôle de Wayne. Si on le compare à Michael Keaton et Christian Bale, charismatiques et littéralement possédés, Kilmer parait certainement un peu fade à côté, mais il a su bien centrer sa prestation sur la direction psychologique du film, avec un Wayne dans le doute, distant. Le problème étant que son Batman, en revanche, fait un peu trop propre sur lui, loin de la brutalité (voire du sadisme) et des névroses que les fans connaissent au personnage. Ainsi, contrairement aux Batman de Keaton et de Bale, avec Kilmer on a moins l'impression de voir Batman que de voir Bruce Wayne en costume.

Nicole Kidman, quant à elle, crève littéralement l'écran. Elle est très nettement la meilleure actrice du film (et le meilleur rôle féminin dans un film de Batman, après la Catwoman de Michelle Pfeiffer) et porte son personnage glamour avec un érotisme sulfureux et une très bonne composition de la psy elle-même un peu désorientée dans sa vie.


Parmi les autres points positifs, on peut relever l'excellente bande originale d'Elliot Goldenthal, même si moins marquante que celle de Danny Elfman ou que celle du duo Hans Zimmer / James Newton Howard. Il a réussi à créer un thème principal entraînant et épique, ainsi que d'excellents thèmes centrés sur "la femme fatale" ou sur les scènes intimistes. Seul bémol: ses musiques pour les scènes d'action sont agaçantes à la longue (à l'image de ces scènes).

L'acteur Chris O'Donnell livre également une bonne prestation dans le rôle de Robin, arrivant à créer quelque chose malgré un rôle mal écrit et des dialogues très mauvais. Il met de la conviction dans son rôle et c'est ce qui fait toute la différence entre sa prestation dans Batman Forever et celle dans Batman & Robin.

Quand à Michael Gough, s'il apparait assez peu, il est malgré tout très bon comme d'habitude (même dans Batman & Robin, il est toujours aussi convaincant, le seul acteur du film à l'être d'ailleurs).

Enfin, les designs des costumes, des accessoires et des véhicules sont de manière générale réussis. On sent clairement la dimension commerciale à peine cachée derrière (sûr qu'il y a de quoi vendre des figurines et des jouets aux enfants là dessus) mais ça reste fidèle à l'univers de Batman et ils ne dérangent aucunement (à l'exception toutefois du costume final de Batman, sorti d'on ne sait où pour vendre une figurine en plus, et du costume à paillettes argentées de l'Homme Mystère à la fin). Dommage qu'on ne puisse pas en dire autant du film suivant !


Passons maintenant aux points négatifs. En bref, c'est tout le reste, l'autre moitié du film !

Tout d'abord le parti-pris esthétique de très mauvais goût d'une Gotham haute en couleurs, en contraste total avec l'univers noir, gothique et glauque des films de Tim Burton. Les projecteurs de couleurs, les filtres colorés et les maquillages et costumes flashy se succèdent pendant près de 2h, principalement durant les scènes avec les méchants et durant les scènes d'action, et ça donnerait presque mal à la tête.

Les dialogues sont de qualité variable. Certains sont intéressants et plutôt bien écrits, d'autres frisent leur lot de répliques kitschs (Batman & Robin commence à se profiler).

Les méchants sont tout simplement grotesques. Que ce soit Tommy Lee Jones ou Jim Carrey, ils ne ressemblent en rien aux personnages qu'ils sont censés incarner, tombant en plein dans la caricature des vilains bêtes et méchants pour le plaisir de l'être, et leurs prestations sont entièrement basées sur le surjeu (même Jack Nicholson contrôlait mieux sa prestation dans le premier film).
Ainsi, on n'a pas l'impression de voir l'Homme Mystère mais le même Jim Carrey que dans Ace Ventura ou The Mask. Et Tommy Lee Jones est complètement passé à côté de son personnage, se tapant des éclats de rire incessants tout le long du film (Double-Face rit maintenant ?). Ils ne sont pas les seuls du casting à surjouer cela dit (mais les autres sont des rôles secondaires).
Même au niveau des costumes et du maquillage, on pourrait presque les appeler "guignol vert" et "chewing gum violet". Il est clair que, là aussi, le film a tenté de suivre une approche "tout public" avec des apparences pas réalistes pour un sou. Et quand je dis "pas réalistes", j'entends par là "kitschs et grand guignolesques".
Le choix de ces méchants pose aussi réflexion. Double-Face est censé incarner la dualité et l'Homme Mystère l'énigme, deux thèmes qui collent au personnage de Batman et qui auraient pu être intéressants à aborder. Mais dans les faits, il n'en est rien. La vraie raison de la présence de ces méchants est certainement leur popularité, là où n'importe quels autres auraient pu faire l'affaire.
Au final, les méchants semblent tout droits tirés de la série télé live des années 60, fun et kitsch à souhait, dont Schumacher est fan et dont il se revendique d'ailleurs pour la direction artistique de Batman & Robin.


L'histoire de vengeance concernant le personnage de Robin n'est guère plus inspirée, très convenue, mais Chris O'Donnell réussit à sauver en partie ces scènes.

Quant aux séquences d'action... Alors là, c'est certainement le plus gros point noir du film. Elles sont tout simplement grand guignolesques, on dirait un mauvais jeu vidéo.
Pour ne pas être injuste, Schumacher est un très bon réalisateur de manière générale et même sur ses Batman on sent qu'il est compétent. Techniquement, ces scènes sont irréprochables. Non, ce qui pose problème ce sont encore une fois ces foutus choix esthétiques colorés et ce too much permanent (qui donne vraiment des airs de cartoon) qui rendent ces scènes ridicules, tout en assurant malgré tout niveau grand spectacle.


