La Chenille

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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La Chenille

Message non lu par Koiwai » 23 oct. 2010, 15:43

La Chenille
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Après L'île Panorama, la Chenille constitue la deuxième adaptation en manga d'une nouvelle de Ranpo Edogawa, romancier fondateur du mouvement eroguro (érotique-grotesque), par Suehiro Maruo, auteur souvent considéré comme l'un des plus grands successeurs de Ranpo. Il n'est donc pas illogique de voir ici le deuxième adapter à nouveau le premier en bande dessinée, pour un résultat résolument unique qui ne laissera aucun lecteur de marbre, et que les éditions du Lézard Noir nous proposent de découvrir en cette fin d'année 2010.

Lorsque Tokiko retrouve son mari, rapatrié après avoir été grièvement blessé au combat, il n'est plus qu'un homme-tronc : le lieutenant Sunaga a perdu bras et jambes et ses blessures l'ont rendu sourd-muet. Condamnée à vivre recluse avec lui, Tokiko va peu à peu se noyer dans les plaisirs de la chair, poussant la perversion de plus en plus loin, entre dégoût et fascination, jusqu'à commettre l'irréparable...

C'est sur cette idée de base que la Chenille nous invite à suivre les dites perversions de Tokiko, qui, dans un premier temps sous le choc en récupérant son mari dans cet état, va ensuite ressentir une certaine forme de dégoût face à lui, puis va, petit à petit, se laisser aller avec lui dans des plaisirs sexuels de plus en plus dérangeants, déviants, confinant au sadisme en voyant souffrir cet être difforme et sans défense qu'est devenu son mari, sadisme qui atteindra son apogée à la fin du récit, lors d'un acte pulsionnel d'une cruauté sans égal que la femme regrettera rapidement.

Mais avant d'en arriver là, Maruo nous invite à découvrir de manière explicite les différentes étapes des perversions grandissantes de Tokiko, grâce à un style graphique d'une grande finesse, riche en détails, qui n'épargne rien et ne manque pas de provoquer une sorte de profond dégoût, ne serait-ce qu'à la vue de cet homme-tronc sévèrement mutilé. Le point où la chose se fait plus dérangeante réside en ceci que le dégoût se mêle volontiers au plaisir que prend l'héroïne dans la situation profondément cruelle et grotesque de son mari.
Le lecteur, quant à lui, ne peut s'empêcher de trouver la situation réellement ridicule, notamment à la vue de cet impuissant homme-tronc, et certaines pages partagent entre l'écoeurement et l'envie de sourire. Du sadisme ? Peut-être bien. Le malaise est bien là, Maruo parvenant à faire ressortir certaines déviances du genre humain, et la réussite de la Chenille réside probablement avant tout en cela.

Pourtant, la Chenille nous laisse un peu sur notre "faim". La brièveté du récit, durant à peine plus de 140 pages, laisse les choses se passer assez rapidement, et les différentes étapes des perversions déviantes de Tokiko apparaissent finalement peu nombreuses, voire peu variées, et le travail sur l'évolution de l'héroïne dans ce sens reste finalement survolé. Et là où les lecteurs simplement curieux de voir un manga du genre eroguro risquent d'être tout bonnement complètement rebutés par l'aspect très cru de l'oeuvre, les habitués et amateurs du genre pourraient bien ne pas avoir leur compte. Reste que le talent visuel de Maruo, lui, est bel et bien là.

S'il faudra débourser 16€ pour l'ouvrage, les éditions du Lézard Noir nous offrent une édition impeccable en tous points. Le grand format met bien en valeur les dessins du mangaka, le papier est d'excellente qualité, la traduction convaincante. On saluera les premières pages en couleurs, et surtout l'excellente et assez longue postface revenant sur le genre eroguro, Ranpo Edogawa et Suehiro Maruo. De l'excellent travail.
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jojo81
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Re: La Chenille

Message non lu par jojo81 » 15 nov. 2010, 00:10

Et hop je me met à l'ero-guro avec la chenille après avoir entendu le plus grand bien de Suehiro Maruo. Cela a participé à mon attrait pour le titre mais pas seulement. Les différents articles et chroniques que j'ai pu lire mettaient en exergue le côté malsain et dérangeant du titre. Je fut donc bien intrigué.

L'histoire prend place au Japon Tokiko retrouve son mari, le lieutenant Sunaga, alors revenu de la guerre. Le Problème ? Ce pauvre lieutenant ce trouve être devenu un homme-tronc. Il n'a plus de bras ni de jambe. Mais ce n'est pas tout sinon ce ne serait pas drole, il est privé de ses organes auditif et vocal. Seule, Tokiko va devoir s'occuper de son mari avec tout les sacrifices que cela engeandre.
Ce n'est pas pour autant que Tokiko ne va pas prendre du plaisir avec son mari. La perversion de la femme qui va s'agrandir au fur et à mesure que le récit avance.

Qu'on se le dise la chenille est un titre dérangeant qu'il ne faut pas mettre à la portée de n'importe. Public jeune et/ou sensible, passez votre chemin, ici on ne parle pas de chasse aux papillon. L'aspect malsain se ressent des les premières pages en couleurs. Le récit suit son déroulement jusqu'à la première scène de sexe entre Tokiko et se lui sert de mari. Très explicite, voilà ce qui en ressort.
Le style narratif de Suehiro Maruo est vraiment plaisant. Malgré l'aspect dérangeant du titre, on se plait à lire la chenille. Les dialogues sont parfaitement écrit et le récit est fluide et bien organisé. A mesure que l'histoire progresse, les ébats des deux protagonistes deviennent de plus en plus perverts et sadiques. Du sentiment de pitié, Tokiko est passée à celui de dégout. Ajouté à cela l'envie. Car si son mari arrive à la dégoutter ce n'est pas pour autant qu'elle n'en a pas envie. Maruo parvient parfaitement à maitriser son récit et à jouer entre une Tokiko sadique et son mari totalement impuissant, qui ne peut ni bouger ni s'exprimer. On regrettera juste que ce one shot soit trop court. La chenille se lit vite.

Au niveau des graphisme, rien à redire. Le style de Suehiro Maruo est très plaisant. Le dessin est très réaliste que ce soit au niveau des personnages et du décors. Le découpages des cases est parfaitement géré. Ce qui, en marge de l'excellent travail scénaristique, ajoute de la fluidité au récit. Maruo, c'est beau.

Du côté de l'édition Lézard Noir à fait de l'excellent travail. Les 16 euros dépensés seront parti dans un beau livre. La couverture est très attrayante, souple et agréable au touchée. On a droit à 4 jolies pages colorées en début de livre. Le papier est de bonne qualité et la traduction est fluide. Je n'ai pas trouvé de problème d'encrage ou d'orthographe en lisant le livre. On dossier très intéressent est disponible en fin de livre. On retrouve l'appellation "Pour public averti" sur la couverture à l'arrière du manga. Pas forcément visible malgré sa grande taille, elle aura le mérite de ne pas gâché l'avant de la couverture.

Pour conclure, la chenille s'impose comme un excellent titre qui ne manquera pas de dérangé. Graphiquement beau et bien scénarisé, ce manga est réservé à un public averti et adulte.
Pour ma part je pense rapidement me procurer les autres oeuvres de l'auteur.
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