Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,....

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Crack
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,....

Message non lu par Crack » 08 août 2008, 19:31

Le Journal d'une Disparition (One Shot) :

One Shot tout à fait atypique édité par Made In, Journal d'une Disparition l'histoire vraie d'Hideo Azuma, célèbre manga des années 1970 ayant tombé dans la sphère destructrice de la dépression et de l'alcool.
Une histoire d'autant plus touchante qu'elle est avérée, et que la narration est tout à fait naïve, comme enfantine, à l'instar du dessin, volontairement rond, courbé, gamin. Et bizarrement, ce trait que j'aurais trouvé hideux dans tout autre mangas, je le trouve charmant dans ce si particulier Journal.
Le quotidien de l'ex mangaka se divise en trois parties, toutes aussi intéressantes les unes que les autres (quoique j'ai une préférence pour la première) : sa vie de sans abri, sa tentative de réinsertion par le biais du travail, et son hospitalisation. Chacunes sont d'une sensibilité rare, assez perturbantes car mettant en exergue plusieurs travers de la société actuelle (quoiqu'ils sont malheureusement intemporels).
Un témoignage touchant, atypique et instructif, que je vous invite instamment à découvrir. Merci Kana !

Sorrow
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Undercurrent

Message non lu par Sorrow » 02 févr. 2009, 20:22

Undercurrent

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Auteur : Tetsuya Toyoda
Éditeur : Kana, collection Made-in
Traducteur : Thibaud Desbief
Nbr. de volumes : 1 (One-shot)

Kanae gère un établissement de bains publics avec son mari Satoru. Tous deux sont aidés dans leur tâche par la tante de Kanae. Lorsque Satoru disparaît mystérieusement, les rumeurs vont bon train : accident, fuite, liaison secrète… Beaucoup jugent la jeune femme, trop autoritaire, trop indépendante. Dans l’impossibilité de continuer à assumer la gestion de l’établissement sans son mari, Kanae accueille un jeune homme, M. Hori, envoyé par le syndicat des bains publics pour l’aider. (source: manga news)

À travers un récit sans artifice, sans paillettes, Tetsuya Toyoda nous emmène dans un univers triste et mélancolique. En s'attachant simplement à décrire le quotidien d'une jeune femme, abandonnée brutalement par son mari sans un mot d'explication, il parvient à faire ressortir dans son oeuvre toute la détresse de son héroïne, sa fragilité et sa force. Et tout du long du manga, une question taraude le lecteur et Kanae : qu'est ce qui a motivé cette décision, ce silence soudain ? Ils étaient mariés, ils devraient bien se connaître... En fait non, pas suffisamment, voire pas du tout.
Kanae se remet lentement de ce choc, notamment grâce à la présence d'Horii, homme mystérieux, un peu taciturne et à l'air blasé, mais très fiable et sur qui on peut compter. Support indispensable pour Kanae, pour éviter de sombrer. Tout comme le détective privé qu'elle a engagé pour retrouver Satoru. Homme très ouvert et direct, à chacun de ses rapports il ouvre un peu plus les yeux à Kanae sur ce que signifie une véritable relation. Connaître quelqu'un dans le fond, qu'est ce que ça veut dire ? Connaît-on quelqu'un parce qu'on sait ce que la personne aime, son passé, ses envies et ses habitudes ? Et si tout cela se révèlait être seulement un mensonge ? Pire encore, veut-on même seulement connaître la vérité ?
Ce sont ces questionnements qui porte Undercurrent, qui lui confère cette portée bien plus large et humaine que le simple récit d'une femme abandonnée par son mari. "Connaître quelqu'un, qu'est ce que cela signifie ?" est une question que nous sommes tous un jour ou l'autre amené à méditer. Toute personne garde en elle un ou des secrets qu'elle ne peut avouer à personne, même à ceux qu'elle aime. Satoru a fui pour échapper à quelque chose en lui qui lui pesait énormément; Kanae a tenté de refouler en elle un profond regret du passé; Quand à Horii... Chacun de ces personnages a affronté ses peurs d'une façon différente, à sa manière. Mais aucun ne l'a fait en se confiant à un de ses proches. Tous ont gardé le silence, de peur de ne pas être compris ou trop honteux pour en parler. Pas de la meilleure façon possible donc, mais ils ont géré leurs problèmes du mieux qu'ils l'ont pu à ce moment de leur vie, d'une façon humaine. Mais en fin de compte, c'est ce silence qui les a dévoré lentement et rendus tristes.
Mais malgré tout ces thèmes lourds de sens, ce manga se lit avec un sourire tranquille aux lèvres, ou un air mélancolique, au choix. Les petits détails du quotidien de Kanae et de Horii donnent le sourire et rend le tout plus concret et réaliste, nous plongeant davantage dans l'ambiance.

