La Main d'Horus

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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La Main d'Horus

Message non lu par Koiwai » 26 oct. 2014, 13:01

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Après plusieurs autres éditeurs, c'est au tour des éditions Komikku de s'offrir leur série médicale avec La Main d'Horus, une oeuvre bouclée en trois volumes qui nous invite à suivre les opérations délicates de Jûzaburô Kujô, docteur-chirurgien à l'hôpital d'Uedo réputé pour sa grande maîtrise : sa capacité à pouvoir analyser très vite les situations et à réussir toutes ses opérations lui ont valu le surnom de La Main d'Horus, du nom du dieu-faucon égyptien connu pour son pouvoir de guérison.

Au programme de ce premier tome, 8 chapitres d'environ 20-30 pages, pour autant d'opérations reposant essentiellement sur ce personnage principal qui attire toute l'attention. Un brin arrogant et plutôt séducteur malgré ses manières parfois un peu grossières, il est surtout un expert qui réussit tout ce qu'il entreprend, malgré des situations souvent délicates qui sont autant d'occasions d'entrevoir certaines problématiques importantes du milieu hospitalier : manque de place ne permettant pas d'accueillir des patients en urgence car l'hôpital est complet, carence de personnel, épuisement des réserves de sang compatible, bêtise du règlement lors de certaines urgences, ordres égoïstes de supérieurs pensant plus à leur réputation qu'aux patients... Mais Kujô se fiche bien de tout ça : porté par sa foi en ses talents et par son désir de sauver ses patients avant tout, il n'hésite pas à aller à l'encontre de tous les problèmes, et sa détermination ainsi que son don ont une certaine répercussion sur son entourage, au sein duquel on retient principalement deux internes : Nakamura, qui sera confronté à quelques doutes sur ses talents que tout jeune docteur impliqué est sûrement amené à connaître (le fait d'avoir des vies entre ses mains...), et Tachibana, jeune femme qui va peu à peu gagner en confiance sous l'impulsion de notre héros, qui ne la laisse clairement pas indifférente.

La recette est clairement basique. Les quelques personnages secondaires récurrents que sont les deux internes et l'égoïste responsable administratif sont des clichés sur pattes qui s'effacent souvent très vite devant un Kujô qui monopolise l'essentiel des pages. Notre héros n'est lui-même pas très poussé psychologiquement : ses côtés arrogants ou séducteurs sont rarement mis en avant, et c'est surtout sa façon de braver les règles, d'être déterminé et de tout réussir qui priment. Et la brièveté de chaque chapitre ne permet pas une immersion détaillée dans les problèmes hospitaliers évoqués précédemment (ils existent, on le voit, mais ça s'arrête là) ou dans les opérations (qui reposent essentiellement sur les mêmes problèmes, et sont vite expédiées grâce aux talents surréalistes de Kujô, dont les mains divines lui permettent d'opérer hyper vite, avec plusieurs ustensiles en même temps, sans qu'on voit grand chose des techniques - malgré un vocabulaire assez pointu et clairement expliqué via les nombreuses astérisques incluse par l'éditeur).
Pourtant, c'est clairement efficace, pour qui aime les séries médicales. La narration est limpide et gère bien les quelques pages dédiées à chaque chapitres, le rythme sait se faire intense, certaines planches plus profondes et plus marquées entretiennent très bien l'ambiance, et les quelques petites notes d'humour peuvent faire sourire bien qu'elles ne soient pas finaude, si bien que chaque chapitre se suit sans problème et se dévore à la manière d'un bon épisode de série américaine. On attend juste, pour la suite, un fil conducteur (pour l'instant inexistant), et des opérations plus difficiles/plus longues, car ce schéma basique (une opération par chapitre, Kujô qui réussit tout sans problème...) pourrait très vite lasser, malgré la brièveté de la série. En tout cas, aux côtés de Sakamoto ou de Rudolf Turkey, La Main d'Horus confirme le goût de l'éditeur pour les hommes qui en jettent et monopolisent l'attention !

Simple mais efficace, la Main d'Horus est une série médicale qui n'apporte rien de neuf à cet univers déjà bien représenté, mais qui a de solides arguments pour séduire les amateurs du genre.
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Koiwai
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Re: La Main d'Horus

Message non lu par Koiwai » 31 oct. 2014, 08:05

Tome 2 :

Avec la vitesse et la précision surnaturelles de ses opérations, Jûzaburô Kujô apporte une notoriété grandissante à l'hôpital d'Ôedo, à tel point que les patients affluent toujours plus, que ceux-ci viennent par eux-même ou demandent à être pris en charge là-bas ! La situation semble aussi propice au bon fonctionnement de l'hôpital qu'à sa possible chute, car à la moindre erreur de taille, les médias pourraient se faire un plaisir de descendre en flèche Ôedo sans le moindre scrupule. Face à la situation, il y en a un qui choisit pourtant d'accorder constamment une confiance quasiment aveugle en Kujô : son supérieur, le directeur des urgences Kiryû. Pendant que les responsables administratifs et les médecins des autres hôpitaux voient d'un mauvais oeil ce qui se passe à Ôedo car cela pourrait retomber sur leurs intérêt personnels en cas de problème, Kiryû entretient d'autres ambitions de grandeur : réformer le système médical japonais en créant enfin un réseau coordonné !

