Happy!

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Wang Tianjun
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Happy!

Message non lu par Wang Tianjun » 19 avr. 2010, 11:24

"C'est donc ça... la méthode pour gagner 250 millions ?"
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Happy !
Fiche technique :
  • Auteur : Naoki Urasawa (Monster, 20th Century Boys, Pluto,...)
  • VO : Première édition de 1993 à 1999, 23 tomes, puis Réédition de luxe en 15 tomes, de 2003 à 2004, chez Shogakukan
  • VF : Edition de luxe chez Panini manga depuis avril 2010, un tome (en cours)
  • Fiche complète sur Manga-News
Synopsis :
Suite à la disparition de ses parents, Miyuki Umino est une jeune fille de 17 ans qui s'occupe de ses deux petits frères et de sa petite sœur, en subvenant comme elle peut à leurs besoins, tandis qu'Ieyasu, aîné de la famille, revient parfois les bras chargés de cadeaux, en visant des plans de carrières utopiques. Mais un jour, ce dernier disparait après avoir contracté une dette phénoménale de 250 millions de yens ! Ses créanciers se tournent alors vers Miyuki pour récupérer leur dû, quitte à devoir la mettre sur le trottoir. C'est alors qu'elle décide de se battre et de trouver une voie plus glorieuse, en revenant à une de ses passions oubliées : le tennis !

Un mot sur l'auteur :
Happy! signe le retour chez l'éditeur Panini Manga de l'illustre mangaka Naoki Urasawa, qui a décidément le vent en poupe cette année en France : la parution de l'artbook Manben et de Pluto (Kana) , la suite et fin de la trilogie cinématographique de 20th Century Boys... Mais la sortie de cette oeuvre constitue un micro-évènement en soi, puisqu'elle signe l'arrivée des séries de l'auteur antérieures à son premier best-seller mondial, Monster. En effet, Urasawa a toujours considéré ses travaux précédents comme imparfaits et inadaptés pour le public étranger. Pourquoi un tel revirement ? En outre, Happy ! a connu un destin particulier au Japon, car boudée par les premiers fans du maître : la série aura-t-elle un meilleur sort en France ?

Un manga sportif ? Non, mais un manga avec du sport dedans !
En effet, fort de son premier grand succès, Yawara (mettant en scène une jeune judoka), Naoki Urasawa lança en 1993 cette nouvelle série, basée sur le tennis. Mais il ne voulut pas se limiter à un simple manga de sport, cherchant alors à se focaliser sur la nature humaine. Cette volonté se ressent ainsi très fortement sur ce premier tome, où il faudra attendre le quatrième chapitre pour véritablement voir quelques échanges de balle ! En lieu et place, on y trouve des yakuzas et tout un monde mafieux à base de réseaux de prostitution. Ainsi, contrairement à la plupart des récits sportifs où le héros a un talent inattendu ou une passion depuis toujours, Miyuki décide de revenir sur les courts, poussée par une volonté de survie, devant un problème insolvable. Son défi peut paraitre ambitieux, exagéré, mais sa détermination la font profondément croire en sa chance... avant que l'entourage ne se rende compte d'une évidence grandissante dans le destin de la jeune femme. On retrouve alors une héroïne idéale, sure d'elle sans être insupportable, et laisse présager des futurs Anna Liebert et Kanna Endo.

Si les thématiques abordées peuvent sembler lourdes, c'est sans compter sur la qualité de la narration qui apporte une très grande légèreté. La série joue sur un registre comique sans être humoristique, et est sublimée par une galerie de personnages hauts en couleurs, à commencer par la paire de yakuzas, Junji et Momotaro, véritables faux méchants. Le duo met la pression à la demoiselle mais ressent également beaucoup d'empathie pour elle, finissant par croire en ses chances. D'autres protagonistes loufoques viendront faire leur apparition, comme l'excentrique et non moins intraitable Utako Ohtori, gérante de la plus grande école de tennis du pays, à l'entrée en scène remarquable, mais également Choko Ryugasaki, jeune idol grandissante dans ce sport. Comme à son habitude, Urasawa dévoile une galerie de caractère fortement attachants, en nous présentant également quelques tranches de vie des plus savoureuses, notamment quand Miyuki s'occupe de sa petite fratrie. Ainsi, on rentre très rapidement dans cette vie avec des hauts et des bas, mais portée par un positivisme permanent, justifiant parfaitement le titre de l'œuvre ! Sans oublier, pour autant, des réflexions sur les relations humaines et certaines bassesses de l'Homme.

