Les Aventuriers de l'Arche Perdue (Raiders of the Lost Ark)
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Studio: Lucasfilm.
Réalisateur: Steven Spielberg.
Année: 1981.
Durée: 1h55.
Casting: Harrison Ford (Henry "Indiana" Jones), Karen Allen (Marion Ravenwood), Paul Freeman (René Belloq), Ronald Lacey (Major Arnold Toht),
John Rhys-Davies (Sallah), Denholm Elliott (Marcus Brody), Wolf Kahler (Colonel Dietrich), Alfred Molina (Satipo) et Vic Tablian (Barranca et l'homme au singe).
L'Histoire
Henry Jones, surnommé "Indiana", est un archéologue qui parcoure le monde en quête des trésors perdus de l'Histoire. Professeur en archéologie, il consacre son temps libre à enseigner à l'université auprès de jeunes étudiantes tombant rapidement sous son charme.
1936. Le monde est sur le point de basculer dans une nouvelle guerre. Adolf Hitler étant passionné par l'occulte, les nazis mènent une expédition en Egypte à la recherche de l'Arche d'Alliance, trésor inestimable qui renfermerait les commandements de Moïse. Les services secrets américains contactent le professeur Jones au sujet de son ancien mentor, le professeur Abner Ravenwood, le spécialiste au sujet de tout ce qui attrait à l'Arche d'Alliance, contacté par Hitler pour mener les recherches en Egypte. Apprenant que les nazis sont sur le point de la trouver, Indiana s'envole pour le Népal où il retrouve Marion, la fille d'Abner, son ancien amour. Apprenant la mort d'Abner, il se rend au Caire avec Marion pour tenter de trouver l'Arche avant les nazis. Il découvre alors que ses ennemis ont finalement fait appel à l'archéologue français René Belloq, son rival professionnel peu scrupuleux, pour mener les excavations sur place...
Commentaires
Grand classique du cinéma d'aventures, Les Aventuriers de l'Arche Perdue est issu de la collaboration entre George Lucas, créateur de la franchise Star Wars, et Steven Spielberg, le nouveau réalisation phare d'Hollywood de l'époque après les succès impressionnants de films tels que Les Dents de la Mer (premier grand blockbuster de l'Histoire) ou Rencontre du Troisième Type. Le film se veut un hommage aux films d'aventures et aux serials d'antan et il introduit le personnage d'Indiana Jones, incarné par Harrison Ford. Le succès fulgurant des Aventuriers allait lancer une série de films centrée autour de son personnage.
Indiana Jones est un archéologue baroudeur qui parcourt le monde à la recherche d'antiquités. Toutefois, les trésors qu'il pourchasse sont souvent d'une importance relativement modeste, sans grandes ambitions historiques. Tout change quand il part en quête de l'Arche d'Alliance, trésor d'entre tous les trésors aux yeux des archéologues. Indiana ne se rend toutefois pas compte de cette différence, voyant l'Arche comme un trésor comme tant d'autres, ne prêtant aucune attention aux mythes l'entourant car ne s'intéressant qu'à sa valeur historique et culturelle, malgré les nombreux avertissements de ses confrères qui respectent et craignent son pouvoir. Cette quête de l'Arche va devenir le film conducteur de nombreuses péripéties qui va l'amener à renouer avec une de ses relations passées et à affronter les nazis. A mesure du temps, il réalise le véritable pouvoir de l'Arche et ce qu'il risque de perdre en poursuivant cette quête. Mais si Indiana Jones a appris à changer ses vues au sujet de l'Arche, ce ne sera pas le cas de tout le monde, beaucoup n'y voyant qu'un artefact d'une valeur historique et culturelle et une possible arme en vue de la guerre qui approche.
Je commencerais en reconnaissant une chose: le scénario n'est pas le point fort du film, la quête de l'Arche d'Alliance ne servant généralement que de fil conducteur à de multiples péripéties. Mais le véritable intérêt des Aventuriers de l'Arche Perdue se situe ailleurs. C'est avant tout un film de genre, une déclaration d'amour aux films d'aventures d'antan, et l'histoire, si elle n'est pas particulièrement développée, sert avant tout à introduire une foule de scènes d'actions en tout genre. La recette miracle, c'est la réalisation magistrale de Steven Spielberg qui, dynamique et inventive à souhait, multiplie les trouvailles visuelles et sonores et les raccords de tous les types possibles et imaginables. Ce film est une véritable leçon de cinéma à lui tout seul, et ce qui est génial c'est qu'on n'est pas du tout dans un simple exercice de style mais que cela sert pleinement l'histoire. Spielberg montre là un talent incroyable et signe un film époustouflant, notamment dans ces scènes d'action qui demeurent pour la plupart des monuments du genre, jamais égalées (même les films suivants ne parviendront pas à se rapprocher d'une telle réussite).