Après un premier tome classique mais plutôt efficace, La main d'Horus a trouvé ses marques et décolle avec un deuxième volume dans lequel la série gagne beaucoup grâce à son nouveau personnage, Kiryû, sorte d'idéaliste déterminé à créer un système médical meilleur en se basant sur les capacités exceptionnelles de Juzô. Face à lui, des collègues un peu plus conservateurs, qui préfèrent garder leur intérêts personnels, au détriment d'un système bourré de failles. Après des problèmes typiques comme le manque de place ou de personnel dans le tome 1, Tatsuya Seki expose plus que jamais dans le volume 2 les faiblesses du réseau médical nippon, plombé par le manque de coordination entre hôpitaux et par des personnes pensant avant tout à eux. Face à ça, la paire Juzô-Kiryû s'avère séduisante car apte à changer les choses.

Néanmoins, on reste avec un Juzô qui se fiche bien de ces considérations, tant qu'il peut continuer à sauver les vies qu'on lui amène. Quant à Kiryû, ses rêves de changement et de grandeur reposent sur des intentions intéressantes... mais à quel prix pourront-elles se faire ? Quand un terrible accident impliquant sa propre mère arrive, son déchirement entre son obsession pour son objectif et son ressenti personnel risquent fort de réveiller l'humain qui se cache derrière le médecin. Bien que reposant sur un rebondissement très gros (comme par hasard, ça tombe sur la mère de Kiryû), le récit s'emballe très bien et dévoile avec classicisme mais force l'humanité toute simple du directeur des urgences.

Quant aux différentes opérations elles-mêmes, elles s'avèrent plus convaincantes que dans le tome 1, car un peu plus longues, un peu plus riches en rebondissements, et de ce fait un peu plus délicates. On reste toujours sur du classique, mais le mangaka y insuffle un rythme très tendu et soutenu, et sait en profiter pour soulever plusieurs choses au-delà des capacités exceptionnelles de Juzô : les progrès que doivent encore faire les internes Tachibana et Nakamura, l'importance d'une équipe réactive qui se comprend et se fait confiance pendant les opérations, le triage et les décisions terribles qu'il implique... En fin de tome, on trouve également un dernier chapitre un peu plus détendu, approfondissant un peu le rôle primordial d'infirmière de bloc opératoire avec la belle Oikawa.

Sur un fond classique, Tatsuya Seki tire son épingle du jeu, car il exploite de mieux en mieux son sujet, aborde les choses vite et bien et met en avant des questions de premier plan, dont l'importance de réformer le système médical, et les difficultés face à la forme que doivent prendre ces changements. Si vous êtes rebuté par la longueur de Team Medical Dragon, par la rareté de Say hello to Black Jack et de Black Jack ou par l'aspect plus "m'as-tu-vu" de La main droite de Lucifer, dans le genre médical La main d'Horus pourrait être une excellente alternative, courte et maitrisée.
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Re: La Main d'Horus

Message non lu par Koiwai » 24 déc. 2014, 13:52

Tome 3 :

Le nouveau dirigeant d'un petit pays d'Afrique sortant tout juste de la dictature arrive au Japon pour se faire opérer. En plus d'exciter les médias, l'opération s'avère délicate et difficile, car le patient doit être opérer pour plusieurs problèmes. Aussi, c'est une équipe composée des chirurgiens les plus renommés du Japon qui est chargée de mener à bien cette mission à haut risque ! Parmi eux, Kujô, simple docteur dans un hôpital peu renommé, n'est que troisième assistant. Pourtant, face aux complications de l'opération, c'est à nouveau lui qui risque de se présenter en sauveur.

Le troisième et dernier tome de la Main d'Horus se consacre principalement à ce qui est la plus délicate opération menée par Kujô, où il n'est censé être que l'assistant de chirurgiens réputés, dont les vieux Professeurs Ôkôchi et Minamisawa, et le jeune Echizen qui est à la tête de l'équipe. Au fil d'une opération aussi tendue que les précédentes de la série, Tatsuya Seki met en avant une confrontation de valeurs percutante, Kujô finissant par sortir de son rôle d'assistant quand, selon lui, la situation le demande. En face de lui, il devra toutefois faire face aux ambitions et à l'orgueil de certains chirurgiens, à commencer par Echizen. Heureusement, cette confrontation n'est pas trop exagérée, ne s'éternise pas trop, reste ambivalente et permet surtout à l'auteur de mettre en valeur d'importantes interrogations sur ce que doit être le rôle d'un médecin, et sur ce qui doit primer entre la réputation et la vie humaine.

Le résultat est vraiment prenant et bien tourné, y compris pour les deux dernières petites opérations qui terminent la série... Enfin, "terminent" est un bien grand mot, car concrètement il n'y a aucune conclusion. Cela pourra paraître un peu frustrant, mais dans les faits l'essentiel est passé : après le tome 2 qui abordait l'importance de réformer le système médical japonais, ce dernier tome finit d'apporter des interrogations morales et humaines importantes tout en prenant soin d'ouvrir la voie à une nouvelle génération. Kujô, Nakamura, puis Tachibana dans l'avant-dernier chapitre se posent comme des signes d'espoir vers une médecine différente, et après ça il n'y a plus rien à dire.

Au final, La main d'Horus, sous ses allures un peu austères, aura été une courte série médicale intelligente et efficace, à conseiller aux amateurs du genre !
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cicipouce
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Re: La Main d'Horus

Message non lu par cicipouce » 25 févr. 2015, 14:35

J'ai adoré cette série en 3 tomes, vraiment je l'ai lu avec plaisir c'était saisissant, même pour les trucs les plus farfelu comme l'utilisation du rouge à lèvre luminescent !! :lol:
.(¯`•¸·´¯) * ƇιƇιǷѻμƇε *(¯`·¸•´¯).

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