Le trait de l'auteur n'a pas tellement vieilli malgré les années. On lui retrouve un style proche de celui de Monster, avec des visages légèrement plus ronds. On pourra cependant noter que ces derniers sont parfois assez figés dans leurs expressions. En revanche, alors que le défaut majeur de l'auteur concerne les scènes d'actions, ici les échanges de tennis sont parfaitement lisibles. Panini Manga nous fait grâce ici directement de l'édition de luxe, avec un travail similaire à celle de City Hunter. On y retrouve quelques pages en couleurs, en quadrichromie ou en bichromie. Petit bémol toutefois au niveau de la qualité du papier, qui, trop fin, laisse transparaitre la page suivante par transparence. L'éditeur a également opté pour un grand format, épais, avec un certain travail sur la couverture. Un simple autocollant vient gâcher l'ouvrage, mais fort heureusement, il est facilement décollable ! La dernière bonne surprise vient du prix : à moins de dix euros les trois cents pages, on aurait tort de se priver !


Jeu, set et match !
Il est finalement très difficile de classer Happy ! dans une mangathèque : série sportive ? histoire mafieuse ? récit tranche-de-vie ? Naoki Urasawa nous offre ici de nombreux niveaux de lecture, en nous emmenant sur des terrains qu'on ne lui connaissait pas. On pourra alors penser à d'autres illustres auteurs, comme Mitsuru Adachi ou Tsukasa Hojo. Pour les adeptes du maître, elle permet également de comprendre le tournant majeur de sa carrière, le moment où il commença vraiment à prendre des risques et à aller vers ce qui lui tenait à cœur. Cependant, il faut aussi savoir que les contraintes éditoriales en ont voulu autrement, et recentreront l'œuvre sur son côté sportif. Mais pour l'heure, ce premier volume se révèle fortement prometteur, un véritable incontournable pour les fans de l'auteur, qui ne manqueront pas d'exprimer leur joie !
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Raimaru
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Re: Happy!

Message non lu par Raimaru » 19 avr. 2010, 15:07

Je suis totalement conquis ! Malgré quelques défauts apparents, notamment une certaine mièvrerie, je m' abandonne totalement à l'intrigue, qui est très rafraichissante ^o^
J'adore le côté oldschool, et en plus, les mafieux me font penser aux méchants de Nicky Larson. Un titre qui au tome 1 est savoureux et ensoleillé !
Là, chapeau Panini, on en a pour notre argent ^^
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né un11septembre
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Re: Happy!

Message non lu par né un11septembre » 19 avr. 2010, 15:10

ce Happy fait partie de cette facette cachée de la carrière d'Urasawa dont on a plublié jusqu'à maintenant que les thrillers.
Urasawa débute avec des séries loufoques comme le "policier dansant", pineapple army (largement ignoré à sa sortie et qui a du motiver Urasawa dans sa réserve à laisser adapter d'autres titres) ou yawara qui offre un canevas assez semblable à celui d'Happy.
Yawara présentait une jeune fille issue d'une longue lignée de judoka est forcée de participer à des compétitions pour perpétuer la renommée familiale. des organisateurs de tournois récalcitrants et de quasi insurmontables adversaires offrent les rebondissements de l'intrigue.
Happy offre aussi le portrait d'une jeune fille sportive et volontaire mais un contre-pied (un peu) plus sérieux avec cette part donnée aux yakuzas.
le dessin est déjà mature. Urasawa a eu le temps d'évoluer graphiquement sur yawara.
Presqu'aux antipodes de monster et pluto, c'est une redécouverte de l'auteur lui-même qui s'opère à la lecture de ce premier tome. pour une fois un travail d'adaptation bien fait de la part de panini (par contre les tomes sont parfois mal manufacturés avec la jaquette coupée aux pliures ou couverts d'énormes bavures de colle de la reliure).

il y a encore beaucoup de titres trés éloignés de l'Urasawa que nous connaissons comme Yawara et master keaton pour compléter la bibliographie.
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Wang Tianjun
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Re: Happy!

Message non lu par Wang Tianjun » 19 avr. 2010, 15:14

né un11septembre a écrit : le dessin est déjà mature. Urasawa a eu le temps d'évoluer graphiquement sur yawara.
Puisque tu mets le doigt dessus, mon confrère Drucci de La Base Secrète a découvert qu'il y a eu des changements graphiques dans certaines cases pour la version deluxe de Happy!, notamment lors de zoom sur les visages des personnages.

A gauche, l'originale, à droite, la deluxe :

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né un11septembre
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Re: Happy!

