Message non lu
par NiDNiM » 29 mars 2010, 10:09
Un petit avis global sur la série, du moins la réédition puisque je m'évertue à trouver tous les tomes originaux mais pas en même temps, croyant toujours ne pas remettre la main dessus ...
Tokyo Babylon réédition, Intégrale :
Tokyo Babylon, c’est le mélange entre la vie de trois protagonistes principaux et de nombreux figurants qui prennent régulièrement le premier rôle. Subaru Suméragi est un maître du yin et du yang, tout comme sa jumelle Hokuto. Mais Subaru est le chef actuel de la famille ancestrale supposée protéger Tokyo, ce qui induit des pouvoirs plus conséquents mais également des responsabilités revues à la hausse. Dans sa lutte pour la paix et le repos de l’esprit, Subaru s’allie à Seïshiro Sakurazuka, héritier de la tristement célèbre famille d’assassins, et accessoirement vétérinaire. Celui-ci, pourtant, se défend d’avoir un lien quelconque avec les activités néfastes de sa famille, à laquelle il ne tient pas forcément à être rattaché. Ainsi, il aborde aux côtés de Subaru une attitude attentionnée, une tendresse et un amour démesuré. Pourtant, au fur et à mesure de la lecture, Seïshiro se montre de plus en plus mystérieux et complexe, comme s’il cachait un grand secret à Subaru. Quelque chose que ce dernier aurait oublié mais qui les lierait si profondément que leurs vies en seraient altérées. Ce ne sont que les rêves de Subaru qui lui soufflent des souvenirs oubliés, dans lesquels une silhouette apparait sous les fleurs d’un cerisier, lui parlant d’une promesse et d’un bien sombre avenir. On se demande alors que cache Seïchiro derrière son sourire paisible façonné de toutes pièces, alors que Subaru, si transparent, a des secrets dans les méandres même de sa mémoire. La passion arrive rapidement pour ces deux êtres qui s’opposent, l’un ne s’attachant à rien, l’autre offrant trop. Le résultat est cruel, et changera l’un, l’autre, ou les deux …
Ce n’est cependant pas le grand secret des deux hommes qui fascine tant l’axe de réponse est évident, la révélation n’étant intéressante car prenante et profonde que dans le dernier tome. On appréciera d’avantage la multitude de petites histoires qui mettent en scène avec élégance et simplicité les vices humains, la déchéance de Tokyo et ce à quoi Subaru doit s’opposer pour rétablir un semblant de paix. Esprits frappeurs, vivants tourmentés ou en passe de franchir le pas, autant de destins qui se croisent, permettant à Subaru de faire étalage tour à tour de son pouvoir ou de sa grande bonté d’âme. Car les sutras ne sont pas les seules armes du jeune homme au cœur pur, qui apaise par les mots ce qui blesse et ce qui peut se résoudre par un peu d’écoute, d’attention et d’empathie. Ces petites nouvelles, apparemment anodines, permettent donc de développer la personnalité naïve de Subaru afin de contraster avec son devenir, ainsi que le mystère planant autour de son compagnon, ou encore l’humour d’Hokuto. Bref, cela soutient un tableau qui reste longtemps immuable, jusqu’à se briser magistralement, sans réelle lueur d’espoir ni solution, sans promesse ni soulagement. La fin de Tokyo Babylon introduit le Subaru qu’on retrouve dans X-1999. Fier, froid et moins proche de ceux qui ont besoin d’aide, ce nouvel homme n’a plus qu’un but, bien loin de la paix dans le monde. Et c’est ce revirement de situation qui fait toute la force du manga ! Ainsi que, on ne le comprend qu’à la fin, les constantes répétitions sur la décrépitude humaine et sur les mauvaises actions de l’Homme. Par des apparentes maladresses, les mangakas parviennent à en sortir une narration exemplaire et subtile, qui cache bien son jeu, son intérêt et son génie.
Le maître mot de l’association de plusieurs mangakas est la diversité. Et après RG Veda, on peut prendre la lecture de Tokyo Babylon avec un gros choc de contraste au niveau des dessins. On est aussi, et pourtant, bien loin de la richesse des détails de X, de son aspect brouillon et de ses avalanches de trames. Ici, on aurait presque l’impression que le tout a été bâclé … Mais souvenez-vous de Trèfle, où la même réflexion a été faite à tord … Certes, Tokyo Babylon possède peu de décors, parfois ceux-ci ne font même qu’un avec les personnages, ce qui rend un effet assez particulier. Certes, le décalage entre les figures principales et les autres est flagrant tant les personnages secondaires sont moins détaillés et manquent d’esthétisme. Certes, on remarque brutalement l’absence de dégradés, pour un rendu très carré, net et précis, presque tout noir ou tout blanc. Mais c’est aussi cela qui fait le charme de la série, puisque le trait est efficace avant de chercher la beauté, rendant les graphismes froids, et laissant ainsi le soin aux protagonistes de faire passer leurs émotions tout seuls, sans l’aide de grandes étoiles, de décors mirobolants ou de détails faciaux exagérés. Tout est alors plus pur, plus significatif, plus marquant. Tonkam a donc décidé de réédité cette superbe série des CLAMP, qui est indispensable pour tout lecteur d’X-1999, pour approfondir des personnages transverses trop oubliés dans la série. Le pont qui se fait entre Tokyo Babylon et X est à lui seul présent dans le dernier tome de la première œuvre, liant les deux sans lourdeurs ni cassures. L’une n’est que la suite logique de l’autre, et on apprécie fortement de ne pas finir Tokyo Babylon sur un air joyeux. La réédition, si elle est bien moins chère et longue que la première, souffre de quelques défauts. A part le papier, suffisamment opaque pour ne pas laisser transparaitre les grandes étendues noires sur la page suivante, l’ensemble est quelque peu décevant : les volumes sont plus compacts, moins légers, les couvertures moins belles, et cette surdose rend la lecture un peu plus indigeste. Mais la narration et le récit se suffisent à eux-mêmes pour apprécier facilement ce titre aux grandes qualités.
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Définir, c'est limiter.]
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Le critique est celui qui peut transposer d'une autre manière ou traduire en éléments nouveaux, son impression de la beauté.]
Oscar Wilde,
Le portrait de Dorian Gray
Mon trésor
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