Au final, on a un film complètement OVNI qui oscille en permanence entre le bon et le mauvais, entre la dimension intimiste et psychologique et des scènes grands guignolesques, entre des héros intéressants et des méchants caricaturaux, entre l'esthétique sombre et austère des scènes centrées sur Bruce Wayne et l'esthétique colorée (souvent même flashy) des scènes mettant Batman en action contre ses ennemis et des scènes tournant autour de ces derniers.

Alors qu'en penser au final ? C'est là que c'est dur car les fans de Batman risquent fort de crier à la trahison, alors qu'un public plus néophyte y verra sans doute un bon divertissement et que les enfants, eux, ont de bonnes chances d'adorer.
Et le film n'est pas inintéressant, il a ses moments, mais il se perd lui-même entre ses bons aspects et ses choix artistiques douteux qui plombent le reste. D'une scène à l'autre, l'impression varie souvent. Au final, on ne sait pas trop sur quel pied danser.

Le constat le plus simple serait de conclure en disant que Batman Forever n'est pas vraiment un bon Batman ou un bon film, mais qu'il assure de manière convenable sa fonction de divertissement familial à grand spectacle. C'était un peu ce que les producteurs demandaient à la base et c'est tout ce que Schumacher leur a livré ultimement (alors que paradoxalement, ce sont les scènes intimistes qui sont les plus réussies dans ce film :lol: ).

A noter que le succès en salle et en ventes de jouets du film a permis la mise en chantier d'une suite beaucoup plus tristement célèbre, Batman & Robin. Cette fois au moins, le constat est sans appel (le film a tué la franchise pendant près d'une décennie), mais la dimension second degré sauve presque totalement cet immense nanar de l'indifférence générale et lui a quasiment conféré un statut d'oeuvre culte chez les amateurs (de second degré, j'entends).

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Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 09 déc. 2010, 19:25

Tant que j'y suis, pour terminer avec la quadrilogie des années 90, le dernier film de cette ère: Batman & Robin.


Batman & Robin

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Année de sortie: 1997.
Durée: 1h59.

Réalisateur: Joel Schumacher.
Scénariste: Akiva Goldsman.
Compositeur: Elliot Goldenthal.

Casting: Arnold Schwarzenegger (Mr. Freeze), George Clooney (Batman / Bruce Wayne), Chris O'Donnell (Robin / Richard "Dick" Grayson), Uma Thurman (Poison Ivy / Dr. Pamela Isley), Alicia Silverstone (Batgirl / Barbara Wilson), Michael Gough (Alfred Pennyworth), Jeep Swenson (Bane) et Elle Macpherson (Julie Madison).


Bande-annonce: http://www.youtube.com/watch?v=ORAGHEV8 ... re=related


L'Histoire

Batman et Robin doivent arrêter le criminel Mr. Freeze, un mutant glacial qui pille les diamants les plus purs du monde pour alimenter sa combinaison de survie et pour trouver un remède à la maladie mortelle de sa femme. Mais, à cause d'une crise de confiance dans le Dynamic Duo, Freeze leur échappe.

Poison Ivy, une militante écologiste extrémiste nouvellement arrivée à Gotham, tombe sous le charme de Freeze et décide de l'aider dans sa volonté d'amener un nouvel Âge de Glace, auquel succédera son propre Eden, la renaissance de Mère Nature. Grâce à sa poudre d'amour, elle fait perdre la tête à Batman et Robin qui se battent l'un contre l'autre pour elle.

Egalement nouvellement arrivée à Gotham, Barbara Wilson, la nièce orpheline d'Alfred Pennyworth, s'installe au Manoir des Wayne pour veiller sur son oncle, mourant.



Commentaires

Batman & Robin est souvent considéré comme le plus mauvais film de super-héros de tous les temps (peu de personnes ayant vu Superman 4). Et sans surprise, le film est bien une immonde bouse.

Le film commence par l'armement de Batman et Robin en vue d'une nouvelle nuit de croisade contre le crime. Batman se prépare à monter dans sa Batmobile. Robin lance la première réplique du film:

"-J' veux une bagnole ! Les filles en sont dingues !
-C'est pour ça que Superman bosse seul !"


Le ton est donné: le film est tout simplement con.


Pourtant le casting est des plus alléchants, même à l'époque (et encore davantage aujourd'hui): la légende Arnold "Terminator" Schwarzenegger, George Clooney la star d'Urgences, Chris O'Donnell qui reprend son rôle du film précédent et Uma Thurman de Pulp Fiction et de Bienvenue à Gattaca. Tous ont prouvé, avant Batman & Robin et surtout après, qu'ils étaient d'excellents acteurs (j'émets en revanche davantage de réserves sur Alicia Silverstone).
Malheureusement, tous jouent affreusement mal dans ce film, aucun d'eux n'y croit vraiment et il n'y a donc aucune conviction (à part peut-être pour Thurman) dans leurs jeux plats ou totalement surjoués.

Contrairement à Batman Forever qui racontait l'histoire d'un homme hanté par les fantômes de son passé qui finit par leur faire face pour sauver l'âme d'un autre jeune orphelin, Batman & Robin n'a pas d'histoire à proprement parler. Il y a bien quelques semblants d'intrigues ça et là, mais rien n'est vraiment développé et ça sert au final plus de prétexte aux scènes d'action qu'autre chose. Et quand un film n'a pas vraiment d'histoire, il y a de quoi redouter le pire.

La première chose qui cloche, c'est que Batman et Robin, les personnages éponymes, n'ont pas de réelle implication dans l'histoire, si ce n'est se disputer à longueur de temps. Freeze serait davantage le "protagoniste" s'il n'était pas aussi ridicule, et Batgirl est beaucoup trop reléguée au second plan bien que son implication personnelle est bien grande que celle des deux héros éponymes. Du coup, à quel personnage s'attacher ?