Mais Undercurrent ne serait pas ce qu'il est sans le dessin et la mise en page de Toyoda. Si l'ensemble peut sembler un peu froid, notamment à cause du sujet traité, c'est la vie qui prédomine tout du long du récit. Le travail sur les regards, les décors, les personnages, la portée des histoires intermédiaires... Un peu contemplatif parfois, tout ces éléments nous plongent encore plus dans l'ambiance, font avant tout ressortir la vie, et pas le désespoir, le regret ou la confusion, même si ceux sont toujours présents, prêt à ressurgir à tout moment. On prend vraiment son temps à la lecture, on réfléchit, on a le même air songeur ou peu un triste que les personnages face au évènements auxquels on assiste, et on regrette un peu en refermant le livre de ne pas pouvoir suivre davantage les personnages dans leurs vies et leurs évolutions.

Au final, malgré une fin un peu précipité mais très satisfaisante et ouverte, ce manga ne possède quasiment pas de défauts. Tous les chapitres apportent quelque chose à l'ensemble, les thèmes sont très bien traités, matures et profonds, et on achève sa lecture conscient d'avoir lu une histoire qui nous a fait réfléchir sur nous même et sur notre propre façon de vivre avec les autres.
Un manga comme il y en a trop peu et comme on aimerait en lire plus souvent.
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né un11septembre
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,....

Message non lu par né un11septembre » 06 févr. 2009, 11:37

J'ai remis une copie de l'article de Sorrow en tête du topic.

Merci Sorrow. Pas d'avis de ma part, je ne l'ai pas lu.
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Koiwai
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,....

Message non lu par Koiwai » 03 janv. 2010, 00:08

Ajout de mon avis sur Tomonen en début de topic ! :)
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Raimaru
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,..

Message non lu par Raimaru » 16 oct. 2011, 10:06

Journal d'une dépression

Pauvre Hideo Azuma ! Ce mangaka aura décidément eu une vie mouvementée. En 1989, il lâche son travail et coupe tout contact avec ses proches pour devenir SDF, afin de fuir un quotidien qui le tue à petit feu. En 1992, il récidive pour cette fois être embauché en tant que manutentionnaire. En 1998, il est interné dans un hôpital psychiatrique pour alcoolisme. Ces trois faits marquants de la vie de l’homme à qui on attribue l’origine du genre moe, ou à qui on doit la série La petite Olympe et les dieux, sont contés dans Journal d’une disparition. Journal d’une dépression en est la suite, et forme un complément de biographie d’Azuma.

Ce "second one shot" se présente sous la forme d’un journal intime, tenu par le mangaka entre le 7 juillet 2004 et le 16 février 2005, divisés en neuf chapitres qui décrivent son quotidien sur des périodes plus ou moins longues (de quelques semaines à quelques mois). Cette forme le distingue quelque peu du journal précédent : nous sommes en présence d’un manga "tranche-de-vie" dans son sens le plus brut. Là où Journal d’une disparition permettait à Azuma de cibler les éléments qu’il voulait intégrer dans son manga, Journal d’une dépression se veut être un condensé de son quotidien. Aussi, il s’attarde rarement sur les évènements exceptionnels de ses journées, il préfère en faire un résumé en quelques cases, et aborde un peu de tout ce qui fait son train de vie. Par ailleurs, l’un des sujets qu’il abordera le plus souvent est la culture audiovisuelle : romans, émissions TV, mangas notamment, à côté de son travail, ses sorties et son alimentation.

C’est d’ailleurs ce qui constitue le frein principal à cette lecture : la plupart des références littéraires et télévisuelles sont inconnues du lectorat français… Difficilement accrocheur pour le grand public. Ce même public, aussi ouvert d’esprit soit-il, aura aussi du mal à rester concentré au fil du manga en raison de la redondance du récit. Si l’ouvrage est appelé ainsi, c’est peut-être dû au fait que son auteur reconnait la morosité qui y règne : ses journées se résument à travail, promenade dans le quartier, nourriture, lecture. Une vie un peu "pépère" en somme, qui contraste d'avec ses mésaventures d’il y a 15 ans.