Message non lu par né un11septembre » 19 avr. 2010, 15:20

Wang Tianjun a écrit :
né un11septembre a écrit : le dessin est déjà mature. Urasawa a eu le temps d'évoluer graphiquement sur yawara.
Puisque tu mets le doigt dessus, mon confrère Drucci de La Base Secrète a découvert qu'il y a eu des changements graphiques dans certaines cases pour la version deluxe de Happy!, notamment lors de zoom sur les visages des personnages.
si il a retouché des cases, ça explique d'autant mieux la raison de son adaptation en français. (je n'ai même pas pensé à comparer cette version avec les scantrads que j'en avais).
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shun
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Re: Happy!

Message non lu par shun » 19 avr. 2010, 15:21

sur ces 2 ex je préfère la gauche soit l'original ... comme quoi.
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jojo81
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Re: Happy!

Message non lu par jojo81 » 19 avr. 2010, 15:32

Je suis du même avis que Shun: j'ai une toute petite préférence pour l'original.
Argh, j'ai du mal à comprendre pourquoi Urasawa a honte de ses si beaux dessins.
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Peter Cohen
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Re: Happy!

Message non lu par Peter Cohen » 26 mai 2010, 16:42

J'ai enfin lu le premier tome hier après-midi.
Je suis vraiment conquis. Comme vous le dites je redécouvre l'auteur. Toujours ce trait qui me ravis à chaque case, un découpage très bien fait et assez rare pour être souligné, une bonne édition de panini.
Pour une fois je trouve que le prix est vraiment attractif pour ce que l'on a à lire.

Un très bon tome.

Je suis impatient de lire la suite pour pouvoir donner un avis plus construit
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shun
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Re: Happy!

Message non lu par shun » 26 mai 2010, 19:52

tome 1 :

he bien pour l'instant mon avis est assez mitigé ... l'héroine est sympa, le côté tennis aussi même si c'est très axé shonen pour ces capacité, mais alors l'histoire des mafiosi je passe ... que ce soit les scènes sérieuses ou autres, ils pourrissent l'histoire.
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Wang Tianjun
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Re: Happy!

Message non lu par Wang Tianjun » 10 juin 2010, 21:19

Happy! 2

Alors qu'elle l'avait totalement pris en grippe, Utako Ohtori a finalement décidé de faire suivre à Miyuki un entraînement drastique. Mais l'optique est surtout de l'utiliser en vue d'humilier la famille rivale des Ryugasaki, notamment la narcissique Choko. C'est ainsi que Miyuki va être amenée à participer à son premier tournoi de tennis professionnel ! Mais alors que la jeune fille cherche toujours a rembourser ses dettes, certaines personnes mal intentionnées convoitent également le magot...

Ce second volume de Happy! rentre dans le vif du sujet en entrant profondément dans le sujet du tennis. Et pourtant, paradoxalement, très peu d'échanges de balles sont présentés au fil des pages. Paradoxal ? Non, car Urasawa aborde la thématique sportive autrement, à sa manière, en décrivant d'avantage tout ce qui peut se passer en-dehors des courts. L'accent est en effet surtout porté sur la rivalité entre les différentes joueuses, et sur différentes brimades qu'elles infligent à la pauvre Miyuki. Le tout, sous l'impulsion d'une Choko qui se délecte des souffrances de la demoiselle. L'ensemble est parfois un peu grossier, surjoué, mais on sent que Urasawa assume parfaitement le portrait légèrement caricatural qu'il dessine du milieu.

Il est vrai qu'il y a de quoi plaindre notre pauvre héroïne ! Elle subit un entrainement féroce pour arriver au niveau du tournoi, subit les pires coups bas de ses adversaires, passe pour la méchante et, une fois rentrée chez elle, doit encore s'occuper tant bien que mal de ses trois frères et sœurs ! Pourtant, Naoki Urasawa réussit à éviter l'écueil du pathos façon princesse Sarah, grâce à son talent narratif. Les divers malheurs apparaissent avec un effet comique, et Miyuki ne se laisse jamais démonter, ce qui réduit totalement l'effet dramatique de ces épreuves. Néanmoins, les pires problèmes sont encore à venir, avec le groupe de yakuzas qui, s'il est bien moins présent que dans le premier opus, continue de surveiller ses intérêts de près.

Une héroïne volontaire, un peu (beaucoup) naïve mais qui ne se laisse jamais abattre, et une rivale égocentrique et ambitieuse que l'on adore détester : voici le fil des deux destins que l'on suit au fur et à mesure, et dont le rapprochement semble inévitable. Qu'on se le dise, Happy! n'est pas un manga sportif, mais un manga sur le sport. On y voit les intérêts, les bassesses, les joies et les peines de ce milieu. Et une nouvelle fois, malgré l'impressionnant nombre de pages, le tout se lit avec grand plaisir et d'une seule traite, laissant sur un cliffhanger dont Urasawa a le secret !
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