Disons le simplement, Batman sans sa noirceur et ses névroses n'est plus vraiment Batman. Michael Keaton, Christian Bale et même Val Kilmer l'avaient bien compris et c'est pour ça qu'ils étaient convaincants.
Mais le Batman de George Clooney est différent. C'est juste un justicier qui tape sur les vilains, rien de plus. En cela il se rapproche beaucoup du Batman autrefois incarné par Adam West dans la série et le film des années 60, et il est au final très fade, très kitsch. On ne voit ni Batman ni Bruce Wayne, on ne voit que George Clooney et son image qui est à des années-lumière de l'esprit du personnage.

[Batman, perspicace]
"Pourquoi toutes les jolies filles sont des tueuses paranoïaques ? A cause de moi ?"

[Lors d'une vente aux enchères pour une soirée en compagnie de Poison Ivy, Batman et Robin se disputent pour la énième fois]
"-Et moi, un million de dollars !
-Deux millions !
-Tu ne les as pas ! Trois millions !
-Eh bien tu me les prêteras ! Quatre millions !
-Cinq millions !
-C'est un collant que tu portes là, pas un bas de laine ! Six millions !
-Alors sept millions !" [Il sort une carte de crédit à l'effigie de Batman Forever] "Je ne m'envole jamais sans elle !"


Robin est réduit au rôle du side-kick qui en a marre de vivre dans l'ombre de Batman et qui en a assez du manque de confiance que ce dernier démontre à son égard. Il est impulsif, arrogant, une parfaite tête à claques.
Chris O'Donnell avait sauvé son personnage dans Batman Forever parce qu'il y mettait talent et conviction. Là, il n'y croit pas un seul instant (avouant lui-même avoir l'impression de tourner une immense pub pour des jouets) et son jeu est aussi fade que celui de Clooney.
Robin ne cesse de se disputer avec Batman pendant tout le film, au point de vouloir travailler en solo. On aurait pu voir là sa démission en tant que Robin et ses débuts en tant que Nightwing comme dans les comics, mais même pas.

"-Où crois-tu aller comme ça ?
-C'est un Robin signal, pas un Batsignal. C'est moi qu'Ivy appelle !
-Cette femme est Pamela Isley. Je l'ai vu parler à Gordon. Elle a volé ses clés et modifié le signal...
-Oui ! Elle l'a fait pour moi ! Elle m'aime !"


Arnold Schwarzenegger est en surjeu total. Il est le stéréotype du vilain bête et méchant comme l'étaient Jim Carrey et Tommy Lee Jones dans Batman Forever.
Pourtant, la version du personnage est celle, dramatique, de la série animée contemporaine: le gentil Dr. Victor Fries tente de sauver sa femme, atteinte du syndrome de MacGregor, en la congelant et en développant un remède malgré le manque de moyens nécessaires. Un accident survient lors d'une expérience et Fries devient un mutant qui, désespéré et au coeur devenu froid à cause de l'indifférence du monde, vole les matières et l'argent nécessaires pour poursuivre ses recherches, étant prêt à sacrifier son âme si cela lui permet de sauver sa femme.
Malheureusement, si cet aspect dramatique est bien présent dans le film, il n'est jamais vraiment exploité et il sert davantage d'information que de véritable enjeu au personnage, ce qui gâche tout son potentiel dramatique.

"Freeze, t'es givré !"

"-Freezie ! Ooooh ! Je suis en chaleur !
-Ca me parait difficile à croire !
-Je sais ! Disons que mes cheveux sont cassants et que ma peau est toute sèche. Ca n'a rien de blizzard, je t'ai dans la peau !"


Uma Thurman, quant à elle, surjoue également pas mal dans le rôle de la femme fatale tout en y mettant davantage de conviction que les autres interprètes du film. Si bien qu'au final, elle parait totalement à côté de la plaque et sa prestation ne vaut guère mieux que le reste, faute d'un rôle mieux écrit.

"Tu vas perdre tes feuilles, vieille branche !"

"-Eh bien, elle aussi est maléfique ! C'est bizarre: au début elle m'obsédait complètement. Et ensuite...
-La passion s'est évanouie.
-On s'est même battu pour ce garçon manqué !
-Manqué, oui. Garçon, non.
-Bah moi je lui saute dessus dès que je la revois !
-Moi aussi, avant toi ! Elle a de jolies branches.
-Et des boutons de rose.
-Oui, très chouettes ! On y va !"


Alicia Silverstone, fade, mauvaise et au personnage totalement niais et inintéressant. Le choix de faire de Barbara la nièce d'Alfred plutôt que la fille de Gordon est certainement que ce dernier, bien que présent dans les quatre films (où il est incarné par l'acteur Pat Hingle), est totalement relégué au plan secondaire à partir de Batman Returns (dans lequel il était d'ailleurs plus un figurant qu'autre chose) alors qu'Alfred est beaucoup plus présent dans les quatre films.

[Batgirl, militante féministe]
"Tu joues les femmes fatales pour arriver à tes fins ! Renseigne-toi soeurette, le genre plante carnivore c'est plus du tout au goût du jour. Ton attitude compromet l'image de la femme !"


Finalement, Michael Gough est le seul acteur du film à s'en tirer honorablement, livrant comme toujours un Alfred sympathique, personnage apportant une légère touche de dramaturgie à une histoire inexistante (non pas que ça change grand chose malheureusement). Il offre quelques trop rares belles scènes au film par sa seule présence.

Je reviens un instant sur le choix des deux méchants, Freeze et Poison Ivy. Comme pour Batman Forever, n'importe qui d'autre aurait pu faire l'affaire (surtout lorsque l'histoire existe à peine) et ce choix est donc certainement plus motivé par la popularité de ces deux personnages que par des intentions artistiques (surtout que ces deux "alliés" sont pourtant complètement opposés, l'Âge de Glace et Mère Nature).

"-Parce que toi et moi, nous serons les seuls à survivre à l'ancien monde !
-Ooouuuiii ! Adam... et Crève !"


