Tome 9: bon, c'est juste mauvais donc y a du mieux
Après un huitième volume qu'on aura préféré effacer de notre mémoire, Wolf Guy revient avec un neuvième tome qui s'annonçait tout sauf meilleur tant la fin du précédent opus n'annonçait rien de bon.
Après 200 pages d'un viol dont on cherche encore l'intérêt, il ne reste à présent plus que dix minutes à Akira pour sauver Mlle Aoshika. Dix minutes avant le moment fatidique où son visage sera dévoilé à la face du monde. Après tant de péripéties, on ne souhaite qu'une chose à notre héros: parvenir à temps afin de réussir ce pour quoi il a fait tant d'efforts, luttant contre un ennemi qui ne semble pas connaître de limites dans l'horreur. Mais Akira, depuis le début, a-t-il seulement la moindre chance de sauver Aoshika à temps ?
C'est bien là tout l'enjeu du début de ce volume, qui conclut la quête d'Akira de manière on ne peut plus cruelle, assombrissant toujours plus un récit au sein duquel les auteurs montrent qu'ils sont bien décidés à offrir une oeuvre noire jusqu'au bout. Les scènes-choc s'enchaînent sous les yeux de notre héros, impuissant face à Haguro, rongé par son désir de faire éclater à la face du monde la réelle identité de notre héros et de montrer contre quoi il a décidé de se battre. Ces scènes-choc sont toujours portées par des représentations assez franches du viol, mais moins poussées, et qui ont surtout une utilité plus visible qu'auparavant, faisant bien ressortir toute la noirceur de l'âme de Haguro (reconnaissons un mérite à l'oeuvre: rarement un méchant de manga n'a paru aussi horrible) et l'aspect très malsain qui va avec. Reste qu'après le tome précédent, cet arc centré sur le viol d'Aoshika commence sérieusement à lasser, tant l'indigestion frôle et on a l'impression que les choses n'avancent pas. Mais voir ici Akira subir, les unes après les autres, les épreuves cruelles infligées par un Haguro qui ne connaît aucune limite, a de quoi mettre réellement mal à l'aise.
Sur ces événements mettant toujours plus en avant l'horreur qu'inspire Haguro et la pureté de la relation entre Akira et la pauvre Aoshika, on se retrouve déjà quasiment à la moitié du volume, en ayant surtout la sensation, malgré l'ambiance créée par les auteurs, qu'il ne s'est une nouvelle fois quasiment rien passé de très intéressant. Haguro est un monstre, Akira un bon gars. Ok. Mais ça, les auteurs nous le rabâchent sans cesse depuis le début de la série, et ce qui vient de se passer n'apporte finalement rien de nouveau. Quant à Aoshika, dommage que les auteurs n'aient pas cherché, avant d'en faire un objet sexuel contre son gré, à la rendre un minimum intéressante.
L'un des gros problèmes de Wolf Guy vient de là: en 9 tomes, rien n'a bougé. Les personnages restent campés sur leurs positions, rien n'évolue, on cherche toujours l'histoire de loup-garou qu'on attendait et qui n'apparaît que par bribes, et les auteurs se contentent finalement, depuis le départ, d'enchaîner des scènes-choc autour de l'horreur de ses personnages, de la violence et du sexe... Un minimum d'histoire aurait été de trop, apparemment. Reste que quand ils s'y mettent, les auteurs savent faire de l'oeuvre un vrai manga d'ambiance, une ambiance que l'on aimera ou pas, mais qui, dans tous les cas, commence tout de même sérieusement à lasser tant on a l'impression qu'il n'y a rien d'autre. Le thème du loup-garou et la critique humaine promis, entre autres, sont de plus en plus difficiles à entrevoir.
Pourtant, il arrive, de temps en temps, que Wolf Guy propose une idée réellement intéressante, et c'est ce qui se produit dès la fin de cette longue première partie de l'arc du viol d'Aoshika, via le chapitre nommé "Le Buzz", pas fin pour un sou, mais intéressante mise en abyme du sexe et de l'impact malsain qu'il peut avoir sur les personnes dans notre société où tout se base sur l'information et les buzz. Mais la suite du tome fait retomber Wolf Guy dans ses travers. Le retour sur le devant de la scène du journaliste Akira Jun et de la dévergondée Ryûko avait de quoi apporter un renouveau, mais l'on attend toujours de savoir à quoi sert le premier. Quant à la deuxième, elle revient sur le devant de la scène pour être exactement comme elle a toujours été: une débauchée assoiffée de sexe. Les auteurs s'appuient à nouveau sur un élément déjà largement utilisé auparavant sans rien y apporter de neuf, en profitant juste pour présenter une nouvelle scène un peu scabreuse qui prend comme prétexte les prémisses de la révolte d'Akira. Car oui, ça y est, après 9 tomes de passivité donnant envie de le baffer, notre héros semble bien décidé à prendre les choses en main, au vu de dernières pages laissant présager un tome 10 tout sauf finaud (on est dans Wolf Guy, oh !). Mais on ne peut s'empêcher de trouver tout cela très mal amené. L'annonce du réveil d'Akira au contact de certaines personnes paraît très bancal, surtout quand les dites personnes restent figées depuis le début dans leur rôle de faire-valoir et qu'elles se paient le luxe d'avoir des réactions incohérentes tout sauf crédibles. Et quand on pense qu'il a fallu 9 tomes pour en arriver là...
En somme, s'il reste pourvu d'énormes défauts qui lui enlèvent toute crédibilité, ce neuvième tome remonte la pente dont le fond avait été atteint par le volume 8. Le manga d'ambiance est toujours là, divisera les foules, mais l'interminable étirement de l'ensemble autour d'un scénario qu'on cherche encore souvent tant il n'a pas évolué d'un pouce, lui, ne trompe pas quant à la médiocrité du contenu.