On retrouve aussi dans le film un côté très Tintin, avec ces aventures qui mènent nos héros aux quatre coins du globe, vivant de multiples péripéties avec un ton assez naïf et très touchant mais surtout avec beaucoup d'humour. Les gags pleuvent de tous les côtés, que ce soit dans les répliques, dans les situations loufoques, dans les trouvailles visuelles, ou encore dans les jeux d'acteurs (les improvisations d'Harrison Ford ou de Ronald Lacey). On retrouve aussi nombre de stéréotypes et de codes des films d'aventures, comme des personnages assez stéréotypés (la femme à caractère qui tombe amoureuse du héros et qui tient tête courageusement à l'ennemi, le nazi inquisiteur tout habillé de noir pour montrer que c'est un gros sadique qui adore torturer les gens) ou une vision de certains pays qui reflète bien l'esprit colonial de l'époque (la supériorité de l'homme blanc sur les populations locales, avec les gens qui préfèrent finalement les "gentils américains" aux "méchants nazis" qui les oppressent, ou les habitants des forêts tropicales qui vivent les fesses à l'air et qui se laissent abuser par un européen tenant une idole). C'est pas Tintin au Congo, mais on est quand même assez proche de l'esprit des albums d'Hergé sur ce point là, reflétant la mentalité coloniale de l'époque et les stéréotypes dont les populations étaient abreuvées.
A la musique, on retrouve le compositeur John Williams, compositeur attitré des films de Steven Spielberg et récemment auréolé du succès des musiques des deux premiers Star Wars. Ces thèmes sont tous aujourd'hui inscrit dans l'inconscient collectif, même si la plupart ne reviendront pas dans les films suivants. Le thème principal, quant à lui, deviendra emblématique de la série, probablement l'une des musiques les plus connues de l'histoire du cinéma.
Le casting, quant à lui, est impeccable. Dans le rôle principal, Harrison Ford impressionne. Il devient avec ce film l'héritier d'une tradition des héros de films tels que Errol Flynn, Douglas Fairbanks ou Tyrone Power que le cinéma américain n'avait plus connu depuis longtemps. Le personnage d'Indiana Jones devient la nouvelle icône emblématique du cinéma d'aventures pour toute une génération de jeunes cinéphiles et installe définitivement la carrière d'Harrison Ford, le démarquant ainsi de ses anciens partenaires de Star Wars qui ne feront finalement pas carrière au cinéma (Mark Hamill s'est reconverti dans le doublage et Carrie Fisher est devenue scénariste). Le reste du casting se révèle tout aussi convaincant, parfaitement à l'aise dans leurs rôles, que ce soit la très attachante Karren Allen que l'inquiétant Ronald Lacey ou la perversion du personnage de Paul Freeman.
Et il y a un autre personnage que l'on aurait tendance à oublier alors qu'il est peut-être le plus présent du film: l'Arche d'Alliance. Loin d'être un simple MacGuffin comme les artefacts des prochains films, l'Arche d'Alliance est un personnage à part entière du film. Son histoire est racontée via des légendes par différents personnages, sa nature divine est développée tout le long du film ainsi que les ambitions de ceux qui la traquent, et on découvre progressivement son pouvoir et la terreur qu'elle peut réellement inspirer. L'Arche d'Alliance a sa volonté propre, elle peut tuer, et les personnages du film ne se rendent pas forcément compte des réelles implications d'une quête sacrée qu'ils n'auraient peut-être jamais dû entreprendre, certaines choses devant demeurer de l'ordre de l'inviolable.
Au final, Les Aventuriers de l'Arche Perdue est un très grand film de genre et l'un des films les plus aboutis de Steven Spielberg (alors même qu'il n'avait pas de réelles prétentions artistiques à la base, entrant davantage dans le domaine du cinéma de divertissement). Pensé comme un hommage au genre pour finalement devenir la nouvelle référence en la matière, le film se révèle un exploit à tous les niveaux et marque un véritable renouveau du film d'aventures qui se poursuivra dans les films suivants et dans les nombreux ersatz qu'ils auront inspiré. Souvent copié, jamais égalé, Les Aventuriers de l'Arche Perdue porte en lui une magie qui marque les plus grands films de l'Histoire du cinéma, ceux qui font date et qui marquent l'inconscient populaire. Un monument du genre pour tous les passionnés de ces aventuriers qui partent en quête de cités perdues et autres trésors oubliés !
Verdict: Excellent (20/20).