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Tome 1 :
En 2004 à Nagasaki, le jeune Yamato Narumi, 10 ans, rentre de l'école avec son amie d'enfance Miku Odagiri, 12 ans. En prenant un raccourci, ils ne savent pas encore sur quoi ils vont tomber : dans une ruelle, un inspecteur laissé pour mort, juste avant de succomber, reconnaît en lui le fils de Tetsuya Narumi, et lui fait une étrange révélation... Son père est celui qui a commis le vol des 300 millions de yen le 10 décembre 1968, et est donc celui qui se cache derrière la plus grande affaire non élucidée de l'histoire criminelle du Japon ! Du haut de ses dix ans, Yamato ne perçoit pas encore toute l'ampleur de cette information, n'a même pas la confirmation qu'elle est vraie, mais se rend vite compte qu'il y a effectivement quelque chose de louche qui se trame. Car dans la foulée, c'est aussi son père qui est retrouvé mort, flottant sur l'eau après avoir emprunté une barque de pêche, difforme, avec comme seul moyen de l'identifier sa carte d'identité. Un accident, paraît-il...
Désormais orphelin et recueilli par les parents de Miku, Yamato grandira en leur compagnie, mais gardera toujours dans un coin de sa tête les dernières paroles de l'inspecteur : "ne fais confiance à personne...".
Six années plus tard, Yamato a désormais 16 ans, et Miku 18. Alors qu'ils vivent paisiblement, le destin les remets brutalement face à la sordide affaire des 300 millions de yen...
L'affaire des 300 millions de yen semblait être un sujet prédestiné au mangaka Jun Watanabe, celui-ci étant né pile le jour où le crime a été commis, le 10 décembre 1968. S'inspirant de ce fait réel pour développer un thriller haletant, l'auteur pose d'habile manière des bases plutôt solides, où fleurent constamment le mystère, le danger, et l'incertitude.
Car Yamato le sait : si tout ceci est vrai, il ne peut faire confiance à personne, le doute est partout, s'infiltre en lui à tel point qu'il est méfiant envers tout le monde, y compris envers son père adoptif ou envers Taisei Suzuki, un disciple au kendo du père de Miku. Alors quand survient un terrible événement en même temps qu'apparaît une piste vers ce qui pourrait être le butin du vol de 1968, l'engrenage se met en marche, et voici notre héros et ses très rares alliés lancés un peu malgré eux sur la piste, tandis que les dangers ne cessent plus d'affluer autour d'eux. Disparitions, tentatives d'enlèvement, meurtre, corruption... La menace peut venir de partout.
Et c'est bien là la grande qualité de ce premier volume, qui instaure constamment un climat de danger autour de Yamato et Miku, qui auront fort à faire pour se sortir indemnes d'une énigme où ils viennent seulement d'être plongés. Les rebondissements sont déjà légion et sont souvent inquiétants de par leur aura de mystère, l'ambiance est encore renforcée par la méfiance permanente de Yamato envers quasiment tout le monde, les premiers véritables ennemis sont déjà en place... Et pourtant, il faut se dire que tout ce premier volume n'est qu'une grande mise en place. En effet, si le tout est mouvementé, dans les grandes lignes on n'a qu'une grande introduction, et on s'attend un peu à tous les gros événements qui se passent dans cette mise en place, mais il y a aussi quelques surprises et interrogations quant à certains événements précis, qui laissent clairement penser que l'histoire ne se limitera pas à la recherche du magot ou même à sa conservation face à des ennemis qui veulent aux aussi mettre la main dessus. En fait, dans la construction, on peut penser à un autre thriller bien connu qui est Monster, les deux oeuvres ayant en commun un premier tome très riche et mouvementé, qui conclut déjà certains éléments classiques mais importants pour mieux instaurer d'autres pistes autrement plus ambitieuses.
