Syndrome 1866

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Wang Tianjun
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Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 19 avr. 2010, 11:41

"Tuer... et supporter cette vie... les mains couvertes de sang !"
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Syndrôme 1886
Fiche technique :
  • Auteur : Naoyuki Ochiai
  • VO : édité par Futabasha, 7 tomes (en cours)
  • VF : édité par Akata/Delcourt, 1 tome (en cours
  • Fiche complète sur Manga-News

Miroku est un étudiant promu à un avenir brillant. Mais peu à peu, il s'est renfermé sur lui-même vivant reclus dans son petit appartement, n'allant plus à ses cours ni à ses petits boulots. Un soir, sa route croise celle de Risa, une lycéenne se prostituant. Rapidement, Miroku s'attachera à la demoiselle en se rendant compte qu'elle se fait harceler et manipuler par une autre fille, Hikaru. C'est alors que naitra en lui pour la première fois une pulsion meurtrière, pulsion qui trouvera une légitimité dans les propos d'une intervention télévisée ou général américain justifie un bombardement de civils au nom de la liberté et de la démocratie. Dès lors, Miroku trouve une justification dans ces idées, si ce meurtre permet de libérer le monde d'une personne aussi infâme. Il mènera alors une enquête pour se rapprocher de Hikaru et comprendre ses agissements. Mais pourra-t-il lutter contre ses propres envies criminelles ?

Syndrome 1866 est une adaptation très libre de Crime et Châtiment, le titre renvoyant d'ailleurs à l'année de parution de ce roman de Fédor Dostoïevski. Dans cet ouvrage, on suit les aventures d'un étudiant sans le sou voulant se prendre pour Dieu en tuant une jeune prostituée, puis regrettant les conséquences de ces actes. Naoyuki Ochiai reprend donc ici une trame similaire mais qui résonne pourtant de manière très moderne dans le Japon contemporain, hanté par de nombreux syndromes. Le Rakolnikov de Dostoïevski est ici remplacé par un Miroku qui montre son ressenti d'être au dessus de la masse par l'isolement qu'il finit par se créer par lui-même. Le voici donc devenu un NEET (Not in Employment, Education or Training) aux réflexions torturées, hésitant toujours dans le bien fondé de son projet. On est alors à des années lumière d'un Death Note dans le traitement psychologique de l'œuvre !

La série ne se focalise pas seulement sur son héros complexe et dépeint également les nombreux travers de la société nippone, avec en premier plan la prostitution des lycéennes, parfois entraînées dans ce monde bien malgré elles. Le problème de l'Ijime transparait par la relation entre Hikaru et Risa, qui n'a rien à envier à l'héroïne de Life. D'autres problème sont évoqués, comme le mariage de la sœur de Miroku qui semble surtout être pour l'argent, ou encore des maux plus internationaux comme les actions menées par l'armée américaine. Dans ce monde en crise, il n'est ainsi pas troublant de voir des jeunes s'y perdre et on comprend alors comment Miroku s'enfonce peu à peu dans ses envies de meurtre. Il s'ensuit alors un face à face très déstabilisant face à Hikaru, qui n'est également pas très saine d'esprit. Pourtant, on ressort de ce premier tome un peu frustré, en ayant surtout suivi les pensées du héros mais avec le sentiment que rien ne s'y est vraiment passé, ou presque. Les évènements sont certes dérangeants, mais manquent encore un peu d'impact pour nous emporter complètement, et la narration assez molle y est aussi sans doute pour quelque chose.

Si l'histoire parait assez intéressante, il faudra également surmonter le graphisme très particulier du mangaka. Le trait manque parfois de détails, et joue sur un malaise permanent avec des trames très sombre et des visages torturés. L'édition offerte par Akata est quant à elle de très bonne qualité au niveau du papier et de l'encrage, ainsi que du travail sur la couverture (hormis un autocollant sponsor très dispensable). On regrette en revanche quelques coquilles dans les textes. Au final, Syndrome 1886 apporte une vraie réflexion sur les instincts d'un héros destiné à devenir un meurtrier, tout en allant au delà du simple divertissement, en dénonçant des maux réels d'un peuple. Espérons que ce titre saura trouver son public malgré quelques obstacles à surmonter dans la forme.
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Wang Tianjun
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 13 mai 2010, 18:04

Syndrome 1866 2

Miroku est à présent déterminé à assassiner Hikaru, la proxénète qui manipule ses amies et qui ne ressent aucun scrupule dans ses agissements. Mais alors qu'il met peu à peu son plan en marche, le voilà à nouveau accablé de doutes. Sera-t-il capable d'aller jusqu'au bout de son intention ?

