Spica x2

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Spica x2

Message non lu par Koiwai » 13 avr. 2015, 17:47

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Après avoir publié en début d'année l'excellent Averses Turquoise, les éditions Clair de Lune nous proposent de découvrir en français Spica x2, la précédente série de Kou Yaginuma, à ce jour sa plus longue série avec 16 tomes, et également celle qui a le plus contribué à le faire connaître auprès du public.

Dessinée de 2001 à 2009 et riche d'une adaptation animée de 20 épisodes réalisée en 2003/2004, Spica x2 nous plonge dans un récit d'anticipation en partie rattrapé par les années, puisqu'il débute en 2010. Alors que le Japon vient de lancer "Lion", sa toute première navette spatiale avec équipage embarqué, celle-ci ne fait que quelques dizaines de mètres avant de s'écraser sur la petite ville d'où elle décollait. De nombreux habitants périssent en même temps que l'ensemble de l'équipage...
Les années passent. Agée de seulement 1 an lors de la catastrophe, Asumi Kamogawa en a désormais 14. Victime du crash de la navette, sa mère resta dans le coma pendant 5 ans avant de s'éteindre, laissant derrière elle sa jeune fille et son époux, ancien ingénieur en aérospatiale.
Depuis l'enfance, la jeune fille, née prématurément et toute petite en taille, a été nourrie par ses rêves d'astronaute... et par la présence à ses côtés de Monsieur Lion, le fantôme du pilote de la navette, visible uniquement par elle. Et c'est tout naturellement qu'à l'aube de ses choix d'avenir, elle décide de passer les examens pour intégrer la récente université de l'aérospatiale de Tôkyô...

Spica x2 démarre en réalité de façon assez étrange et un peu abrupte, Kou Yaginuma débutant son histoire sans vraiment présenter son univers (par exemple, Mr Lion n'est pas vraiment présenté) et alors qu'Asumi a déjà réussi les examens théoriques pour l'école d'aérospatiale. Sa première épreuve sera d'avouer son désir de devenir astronaute à son père, marqué par le décès de son épouse à cause du crash de 2010, dans un début de volume laissant la part belle au touchant amour paternel du père pour sa fille.
Asumi devra ensuite se rendre à Tôkyô en compagnie de son camarade de classe Shinnosuke Fuchûya, lui aussi parti pour devenir astronaute, afin d'y passer la dernière épreuve, une épreuve pratique où seront testées les facultés d'adaptation face à l'imprévu, de vie en société en milieu restreint, de confiance... Pendant que Shinnosuke devra passer cette épreuve avec deux autres garçons dont le bizarrement relax Shû Suzuki, Usami devra faire équipe avec deux jeunes filles diamétralement opposées : l'amicale Kei Ômi, et la froide Marika Ukita.

Assez étrange au premier abord mais intéressante dans son concept, l'épreuve n'est pas spécialement passionnante, et est surtout l'occasion de confronter Usami aux premières réalités d'astronaute et de faire entrer en scène des personnages qui gagneront sans doute en intérêt plus tard, à commencer par Shû et surtout Mariko dont le caractère froid semble cacher une profonde douleur. Au-delà de ça, on constate que notre héroïne, en tant que fille et petite de surcroit, aura fort à faire pour passer l'épreuve, devra apprendre à composer avec les caractères de ses deux compagnes d'épreuve... et devra également faire face à ses douleurs du passé. Car au fil de l'épreuve, ce sont ses traumatismes de l'enfance qui ressurgiront...

Vu comme ça, le début de Spica x2 ne paraît pas forcément original dans son genre, et c'est alors la patte de l'auteur qui fait tout. Yaginuma apporte dans son oeuvre une ambiance toute particulière. L'univers aérospatial intrigue, tandis que le contexte autour d'Asumi est dans le fond extrêmement dur : elle a perdu sa mère en n'ayant d'elle que l'image d'une femme dans le coma, inerte, triste, avec laquelle elle n'a jamais pu passer de bons moments... et cela a sur elle un impact très fort quand ses traumatismes ressurgissent. Pourtant, le rêve de devenir astronaute d'Usami apporte une ambiance plus douce, un peu poétique, la jeune fille ayant été bercée depuis l'enfance par les étoiles, et par la présence fantastique de Mr Lion, fantôme qui semble nouer avec elle une relation forte, puisqu'il lui a tout appris de l'univers. Telles les étoiles binaires Spica qui offrent leur nom au manga, tous deux semblent presque indissociables, l'un cache l'autre, et si l'un d'eux devait s'éteindre totalement l'autre disparaîtrait aussi. Ajoutons à cela le coup de crayon assez rond, doux et chaleureux de l'auteur, et il résulte une atmosphère très mélancolique, pour un univers que l'on a envie de voir approfondi.