Comment ça "il y a un troisième méchant" ? Bane ? Le colosse qui, dans les comics, a été suffisamment intelligent pour deviner la véritable identité de Batman et suffisamment fort pour lui démolir la colonne vertébrale (forçant Azrael, puis Dick Grayson, à porter temporairement le masque de Batman pour le remplacer durant sa guérison) ?
Je n'ai rien vu de tel ! Juste un faire-valoir complètement idiot qui passe son temps à suivre Freeze et Poison Ivy et à répéter de manière débile un mot sur deux que ces derniers prononcent ! C'est à peine si on le remarque !

"-La belle n'est pas là !
-Il n'y a que la bête !"



Les choix esthétiques de Schumacher ? Bah, ils n'ont pas changé: univers coloré, costumes couleurs fluo pour les vilains et kitschs dans le design...

Et puisqu'on parle de designs, je parlais de l'aspect merchantile de ceux de Batman Forever, tout en disant qu'ils avaient un certain style fidèle à l'esprit Batman et que ça ne gênait pas. Bah là, c'est tout l'inverse.
L'aspect conceptuel des costumes, des accessoires et des véhicules a été confié à des fabriquants de jouets. En ressortant des costumes colorés, une Batmobile avec un girophare dans son moteur... Ridicule !
Et à ce niveau, les accessoires et véhicules se succèdent à vitesse grand V. On ne les compte plus ! On a l'impression d'assister au défilé de la nouvelle collection Batman & Robin d'un catalogue pour jouets (ce qui, ne nous leurrons pas, est bel et bien le cas ici !).
Le plus grotesque est certainement la scène finale où de nouveaux véhicules colorés flashy et de nouveaux costumes "argentés" sortent de nulle part. Ca fait toujours trois véhicules et trois figurines de plus à ajouter au catalogue.


Les scènes d'action ? Bah, elles se taillent la part du lion et sont toujours aussi colorées et kitschs. La maîtrise technique de Schumacher est indéniable mais sert des choix esthétiques de mauvais goût (Schumacher voulant retrouver le fun de la série parodique des 60's avec Adam West et Burt Ward et faire un "film cartoon") et un scénario vraiment pourri que le scénariste a certainement dû écrire en regardant son fils jouer avec ses figurines et ses véhicules.

Ca commence dans un musée où, en guise de bataille contre Freeze et ses sbires joueurs de hockey, Batman et Robin se livrent à un match de hockey sur glace avec un diamant et transforment leurs bottes en patins à glace.

"Ils nous cherchent des crosses, vieux frère !"

Une fois son objectif atteint, Freeze s'enfuit à l'aide d'une fusée dissimulée dans son camion (WTF ?) et la course-poursuite s'achève dans le ciel de Gotham, avec Freeze qui déploit ses ailes de papillon métalliques (c'est une figurine, je vous dis !) et Batman et Robin qui le poursuivent en se servant de portes comme de planches de surf, course-poursuite qui s'achève dans une cheminée d'usine.

"Ca gèle dans la chaudièèèèèèèèère !"

Avec une introduction pareille, que peut-on attendre du film franchement ? Scènes d'action ou autres, toutes les scènes sont plus kitschs les unes que les autres. Ca culmine lors d'une scène où Freeze, ayant revêtu ses chaussons en forme d'ours polaires, monte une chorale-karaoké avec ses hommes de main (WTF ? bis).

Sans oublier les deux héros insupportables qui passent leur temps à se disputer durant tout le film. Ils sont souvent agaçants et leurs discutes sont de plus en plus grotesques. Leur seule autre activité, c'est de taper sur des vilains et c'est présenté de telle manière qu'on se demande où sont les "Paf ! Pouf !" censés accompagner les coups d'Adam West et de Burt Ward (ah bon, c'est pas eux ?).


Heureusement, maigre consolation, la musique d'Elliot Goldenthal est, elle, très bonne, reprenant les meilleurs thèmes de Batman Forever et en rajoutant d'autres eux aussi réussis. Contrairement à Forever où le thème de combat tape sérieusement sur les nerfs (seul raté dans une très bonne bande originale), la bande originale de Batman & Robin est presque un sans-faute.
La BO de Goldenthal est d'ailleurs, avec l'interprétation de Michael Gough, l'un des deux seuls points positifs que je trouve à cette daube.


En définitive, Batman & Robin est un film vraiment pourri, une honte colossale pour les fans du personnage. Avec l'implication des fabricants de jouets dans l'aspect créatif du film, la Warner espérait doper ses revenus avec les ventes de figurines et de véhicules.
De ce côté là, c'est une réussite: les jouets se sont bien vendus. Mais le box-office et les retours critiques et publics ont été une catastrophe sans précédent, et la franchise a été tué pendant huit ans avant de repartir complètement de zéro, seul moyen de se débarrasser de cet héritage trop encombrant.

Suite à Batman Forever, qui s'en sortait encore relativement bien, la sonnette d'alarme avait été tirée sur de nombreux problèmes. Et à juste titre car Batman & Robin fait non seulement totale abstraction de toutes les qualités qui avaient permis de sauver Forever, mais accentue davantage tous les défauts qui avaient été formulées suite au film précédent. Et le résultat est là: un massacre intégral.


Maintenant, toutes ces critiques étant émises et l'ampleur du désastre étant claire, il est important de signaler que le film a néanmoins magistralement réussi son coup là où personne, pas même le réalisateur, ne l'attendait. Et c'est ce qui a vraiment sauvé le film des méandres du désintérêt total.