Le style de l'auteur se veut réaliste, que se soit dans la narration ou dans les dessins. Physiquement les personnages sonnent assez vrai malgré leur visage un peu lisse et leur petit manque d'expressivité par moments, les décors sont basés sur du concret (voir l'île de Gunkanjima, fidèlement reproduite), l'ambiance qui se dégage de l'ensemble est à la fois moderne et tendue. Côté narration, ce premier volume se partage entre trois époques : un peu 2004 pour le début, pas mal 1968 pour des petits flashback venant présenter clairement le déroulement du vol des 300 millions, et essentiellement 2010, l'époque où se déroulent les aventures de Yamato et Miku. Les choses sont fluides, rythmées, hautement appréciables.
On attend donc avec curiosité et impatience de voir quelles surprises la suite réservera, le choix des éditions Kana de sortir le tome 2 en même temps que le tome 1 paraissant dès lors très judicieux.
En fin de tome, les quelques pages bonus sur l'affaire des 300 millions et sur l'île de Gunkanjima sont un plus intéressant.
Tome 2 :
Depuis la disparition de Takeo et Yôko Odagiri, la vie de Yamato et Miku a définitivement basculé. Alors qu'ils viennent de récupérer les 300 millions, les voici poursuivis par un flic véreux, Sekiguchi, qui va jusqu'à tuer un innocent pour faire accuser de meurtre les deux adolescents et les avoir sous son emprise. Nos deux héros sont pris au piège par la police et auditionnés comme témoins du meurtre, mais ils savent que s'ils veulent échapper à Sekiguchi, il leur faut prendre la fuite. Avisé, Yamato a justement pris les devants pour échapper à la police...
Dans ce deuxième volume, voici Yamato et Miku traqués dans tout le pays par la police, certains flics, comme le dénommé Mizuhara, étant déterminés à les retrouver. Mais Yamato, dont la méfiance envers tout le monde n'a d'égal que la ruse, a plus d'un tour dans son sac, et le prouvera tout au long du volume.
Dans l'avancée de l'histoire, ce tome ne se résume guère qu'à une longue chasse à l'homme, les deux adolescents étant traqués de toutes parts et ne pouvant compter que sur la ruse de Yamato qui prouvera à de nombreuses reprises une grande finesse d'esprit (notamment pour récupérer l'argent sans se faire prendre), et sur quelques alliés comme Natsumi Nakano, une élève des cours préparatoires qui a le coup de foudre pour notre héros, ou évidemment Taisei Suzuki... qui reste on ne peut plus énigmatique.
De manière générale, c'est l'ensemble du volume qui se fait plus énigmatique, qui accentue les interrogations autour de la plupart des personnages, certains confirmant qu'ils ne sont pas nets. Evidemment, Serizawa est toujours là, confirme son statut de taré en dévoilant plus son intérêt pour la traque des adolescents que pour l'argent. Mais quelle est la personne qui est au-dessus de lui, pour laquelle il travaille ? Egalement, quel est l'objectif exact de Taisei ? Et qu'en est-il des époux Odagiri ? Sont-ils réellement retenus quelque part ? Une nouvelle fois, les choses reposent beaucoup sur la méfiance permanente de Yamato envers ceux qui l'entourent, et on a hâte de voir se démêler le vrai du faux.
Assez linaire dans la fuite des deux adolescents et ne faisant pas beaucoup progresser l'intrigue, ce deuxième tome apporte surtout de nouvelles interrogations, et fait entrer en scène de nouveaux personnages. On n'évite pas des petits clichés (la scène de la douche, la jolie jeune fille qui a le coup de foudre pour le héros et décide alors de l'aider sans se poser trop de questions...) et quelques moments too much (Sekiguchi tellement taré qu'il menace l'un de ses collègues en lui enfonçant son pistolet dans la bouche, et cela ne fait réagir personne autour...), mais les énigmes sont bien présentes et le rythme tendu, si bien que la lecture devient facilement addictive. Espérons quand même que l'on aura rapidement quelques réponses !