Notons que ce premier tome s'achève un peu vite, après environ 120 pages, pour laisser place à des chapitres que l'on qualifiera de chapitres spéciaux (aucune indication n'étant donnée à leur sujet... S'agit-il de bonus ? D'épisodes pilotes ?). Ils permettent de découvrir un peu plus le passé des personnages (l'image aussi triste que belle qu'Asumi garde de sa mère, sa première rencontre avec Mr Lion, l'amour que Mr Lion a laissé derrière lui en mourant...) et offrent des rebondissements fantastiques assez bizarres (le passage d'Asumi dans le monde des morts...), le tout pouvant être assez touchant. Cela dit, il peut être difficile de bien appréhender ces "chapitres spéciaux", étant donné qu'ils sont sortis de tout contexte.

Au final, Spica x2 possède un début qui peut clairement décontenancer, mais dont l'atmosphère a quelque chose de très fort. Laissons-nous donc porter dans cet univers qui a toute les cartes en mains pour vite confirmer ses belles promesses.
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Koiwai
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Re: Spica x2

Message non lu par Koiwai » 15 avr. 2015, 16:58

Tome 2 :

L'école de l'aérospatiale de Tôkyô. Fondée en 2014, elle compte en son sein 1200 élèves, dont 400 nouveaux chaque année. En cette année 2024, elle vient d'ouvrir sa section de formation d'astronautes, où seuls 26 élèves ont été retenus après les examens théoriques et l'examen pratique. Et seuls une dizaine d'entre eux parviendront en 2ème année sur les 4 ans que compte la formation.
Asumi fait partie des 26 élus. Après avoir quitté son père, elle découvre sa résidence pour filles "Les Mouettes", une vieille bâtisse traditionnelle quasiment inoccupée,et fait la connaissance d'une des rares pensionnaires, Ringo Sakashita, en 3ème année de médecine. Puis elle retrouve dans son cursus des visages qu'elle connaît déjà : ses amies la bavarde Kei et la solitaire Marika, mais aussi son camarade d'enfance Fuchûya ainsi que Shû Suzuki.

C'est ensemble que cette petite bande va découvrir, petit à petit, le riche et difficile programme qui les attend. Entre les nombreux cours d'activité physique et les cours théoriques comme l'astrophysique, Asumi et les autres ne chôment pas, et au-delà des quelques explications techniques, c'est l'occasion de mieux appréhender la plupart des adolescents. On constate la rapidité d'Asumi à la course grâce aux entraînements de Monsieur Lion, ainsi que sa phobie de l'eau qu'elle affronte vaillamment pour avancer, prouvant ainsi sa détermination même si ses notes sont moyennes. Shû, lui, reste pour l'instant une énigme, allant rarement en cours alors qu'il est délégué. Kei, bien qu'élève plutôt dissipée, montre une amitié sincère pour notre jeune héroïne, tandis que Marika laisse un peu plus entrevoir son attachement pour elle, bien qu'elle reste toujours solitaire et laisse un peu plus entrevoir sa situation familiale et la solitude qui semble en découler.
Ainsi, bien qu'éloignée de son père, Usami n'a guère l'occasion de se sentir seule grâce à cette petite bande qui dynamise assez le récit et que l'on découvre avec plaisir au fil des pages, que ce soit dans le cadre du lycée ou en dehors.

Et l'on apprécie tout autant les occasions où l'on peut voir toute la passion d'Asumi pour l'espace, que ce soit en dessinant une carte sous les étoiles ou en ayant les yeux qui brillent au musée. Lalectur sait réellement rendre attachante cette petite héroïne qui prend sur elle pour vivre son rêve... même si le passé menace de la rattraper à tout moment, le danger se montrant sous la forme du professeur Sano, un homme qui considère comme indésirable la jeune fille pour une raison précise, raison que l'on découvre sans être surpris mais qui fait malgré tout l'effet d'un choc grâce à la façon dont l'auteur l'amène et à l'impact cruel que cela a sur Asumi... La suite promet d'être intense et très intéressante.

Notons qu'à l'instar du tome 1, ce deuxième volume laisse place, à partir de la page 125, à deux nouveaux chapitres spéciaux que l'on cerne mieux que ceux du volume 1.
Il est d'abord question de l'avenir et des douleurs de Mlle Suzunari 5 ans après le crash de la navette Lion, ce qui sera aussi l'occasion d'approfondir encore un peu plus Monsieur Lion.
Quant au deuxième chapitre spécial, il revient avec force sur le drame vécu par Tomorô Kamogawa, qui devra vivre toute sa vie avec un sentiment de culpabilité se répercutant sur sa fille, alors que celle-ci tnete de nouer une amitié, avec toutes la sincérité et la candeur d'une gamine de 7 ans...