Batman & Robin est l'anthologie nanaresque ultime, servie sur un plateau d'argent (film à gros budget et de très bons effets visuels à l'époque). Le film est tellement grotesque que de nombreux choix esthétiques en deviennent involontairement à pisser de rire. Ceux qui ont vu le film de 1966 avec Adam West et Burt Ward se rappellent certainement du téléphone rouge dans la Batmobile, du Bat-spray anti-requin et autres réjouissances kitschs. Bah là, on en tient l'héritier spirituel !

Et, si les comédiens originaux tentent désespérément de sauver le film malgré un scénario catastrophique et une avalanche de jouets dans tous les sens, une bonne partie du mérite en revient aux traducteurs et comédiens ayant officié sur le doublage français et qui ont su rattraper la balle là où personne n'y aurait songé.

En effet, loin de sauver le film de la connerie, l'adaptation française en rajoute une ENORME couche tout en restant suffisamment fidèle aux dialogues originaux. Les répliques françaises sont du caviar, les comédiens ont excellé à montrer que les personnages sont de parfaits abrutis et les voix de Batman et de Robin prennent un ton exagérément sérieux pour sortir des répliques complètement farfelues (ce qui donne un résultat hilarant), réitérant ainsi complètement l'exploit humoristique du duo composé d'Adam West et de Burt Ward dans la série et le film des années 60.

Grâce à eux, Batman & Robin est un plat du choix servi avec un assortiment de caviar (les répliques) qui rend le film tout simplement hilarant. C'est extrêmement drôle et je vois mal comment on peut résister à ce doublage bien plus fun que l'agaçante version originale.
Du coup, Batman & Robin en VF est un incontournable des soirées nanars entre potes, celui qu'on mate en mâchant sa part de pizza. Loin d'être sans intérêt, la connerie du film est ultimement ce qui le sauve. Et là, il est tout simplement irrésistible !


Ainsi, si le film est conspué par l'intégralité de la communauté des Batfans comme le plus gros revers que la licence ait jamais connu, sa valeur nanaresque incontestable est telle que le film mérite malgré tout le détour pour les amateurs de second degré et une place de choix parmi les films parodiques. Parodie involontaire, certes, mais sublime !

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Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 13 déc. 2010, 23:04

Batman: Un Long Halloween (Batman: The Long Halloween)

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Auteur: Jeph Loeb.
Artiste: Tim Sale.
Année de publication: 1996-1997.
Nombre de pages: 363 pages + suppléments.
Statut canonique: oui.



L'Histoire

Six mois à peine se sont écoulés depuis la fin de Year One. Alors qu'il n'y a encore pas si longtemps l'empire Falcone semblait sur le point de s'écrouler, Carmine Falcone marie pourtant aujourd'hui son neveu. Le parrain de la famille Falcone semble plus intouchable que jamais, malgré la présence d'une famille rivale dirigée par Salvatore Maroni.

Le justicier hors-la-loi Batman, le capitaine de police James Gordon et le procureur général Harvey Dent établissent une alliance pour faire tomber ensemble Carmine Falcone mais, à chaque fois qu'il approche de près des affaires de la famille, Batman croise Catwoman sur sa route. Tout deux ignorent encore l'identité de l'autre, bien que Bruce Wayne et Selina Kyle sont en relation.

Alors que l'enquête visant à anéantir l'empire Falcone se poursuit, un mystérieux tueur se manifeste les jours de fêtes et assassine les membres des familles mafieuses. Ce serial-killer mystérieux et fantomatique est surnommé Holiday par la presse à cause de son modus operandi et, pour lui, l'intouchable Falcone semble loin d'être hors de sa portée.

La tension monte entre les familles Falcone et Maroni, chacune soupçonnant l'autre d'être derrière Holiday. Pendant ce temps, Harvey Dent travaille avec acharnement pour faire tomber Falcone malgré les difficultés inhérentes liées à une justice corrompue. Ses penchants pour des méthodes parfois extrêmes ne sont un secret pour personne et la rumeur commence à se répandre dans le milieu qu'Harvey Dent pourrait être Holiday.



Commentaires

The Long Halloween est un pur chef d'oeuvre et, avec The Dark Knight Returns (dans un genre très différent), l'une des toutes meilleures aventures de Batman.

Nous retrouvons ainsi le Dark Knight dans sa deuxième année d'existence, bénéficiant désormais de l'appui de James Gordon, capitaine de police de la ville de Gotham. Pour combattre le crime organisé, la police (Gordon), la justice (Dent) et le justicier hors-la-loi (Batman) établissent un pacte d'alliance.

Dans The Long Halloween, Batman est présenté avant tout comme un détective cherchant à découvrir la personne se cachant derrière cette série de meurtres à la mise en scène si particulière et force est d'avouer que c'est ce rôle lui va à merveille, peut-être même celui qui lui convient le mieux et auquel ses méthodes s'appliquent le plus naturellement (Batman n'est pas Superman ou Spider-man, il n'a pas de pouvoirs et enquête souvent sur les criminels avant de chercher à les arrêter).

Les personnages et les situations évoquées font bien sûr suite à Year One et il est nettement préférable d'avoir lu cette oeuvre au préalable pour entrer directement dans l'histoire.

Les événements qui se sont déroulés durant les six mois qui séparent la fin de Year One du début de The Long Halloween concernent principalement l'apparition de nouveaux monstres psychopathes en ville, les esprits déranges se réunissant comme attirés par la seule présence de Batman (l'asile d'Arkham a deux fois plus de résidents depuis son arrivée).

L'apparition de Catwoman à la fin de Year One l'annonçait, c'est désormais devenu une réalité: Gotham est devenu une foire à monstres, un Halloween permanent, et cette nouvelle forme de criminalité tend à vouloir trouver sa place dans l'ordre des choses... en remplaçant l'ancienne criminalité incarnée par les mafieux.
Tout le long de The Long Halloween, Batman se trouve confronté à des ennemis qu'il a déjà affronté au cours des six derniers mois: le Joker, le Pingouin, l'Homme Mystère, Poison Ivy, l'Epouvantail, le Chapelier Fou, Solomon Grundy et Catwoman. Depuis sa cellule d'Arkham, Calendar Man sert également de consultant à Batman et Gordon dans l'affaire Holiday, étant probablement le seul à pouvoir établir le portrait psychologique du criminel (et un peu vexé par le tapage médiatique autour d'Holiday alors que personne ne se souvient du Calendar Man, étant beaucoup trop nul :lol: ).