Après un premier volume qui prenait le temps de mettre en place l'intrigue de la série, Syndrome 1866 démarre véritablement et l'action s'accélère au fur et à mesure des pages. Miroku est dans un premier temps divisé par ses envies meurtrières, au bord de la schizophrénie lorsqu'on le voit émettre un dialogue intérieur. Mais très vite, le danger se resserre autour du jeune homme : les réseaux de yakuzas entourant Hikaru finissent par se méfier de lui. Dès lors, on pourrait croire que le récit allait entamer une temporisation... mais il ne s'agissait là que d'une manière pour Naoyuki Ochiai de faire rebondir son histoire de plus belle, après avoir bouclé la boucle des premières pages du tome précédent.

Le salut viendra d'un personnage que l'on attendait plus, la jeune Risa, victime d'Hikaru qui a fait naître les pulsions meurtrières de Miroku. Voyant dans le jeune homme son prince charmant, elle viendra à s'en rapprocher et à lui demander de l'aide directement. Bien plus qu'une simple cruche, Risa finira par nous intriguer par son désespoir et sa folie intérieure insoupçonnée... et devient au final un des protagonistes les plus réussis !

La machination se met alors en place tout au long du tome, notre héros imaginant tous les cas de figure possible... Y arrivera-t-il sans encombre ? La fin du volume vous le dira... après un suspens de très longue haleine. La seule ombre au tableau vient de l'édition, avec un lettrage des onomatopées plus que discutable (le chant des cigales s'imposant beaucoup trop). Un tome intense, ou la gravité de l'action se mêle à celle des réflexions, et mettant une claque au reste des pseudo-héros psychopathes en herbe (Light Yagami en tête).
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Koiwai » 14 mai 2010, 01:14

Tout est dit ! Beaucoup aimé ce volume, qui travaille en profondeur les interrogations de notre assassin en herbe jusqu'à ce qu'il s'exécute. Et que dire de Risa, qui passe, en quelques pages, du statut de cruchotte à celui de personnage ô combien intéressant, dégageant bien plus de tourments intérieurs qu'on n'aurait pu le croire au premier abord ?
Une seule hâte: voir, désormais, quelle tournure l'auteur va offrir à son oeuvre, mais je ne doute pas une seconde qu'il va continuer à s'intéresser à la psychologie-même de ses personnages, tout en les faisant encore plus sombrer du côté sombre de la force, pour notre plus grand bonheur.
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Wang Tianjun
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 11 juil. 2010, 20:41

Syndrôme 1886 3

Enfin, Miroku est passé à l'acte en se débarrassant de Hikaru ! Seulement, tout ne se passe pas comme prévu lorsque Risa arrive sur les lieux du massacre... Malgré toute sa préparation, le crime parfait du jeune homme n'était pas si parfait que ça. Que faire, à présent que l'irréparable a été commis ?

Alors que le second tome nous laissait sur un final à couper le souffle, Syndrôme 1886 3 repart sur la même folie avec un héros perdant totalement les pédales. La première scène de ce volume a de quoi, une nouvelle fois, retourner le cœur du lecteur. Miroku avait certes tout planifié les préparatifs de son crime, mais n'avait assurément pas pensé à gérer "l'après". C'est donc un tout nouveau personnage qui se présente à nos yeux, bouleversé par l'acte qu'il vient de commettre.

Mais avant de repenser au bien-fondé (ou non) de son action, Miroku doit d'abord penser à fuir. Naoyuki Ochiai nous retranscrit alors toute la paranoïa qui habite son personnage, qui commet plusieurs erreurs à la suite, et qui croit surtout que la police est déjà sur ses traces. A force de trop cogiter, l'assassin passe à côté de l'essentiel, comme mettre les armes du crime en lieu sur. Et en s'en rendant compte, il replonge un peu plus dans la panique. Le récit retranscrit parfaitement la descente aux enfers d'un jeune étudiant qui a voulu jouer à Dieu.

L'histoire prend également un autre point de vue, celui de l'enquête policière qui s'enclenche, offrant ainsi plusieurs pistes simultanées de lectures. D'autres intrigues s'y mêle, comme le milieu des yakuzas qui était fortement lié à la victime et qui suspecte déjà le jeune homme. La tension au fil du volume devient néanmoins un peu plombante à force de redondance, dans les crises d'angoisses du héros et ses multiples évanouissements. Et c'est alors que l'auteur opte pour une nouvelle voie que l'on attendait pas forcément..

Si la narration connait quelques maladresses et provoque certaines baisses de rythmes, la thématique du récit n'en est pas moins maitrisée et offre une toute nouvelle perspective maintenant que le point de non-retour a été franchi. Reste à savoir si la suite sera de même qualité...
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 16 sept. 2010, 19:50

Syndrôme 1866 4

Alors plongé dans le coma, Miroku se remémore de son passé et de sa rencontre avec Kaï Sudo, un salaryman aux mœurs étranges. Charismatique, coureur de jupons, cet homme traine derrière lui des rumeurs étranges, comme le fait d'être un meurtrier. Rédigeant alors un essai parlant d'un criminel, Miroku s'approchera de son supérieur pour l'observer... mais ne risque-t-il pas de se faire entrainer dans un monde de l'ombre qui le dépasse ? Et si ces évènements étaient à l'origine de ses pulsions assassines ?