Et pourtant, ce manga n’est pas inintéressant, loin de là ! Pour peu qu’on ce soit attaché à cette personnalité, on se prend d’affection pour ce petit bonhomme tout en rondeur, qui ne manquera d’ailleurs pas de nous faire rire de par l’autocritique qu’il porte sur sa vie, des remarques étonnamment imprévisibles. Le graphisme constitue lui aussi une force du manga, car il aide grandement à atténuer une réalité finalement triste, celle de la vie d’un homme déprimé, pour lui "donner des couleurs". Nul doute que le style cartoon est le meilleur choix qu’ait pu faire Azuma pour cette histoire.

En définitive, Journal d’une dépression est une bonne lecture complémentaire à Journal d’une disparition, mais le choix de la forme et les thèmes abordés diviseront le lectorat, c’est certain. On appréciera principalement la philosophie et les points de vue de l’auteur. L’ouvrage présente un intérêt, mais peut-on parler de lecture divertissante ?
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,..

Message non lu par Kimi_ » 26 avr. 2012, 16:42

Le Pays des cerisiers

Avec le Pays des cerisiers, Fumiyo Kono dresse un portrait pour le moins pessimiste mais en même temps réaliste de la vie quotidienne japonaise après le drame d’Hiroshima.

L’ouvrage se compose de deux nouvelles exploitant ce thème et, en seulement quelques pages, l’auteure arrive à faire transporter le lecteur. Elle y narre les tâches de la vie quotidienne, ses difficultés/obstacles et accentue le tout en insistant sur le sentiments et états d’âme des protagonistes.

Le coup de crayon de Fumiyo Kono est très spécial. Ce dernier ne plaira certainement pas à tout le monde. Néanmoins, il s’avère être très réaliste et renforce l’intensité de l’œuvre.

Le Pays des cerisiers est ni plus ni moins un chef d’œuvre. Il est devenu, en l’espace d’une centaine de pages, une référence à mes yeux. Il serait vraiment dommage de passer à côté de cette œuvre à cause du dessin, tant l’œuvre est gonflée de réalisme et d’humanité.
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,..

Message non lu par Koiwai » 26 avr. 2012, 17:48

Bizarre, "réaliste" n'est vraiment pas le mot que j'emploierais pour qualifier le coup de crayon de Fumiyo Kôno, justement. Son parti pris est justement d'adopter un trait doux, limite enfantin, pour ne pas plomber ses histoires dans une réalité trop dure. C'est ce qui fait toute sa spécificité :)
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,..

Message non lu par Kimi_ » 26 avr. 2012, 17:49

Argh, je n'avais pas poussé mon analyse aussi loin. ^^' Tu n'as pas du tout faux Koiwai. ;)
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,..

Message non lu par Kimi_ » 27 avr. 2012, 17:30

Une longue route


Une longue route est ma seconde lecture de Fumiyo Kono. Elle nous montre le quotidien d’un couple pour le moins atypique, celui-ci étant composé d’un homme feignant voir pataud et d’une femme ayant l’esprit complètement dans la lune. Un quotidien semé d’embuches et d’obstacles mais dans lequel vient s’insérer beaucoup de sincérité.

La première illustration en tournant la première de couverture et représentant les deux protagonistes m’a complètement bluffé. L’ouvrage est composé d’une multitude d’histoires courtes centrées sur ce petit couple, ces dernières se suivent et ne se ressemblent pas. Une petite touche d’humour, assez subtile, est apportée par Fumiyo Kono au sein de son récit et cela nous est transmis par le biais des situations qui seront assez inattendues par moments.

La coup de crayon de l’auteure reste identique et constituera, une nouvelle fois, un frein concernant l’achat de l’ouvrage.

Une longue route est donc une bonne œuvre de la part de Fumiyo Kono. Moins prenante que le Pays des cerisiers, elle n’en reste pas moins une lecture indispensable pour les amateurs du genre.
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Re: Made in Japon: corduroy, a scene, angel nest, tomonen,..

Message non lu par Le Voyageur » 20 mai 2012, 22:47

J'ai lu Le Pays des Cerisiers.
J'ai été à la fois très touché et bouleversé par ce récit. C'est une histoire forte, remplie à la fois de peine et d'espoir.
Je ne me séparerais jamais de ce livre.

Et j'aime bien le trait de Fumiyo Kouno.
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