Le récit est décomposé en 13 chapitres, allant d'un Halloween à l'autre. En parallèle de l'intrigue sur Falcone et de la série de meurtres, le récit présente aussi des intrigues plus courtes tournant autour des psychopathes d'Arkham (dans le style "monstre de la semaine"). Au début, ils ne sont pas vraiment impliqués dans l'affaire Holiday (ces intrigues font initialement bande à part) mais, à un certain stade de l'histoire, les deux types de criminalité vont finir par se rencontrer progressivement, ne pouvant plus s'ignorer plus longtemps, et la grande question qui se pose alors est "que va t-il se passer ensuite ?".

Car, au delà de l'enquête, l'autre grand intérêt de The Long Halloween est de montrer le passage d'une criminalité à l'autre: le crime organisé est sur le déclin, les cinglés d'Arkham prennent le relais. Et si les meurtres d'Holiday sont liés aux thématiques jour de fêtes, ces thématiques s'appliquent également aux monstres auxquels est confronté Batman, et ce de manière naturelle. La cité sombre progressivement dans la volie.

Au final, c'est là aussi là la vraie nature de Gotham City durant le Long Halloween: le crime change de visage, les corrompus cèdent la place aux malheureux qu'un destin cruel aura transformé en psychopathes haut en couleurs, mais le mal qui ronge la ville n'a pas changé et la peine des victimes reste la même.
Croire en Gotham comme le font Batman, Gordon et Dent est au final bien naïf car, plus que jamais, elle apparait comme une ville sans espoir où ceux qui se battent pour la sauver des criminels qui lui nuisent sont les susceptibles de devenir eux-mêmes des criminels.
De par ses activités, Batman est certainement le plus susceptible de passer à tout moment d'un côté à l'autre de la frontière au point qu'il risque un jour par ne plus faire la différence entre crime et justice. Mais il est guidé par une volonté forte, alimentée par un traumatisme violent remontant à l'enfance: Wayne est Batman parce qu'il est le seul à en être capable, il EST Batman.
Et ce qui perd ultimement Harvey Dent, c'est qu'il n'a pas cette force d'esprit. Il est vulnérable et, en tentant de mettre un terme à la criminalité, finit par ne plus distinguer la limite qui le sépare de ceux qu'il cherche à "éradiquer".

La fin de l'histoire est l'une des meilleures conclusions qu'il m'ait été donné de lire, les révélations finales étant pleines de surprises et le dénouement inattendu, le tout s'achevant par une ultime image à la fois magnifique, dérangeante, étrange et incroyablement évocatrice. Certaines réponses sont données, certains mystères subsistent, et au final on réalise que l'oeuvre doit être prise dans un sens plus large, plus profond.


L'enquête est vraiment passionnante à suivre. Le talent d'écriture de Jeph Loeb est impérial tandis que les dessins Tim Sale sont vraiment très réussis, alternant entre réalisme et folie, les deux tendances qui dominent l'oeuvre. L'histoire est très sombre et incroyablement pessimiste et cette noirceur se ressent aussi énormément dans le choix des couleurs, les moments forts affichant un superbe noir et blanc qui rappelle que l'intrigue est un vrai roman noir.
Malgré le nombre impressionnant de pages, la lecture est agréable, l'histoire se lit assez vite (l'inverse d'un The Dark Knight Returns) et il est impossible de décrocher de cette fantastique intrigue policière en plein carnaval de monstres.

Les influences de Jeph Loeb pour son récit sont aussi évidentes et son oeuvre multiplie les hommages réussis à de très grands films tels que Le Parrain ou Le Silence des Agneaux.


The Long Halloween ne place peut-être pas le lecteur autant dans l'esprit de Batman qu'un Year One et ne lui donne pas non plus la grandeur d'un The Dark Knight Returns, mais je pense pouvoir affirmer qu'aucune histoire de Batman ne prend autant le lecteur que The Long Halloween.

Cette oeuvre réunit à elle seule tout ce que les fans aiment chez Batman et dans son univers, et ceux qui ont grandi avec la série animée des années 90 et qui l'ont redécouvert ensuite avec les films de Christopher Nolan reconnaîtront certainement beaucoup plus facilement le personnage avec les oeuvres du duo Jeph Loeb / Tim Sale qu'en commençant par la vision plus radicale de Frank Miller (pour sortir l'auteur qui est généralement le premier à être lu).
En fait, j'irais jusqu'à dire que The Long Halloween est une oeuvre capable de faire aimer les comics à ceux qui ne s'y connaissent pas forcément (même s'il vaut quand même mieux avoir lu Year One avant pour pouvoir vraiment profiter pleinement de cette oeuvre magnifique).

Quoiqu'il en soit, il est clair qu'on a ici un véritable chef d'oeuvre et l'un des tout meilleurs Batman. Dire que j'en recommande la lecture relève presque de l'euphémisme tant il y a quelque chose d'absolu qui s'en dégage, quelque chose de rare et qui donne envie de s'y replonger la lecture à peine achevée. Une grande oeuvre de la bande-dessinée américaine !

A noter que The Long Halloween a aussi énormément influencé le film The Dark Knight de Christopher Nolan dans sa représentation du personnage tragique de Harvey Dent, et surtout au niveau de l'intrigue sur l'alliance entre Batman, Gordon et Dent.