Plutot que de revenir sur les conséquences de l'acte fatal de Miroku, Naoyuki Ochiai nous propose de revivre les moments-clés de son passé. C'est ainsi que nous le retrouvons plus jeune, en tant que stagiaire en entreprise, où il se fait continuellement sermonner. L'auteur dénonce ici les abus d'autorités des supérieurs, ainsi que les ambiances malsaines qui peuvent pourrir la vie de bureau. On retrouve également quelques pistes intéressantes sur le cadre familial de notre héros, comme les circonstance du décès de son père ou encore sa sœur qui n'est pas le modèle de réussite décrite dans les premiers volumes. Par tous ces éléments, la psychologie de Miroku se construit de manière implicite, et une relecture des premiers tomes s'impose suite à ces révélations.

Cependant, ce quatrième opus de Syndrôme 1866 tient surtout autour du personnage de Kaï Sudo, dont le charisme se ressentira dès sa première scène. Sudo est déjà apparu dans les cauchemars de Miroku, et semble représenter une sorte de diable personnifié: prostitution, violence, envies meurtrières... Cet homme prône toutes ces causes avec aplomb, de quoi désorienter notre héros peu sur de lui et l'emmenant sur les terrains du vice. Pourtant, Sudo n'a pas seulement une personnalité de crapule, mais peut aussi se révéler bon, et plus étonnant, faible et soumis... On espère alors revoir ce protagoniste très rapidement dans le présent de la série, tant il s'impose comme un véritable pivot dans l'évolution mentale de Miroku !

Ainsi, cet épisode sort de la linéarité de la série, mais ne s'en révèle pas moins indispensable. A défaut d'une enquête policière pour retrouver Miroku, le lecteur est invité à plonger dans son inconscient et à comprendre de lui-même les tréfonds de sa psychologie. L'auteur n'oublie pas également de soigner ses nouveaux héros et d'apporter une critique toujours très acide des travers de la société japonaise... Mais il est temps de revenir au présent, pour une suite dont on ne peut encore rien deviner.
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 15 nov. 2010, 22:03

Dire que ce topic est un bide, alors qu'il s'agit sans doute d'une des meilleures séries en cours de parution.... :(
Lisez Syndrome 1866, c'est un ordre !!! :twisted:


Syndrome 1866 5

Sortant de son coma qui lui aura permis de se remémorer les moments clés de sa vie, Miroku doit à nouveau faire face au monde réel, tandis que l'enquête sur le double meurtre de Hikaru et de Risa poursuit son cours. Se sentant toujours traqué, il refuse même de donner son nom au service hospitalier pour éviter de se faire rattraper par la police qu'il pense à ses trousses. C'est alors qu'un des compagnons de chambrée, Kikuo Ameya, ivrogne chronique, lui raconte son histoire...

Après un flashback passionnant, mais long, on pouvait espérer que le retour au présent serait des plus conséquents. Ainsi, lorsque Naoyuki Ochiai repart vers une nouvelle histoire annexe, on peut ressentir une certaine impatience, mêlée de frustration. Mais très rapidement, nos doutes sont vite effacés, par une histoire des plus tragiques. Professeur raté, Kikuo Ameya subit le chantages de ses élèves et se retrouve mêlé à une sordide histoire de productions érotiques mettant en scène des lycéennes filmées à leur insu. Seul rayon de soleil dans sa vie minable : la douce Ethika Sonoyama, douce demoiselle dont le charme ne le laisse pas indifférent. Mais cette attirance finira par virer dans le pire des cauchemars. Sans jamais tomber gratuitement dans le sordide, le mangaka nous offre un des passages les plus forts et les plus poignants de son histoire, si ce n'est du monde manga dans son ensemble. Son récit touche par la force du caractère d'Ethika, entre martyr et vengeance, et par sa narration des plus réalistes.

Et si Miroku devait être la clé de cette histoire tragique ? L'espace d'un instant, le voilà à nouveau s'imaginer régler les choses par le meurtre, alors qu'il est encore marqué psychologiquement par ses premiers méfaits. Sombrant toujours plus loin dans la schizophrénie, le voilà tantôt complètement paniqué et paranoïaque, tantôt défiant les autorités avec assurance, à la limite de l'inquiétant. Ses amis même ne comprennent pas pourquoi son caractère est autant perturbé, tandis qu'il sombre peu à peu dans le renfermement psychologique. Le scénario et ses personnages peuvent imploser à tout moment, rendant alors le rythme du récit toujours sur le fil. Syndrome 1866 est une œuvre qui nous captive, nous transporte, et qui nous marque profondément avant de nous laisser en ayant emporter une partie de nous avec elle.

