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Heartful Company :
La Heartul Company est gérée par son grand chef, Kiichi Nakai, et par ses six conseillés, respectivement La binocle, La tantouze, Le croque-mitaine, L'ogre, Le gogol, et le Puceau. La société construit des armes en exploitant des SDF qu'elle paye avec des restes de nourriture. Le seul et unique but de ses responsables est le profit personnel, ils ne sont motivés que par l'appât d'un gain toujours plus conséquent. Bref, nous avons à faire à une bande de méchants capitalistes égoïstes.
Et c'est en effet à une critique du capitalisme, de l'égoïsme, mais aussi de l'hypocrisie que nous avons à faire, le tout étant présenté de façon tellement évidente et exagérée qu'ont aurait vite fait de la considérer comme trop facile pour être prise au sérieux. À tort comme à raison.
Immanquablement, une lecture superficielle engendrera un avis superficiel quant au manga. Cependant, si au premier abord les critiques formulées par le manga peuvent sembler convenues annoncées ainsi de but en blanc, certaines autres sont formulées de façon plus subtiles. On pense à ces scènes singeant le ridicule de la surproduction comme la surproduction du ridicule, ou encore à ces quelques plans disséminés qui font l'éloge d'un écologisme qui tend vers le nihilisme.
Si le fond est intéressant, c'est dans la forme que Heartful Company prend tout son sens, tant le récit semble inlassablement prit dans une démence frénétique. Tout est tellement caricatural et exagérément débridé que l'on se laisse littéralement emporter dans ce récit drôle d'un bout à l'autre. L'humour noir et décalé ne plaira à coup sûr pas à tout le monde, mais l’œuvre ne manquera pas de faire rire aux éclats quiconque adhère au style, graveleux et cynique à souhait.
La mise en forme à également de quoi surprendre. Il n'est en effet pas rare de voir les auteurs réutiliser exactement la même page ou le même dessin à répétition (jusqu'à huit fois d'affilée). Certains seront sensibles à l'effet comique de répétition, d'autres considéreront qu'il y a tromperie sur la marchandise, nous regretterons seulement certains agrandissements un brin abusifs, et au final plutôt laids. Toutefois, le tout colle parfaitement avec le partit prit graphique.
Encore une fois, le trait de Man Gataro ne fera pas que des adeptes. Le trait est épais, gras, les personnages sont volontairement laids, bouffis, poilus, toujours en sueur, le rendu est très caricatural. Le tout ne s’embarrasse d'aucune contrainte morale ou éthique, on retrouve un peu le ton de Charlie Hebdo, la provocation à outrance en moins.
Enfin, remercions une fois de plus Imho de publier des titres aussi originaux voués à un succès limité, tout en nous proposant une édition de qualité pour un prix très raisonnable.
Parodie décomplexée et originale, Heartul company divisera les foules, et ce sur tous les aspects. Pour certains bijou déjanté d'humour noir, pour d'autres divertissement de mauvais goût, le manga assume son statut de gros délire... et d'avertissement.