Après ce second coup d'éclat (leur première collaboration sur Batman remonte en fait à trois histoires Spécial Halloween sur trois années successives qui ont été ensuite regroupées sous le recueil Haunted Knight), le duo composé de Jeph Loeb et de Tim Sale se reformera ensuite à nouveau pour compléter leur histoire à travers deux suites tout aussi réussies: Batman: Dark Victory et Catwoman: When in Rome.
Modifié en dernier par Glass Heart le 20 déc. 2010, 15:42, modifié 1 fois.

Glass Heart
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Re: Batman

Message non lu par Glass Heart » 20 déc. 2010, 14:29

Batman: Dark Victory

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Auteur: Jeph Loeb.
Artiste: Tim Sale.
Année de publication: 1999-2000.
Nombre de pages: 385 pages de bande-dessinée + suppléments.
Statut canonique: oui.



L'Histoire

Batman et Gordon ont gagné la guerre du Long Halloween: les familles mafieuses sont presque détruites et Holiday a été arrêté. Toutefois, le prix à payer a été lourd: les monstres ont pris le pouvoir dans Gotham et leur ami et allié de longue date, le procureur général Harvey Dent, est devenu l'un de ces monstres sous l'identité de Double-Face, le visage à moitié brûlé par de l'acide. La victoire est sombre et chacun doit à présent faire avec les conséquences.

Batman réalise qu'il ne peut plus impliquer personne dans sa croisade et il agit dorénavant en solitaire, devenant de plus en plus exigeant vis à vis de lui-même, prenant des risques inconsidérés et commettant des erreurs.
Le mariage de Gordon éclate en morceau et, fraichement nommé commissaire, il passe ses journées et ses nuits au bureau sans avoir de maison où rentrer. Il a également du mal à travailler avec Janice Porter, le nouveau procureur général, avec qui il ne s'entend guère. Malgré ses protestations, Porter parvient à obtenir la libération du criminel Holiday, soi-disant "guéri" lors de son séjour à Arkham.

Alors que tout le monde aurait pensé que la famille Falcone sombrerait avec la mort de Carmine Falcone, sa fille Sofia Gigante Falcone tente d'unir les derniers membres des familles mafieuses Falcone, Maroni, Vitti, Skeepers et Gazzo afin de créer une grande organisation qui mènerait la lutte de la dernière chance contre les monstres d'Arkham afin de leur reprendre les territoires qui furent les leurs. Mais, suite aux événements du Long Halloween, Sofia n'est plus qu'une femme handicapée dans un fauteuil roulant et les tensions entre les différentes familles sont loin d'avoir disparues.

Sofia lance une grande attaque contre l'asile d'Arkham, au cours de laquelle de nombreux monstres parviennent à s'échapper. Double-Face, Joker, l'Epouvantail, le Chapelier Fou, Poison Ivy, l'Homme Mystère, Pingouin, Mr. Freeze, Solomon Grundy et Calendar Man sont désormais en liberté quelque part dans la ville, en plus de Catwoman (qui maintient une relation d'alliée / adversaire avec Batman).
Batman et Gordon traquent Dent, sans succès, et désespèrent de retrouver leur ami un jour. Ils tentent également de recapturer les monstres psychopathes.

Puis vient l'impensable: le soir d'Halloween, un nouveau meurtre est commis. La victime est un policier, retrouvé pendu sur un pont, un jeu du pendu incomplet épinglé sur sa poitrine. La série de meurtres des jours de fêtes recommence, mais cette fois ce sont les flics (honnêtes comme ripoux) qui trinquent. Un nouveau meurtrier, surnommé Hangman, est en liberté quelque part et Batman n'arrive pas à comprendre ses intentions: quel est son lien avec Harvey Dent et avec Holiday ? Et pourquoi ces jeux du pendu ?

Dans la traque de ce nouveau tueur en série, Gordon monte une nouvelle unité spéciale plus ou moins hostile à Batman, tandis que Double-Face décide lui-aussi d'enquêter avec l'aide de ses nouveaux "alliés".



Commentaires

Avant toute chose, il est nécessaire d'avoir lu The Long Halloween avant d'aborder Dark Victory. L'histoire y fait directement suite, évoquant de nombreux événements et l'identité du tueur d'entrée de jeu, et en connaître l'histoire est nécessaire pour comprendre les événements de ce nouveau récit. Il est aussi vivement conseillé d'avoir lu Batman: Year One dont de nombreux personnages réapparaissent (y compris des personnages absents de The Long Halloween).


La première chose marquante sur Dark Victory, c'est le nombre incroyable d'éléments abordés en une seule histoire, sans pour autant les survoler. Jeph Loeb achève ici l'histoire de la lutte de Batman contre la pègre et les corrompus entamée précédemment dans Year One et The Long Halloween, et toutes les intrigues importantes y trouvent leur conclusion (à l'exception de celle sur Catwoman qui donnera lieu à un spin-off).

The Long Halloween présentait une enquête fascinante sur un mystérieux tueur opérant les jours de fêtes. L'effet de surprise est désormais passé et cela se ressent sur Dark Victory: l'enquête sur Hangman est en soi très bonne mais elle n'est qu'une répétition de l'affaire Holiday de The Long Halloween (là encore s'étalant sur toute une année, d'un Halloween à l'autre) et elle ne prend pas autant le lecteur que cette dernière.
Si on se demande tout le long quels sont les motifs du tueur, il n'y a pas non plus toute cette tension autour de son identité qu'il y avait dans The Long Halloween: dans ce dernier, le tueur pouvait être n'importe lequel des mafieux, tous étaient impliqués dans l'affaire à un niveau ou à un autre, et les suspects étaient donc nombreux... avant de se faire abattre les uns après les autres. Il y avait aussi cette question de savoir jusqu'où était capable d'aller Dent pour lutter contre la pègre.
A présent, dans Dark Victory, on se doute bien que le tueur ne peut pas faire partie de la police, et les victimes sont souvent des personnages qui n'ont pas de rapport direct avec l'intrigue. On s'intéresse donc moins de savoir qui sera le prochain et quelle erreur aurait pu commettre le tueur qui trahirait son identité... car il ne peut pas y en avoir ici tout simplement. Par contre, les suspects ne manquent pas une fois encore, et cette fois ça ne se limite pas aux seuls mafieux: Hangman peut fort bien faire partie des nouvelles recrues de Gordon, des monstres d'Arkham, ou même être Janice Porter.