Toute la tension accumulée durant ce tome finira bien par exploser dans un final imprévisible. Si l'emportement des personnages rappelle le terreau de base romanesque de Crime et Châtiment, les émotions dépeintes ici n'en ressortent que plus humaines. Comment a-t-on pu douter, en début de volume, de ne pas tenir en main un chef d'œuvre ? Une grande claque, tout simplement.
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Koiwai » 15 nov. 2010, 22:39

Je confirme les dires de Tianjun ! Un volume très fort, pour une série qui me fout une claque un peu plus forte à chaque tome. Probablement l'une des meilleures nouveautés de l'année, et ça me fait d'autant plus regretter de ne pas pouvoir me rendre à Lyon pour voir l'auteur lors de la Japan Touch (examens la semaine suivante, budget serré, et pas de logement sur place ><)
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Gladior » 16 nov. 2010, 00:19

J'attendais cette série avant qu'elle sorte, mais malheureusement j'ai eu quelques soucis budgétaire pour pouvoir les acheté directement ^^ Alors j'ai pris du retard ... C'est pour ça, je viens pas en parlé, mais j'ai fait un peu de pub autour de moi, car je suis de ton avis, c'est vraiment une très bonne série, même si j'ai seulement lut les trois premier tomes.
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 13 janv. 2011, 22:41

Syndrôme 1866 6

Suite à son entrevue avec l'inspecteur Mekata, Miroku se retrouve à nouveau convoqué au commissariat ! Mais à sa grande surprise, ce n'est pas un interrogatoire en règle qui l'attend, mais la rencontre avec l'énigmatique Kurôdo Goï. Procureur au parquet de Tokyo, Goï déclare avoir été pris de passion pour "Le Don du Moissonneur", nouvelle réalisée par Miroku décrivant le parcours d'un tueur en série... La véritable nature de l'assassin va-t-elle bientôt voler en éclats ?

Après avoir posé l'intégralité des bases de son intrigue dans la première moitié de son œuvre, Naoyuki Ochiai oriente maintenant son récit dans un aspect beaucoup plus philosophique. Sous-titré "Confrontations" (un pluriel qui a de l'importance), ce sixième volume présente un Miroku clamant ou au contraire réfrénant ses convictions face à de nouveaux intervenants, qui joueront sans nul doute un rôle-clef dans son évolution comme dans l'intrigue. A commencer par le redoutable procureur Goï, à la troublante bonhommie, et qui semble avoir déjà démasqué notre pauvre héros. Mais plutôt que de suivre une enquête classique basée sur une succession d'indices, Goï pousse à bout Miroku dans de longs discours philosophiques, sur la nature des tueurs, sur la possible division du monde entre puissants et faibles, et sur la légitimité de tuer. Le procédé scénaristique rappelle dans une certaine mesure les passages tant décriés du Coffre aux Esprits, mais ici, l'impeccable adaptation permet de nous en faire comprendre toutes les subtilités et éveiller notre propre avis sur le sujet...

Les confrontations se poursuivent ensuite avec l'entourage proche de Miroku : ses amis, mais aussi sa famille débarquant fraichement à Tokyo. Un obstacle de plus pour le jeune homme qui ne veut ni les exposer au danger, ni exposer sa propre part d'ombre, refusant la plupart des contacts humains. Pourtant, malgré ses convictions, la force de caractère d'Ethika, malheureuse jeune femme rencontrée au volume précédent, pourrait bien changer sa vision du monde, et même susciter chez lui un certain émoi...

C'est donc un tome bien plus axée sur la réflexion plutôt que l'action qui nous est proposé ici, offrant ainsi moins de passages chocs et plus de légèreté, avec même quelques passages comiques ! On pourra même en dénoter quelques maladresse, comme l'incursion malhabile de la religion chrétienne, très présente dans le roman, et qui fait plutôt office ici de clin d'œil. Néanmoins, Miroku nous fait partager toutes ces tortures psychologiques, se révélant tantôt charismatique, tantôt misérable, et l'on ne peut s'empêcher de le suivre du regard. Si les passages présentés ici sont très respectueux de l'œuvre de Dostoïevski, ils n'en ont aucunement perdu de leur force, et relèguent toutes les séries de Brain-Fight à la mode en fond de cour. Bienvenue dans la tête d'un tueur !
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Taekuro
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Taekuro » 15 janv. 2011, 14:13

Je n'ai commencé que deux séries ces 12 derniers mois et syndrome 1884 en fait partie, une excellente lecture bien que la tentative de se rapprocher de l'oeuvre de Dostoïvski est un peu biaisée. Simple curiosité, quelqu'un connait le volume d'impression et de vente du manga ?
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