Mais le véritable intérêt de Dark Victory et ce qui intéresse davantage le lecteur, c'est de voir la manière dont les personnages se remettent péniblement des événements de The Long Halloween. Et c'est sombre, extrêmement sombre, que ce soit les déboires de la police et de la justice, Batman qui agit désormais en solo avec toutes les difficultés que cela présente désormais, et surtout la guerre entre les mafieux d'un côté et les psychopathes d'Arkham de l'autre et qui se finira forcément par la disparition de l'un des deux groupes. Et sans parler de Holiday, de nouveau en liberté, qui est susceptible de faire une rechute à tout moment.


Les deux héros, Batman et Gordon, se dédient entièrement à leur croisade contre le crime, et la perte d'Harvey Dent a porté un coup à leur alliance: ils ne se font plus autant confiance qu'avant et chacun des deux agit plus ou moins de son côté. Tout deux mènent aussi une vie sociale inexistante: Gordon vit désormais séparé de sa femme et de son fils et il devient quasiment associal avec tout le monde, à commencer par Janice Porter, tandis que Bruce Wayne sombre de plus en plus dans l'amertume, rejetant violemment Selina Kyle et toute autre relation sociale avec le monde extérieur.

Toutefois, lorsque les événements de Dark Victory créent une nouvelle victime en la personne d'un jeune garçon orphelin, Richard "Dick" Grayson, Bruce Wayne, se reconnaissant à travers le garçon, décide de le recueillir au manoir. Mais il a sombré trop profondément et il se révèle vite incapable de créer un contact avec le jeune garçon (sans compter ses multiples absences inexpliquées), ce que ce dernier ressent. Cependant, Dick est attisé par le même désir de vengeance que Wayne et, en cette période troublée, Batman décide de lui rendre justice, sans se douter de la conséquence inattendue qu'aura cet acte.
Mais Wayne s'interroge: pourquoi au final a t-il recueilli le garçon ? Est-ce pour l'aider à traverser cette sombre période, comme Alfred l'a fait pour lui autrefois, ou est-ce pour être lui-même sauvé de ses propres tendances auto-destructrices par la présence de Dick ?


Tout le long des 400 pages de l'oeuvre, on voit progressivement les personnages se remettre avec difficulté des événements de The Long Halloween et retrouver finalement une harmonie qu'ils ont longtemps perdu.
Jeph Loeb amène Batman à une évolution importante de sa carrière: il réalise qu'il ne peut pas mener ce combat seul (et, d'une manière plus générale, qu'il n'est plus la seule personne concernée par sa croisade contre le crime) et il accepte finalement d'avoir un jeune partenaire pour l'aider, tout en lui servant de mentor, menant ainsi à la création du duo Batman et Robin. C'est sur cette image qu'il achève la trilogie des premières années de Batman.

Quant aux dessins de Tim Sale, ils sont toujours aussi bons et reconnaissables, faisant honneur à l'excellent scénario de son partenaire une fois encore.


Au final, Dark Victory est une oeuvre aussi réussie que The Long Halloween (même si je trouve cette dernière plus aboutie), mais pas forcément pour les mêmes raisons. Moins mystérieux, moins polar, mais davantage tourné vers ses personnages et vers cette lutte de force entre différents groupes (Batman, police, justice, mafieux, monstres) où les intérêts personnels de chacun prennent souvent le pas sur l'intérêt commun, les empêchant ainsi d'être efficaces.

Si l'histoire est extrêmement sombre, ultimement c'est aussi une histoire d'espoir. Dark Victory, le titre, fait référence à la victoire amère de The Long Halloween et en présente les conséquences, mais les personnages luttent pour s'en sortir. Certains réussissent, d'autres non, mais une plus grande victoire attend les héros au bout du chemin. Et une première victoire importante pour la carrière de Batman qui achève ainsi les premières années de sa vie et qui envisage désormais sa croisade d'une autre manière.

Je recommande donc vivement aux lecteurs de The Long Halloween de poursuivre juste après sur Dark Victory pour avoir un point de vue intégral sur l'oeuvre et la découvrir dans son unité (d'autant que les deux histoires sont vraiment excellentes, deux des tout meilleurs Batman !).


Pour terminer, je dirais qu'à l'inverse de The Long Halloween qui conservait certains mystères à la fin, celle de Dark Victory donne toutes les réponses sur son intrigue. Le seul axe qui reste en suspens concerne le personnage de Catwoman, absent durant la moitié de l'oeuvre pour des raisons mystérieuses.

Cela donnera lieu à un spin-off sur Catwoman, Catwoman: When in Rome, qui est la dernière pièce de la saga Batman du duo Jeph Loeb / Tim Sale et qui narre des événements parallèles à ceux de Dark Victory, complétant ainsi l'oeuvre à travers un point de vue différent (mais tout aussi intéressant) et un autre type d'ambiance (Catwoman y apparait davantage comme une héroïne d'action-aventure à la Lara Croft tandis que l'Homme Mystère y joue le side-kick comique de service, loin de l'ambiance polar qui hante les événements de The Long Halloween et de Dark Victory).

A noter également que Dark Victory est la version canonique des origines de Dick Grayson, le premier Robin (plusieurs versions des origines de Robin existent. C'est celle là qui est actuellement prise en compte dans la continuité officielle).

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