Une nouvelle fois, et c'est surtout le cas dans ce dernier chapitre spécial, Kou Yaginuma n'hésite pas à aborder en filigranes des thèmes très durs et cruels en montrant les choses directement, comme c'est le cas pour la petite Kasane. Mais il adoucit le tout avec son trait doux, son ambiance souvent mélancolique, et son attachement à dépeindre finement ses personnages. Après un tome 1 un peu difficile à appréhender, Spica x2 décolle petit à petit, nous immerge totalement dans son univers et confirme les qualités de l'auteur que l'on avait pu apprécier sur Averses Turquoise.
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Re: Spica x2

Message non lu par Koiwai » 27 juin 2015, 15:12

Tome 3 :

Suite à sa conversation blessante avec le Pr Sano, Asumi, meurtrie, quitte soudainement l'école et rentre chez elle. Là, elle retrouve son confident de toujours, Mr Lion, qui, tout en assistant impuissant à un événement où il aurait pu se trouver, trouve les bons mots pour rappeler à la jeune fille ce qu'elle aime le plus au monde et les raisons qui l'ont poussée à s'inscrire dans cette formation spatiale. Ce passage, bien que bref, se révèle fort en émotion, autant pour l'observation douce-amère par Mr Lion de ce qu'il a laissé derrière lui en mourant, que pour le focus touchant sur l'amour d'Asumi pour l'espace. Et le retour de la jeune fille ne fait qu'accentuer l'énigme autour du Pr Sano, dont nous découvrons une facette du passé expliquant les raisons de son dédains pour Tomorô Kamogawa, le père d'Asumi... Mais ces raisons sont-elles finalement fondées ? Là aussi, Kou Yaginuma trouve le ton juste, développe Sano sans en faire trop, rend le personnage plus intéressant au moment même où il comprend ses erreurs. Mais sans doute est-il déjà trop tard pour les réparer totalement, même si Asumi fait preuve envers lui d'un jugement on ne peut plus juste.

"Ce qu'on a perdu est perdu pour toujours."

Mr Lion, Suzunari, Sano, Tomorô... Les principaux personnages adultes dépeints par Kou Yaginuma sont tous marqués par des désillusions fortes, par une tristesse douce-amère et mélancolique qui vient contraster avec la convivialité de nos jeunes adolescents. Le petit groupe d'amis continue de se consolider, et même si la possibilité qu'ils partent tous dans l'espace est minime, ils restent soudés. Touts s'inquiètent quand Asumi disparaît, puis la même chose arrive quand l'heure est enfin venue de mieux appréhender les douleurs passée de Marika. On entrevoit mieux son enfance délicate, solitaire, qui a grandement conditionné son incapacité à aller vers les autres, et l'on ressent alors parfaitement ce qui commence à naître en elle au contacts de ces camarades de classe qui s'inquiètent sincèrement pour elle.

Le dessin tout en douceur et la narration simple et sans détour sert tout naturellement un récit à l'ambiance douce-amère toujours aussi belle, et où l'on continue de suivre avec intérêt une palette de personnages décidément attachants et qui se dévoilent peu à peu.

La dernière partie du tome nous offre un nouveau chapitre hors-série, revenant sur une nouvelle facette de l'enfance d'Asumi, via un événement dramatique n'ayant fait qu'affirmer encore plus son désir d'aller d'aller l'espace. Une nouvelle fois, le ton reste simple et sobre, tout juste ponctué de cette délicieuse note douce-amère.
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Re: Spica x2

Message non lu par Koiwai » 15 août 2015, 22:02

Tome 4 :

L'entrainement au sein de l'école d'aérospatiale s'intensifie pour Asumi et les autres, et après les problèmes du précédent volume notre jeune héroïne va devoir faire face à un nouveau problème : sa main gauche perd soudainement toute sa force... Pour quelle raison ?

Tout en répondant doucement à cette interrogation, Kou Yaginuma nous montre à nouveau à quel point la vie d'Asumi a pu être bousculé par le drame du crash de la navette Lion, qui semble décidément devoir la suivre et la hanter alors qu'elle n'y peut rien. Mais on aimera la façon dont cette adorable adolescente poursuit ses efforts pour atteindre son rêve, concrétiser sa passion. Mais le chemin est encore long, et ce quatrième volume s'applique également à souligner que tous nos héros n'arriveront surement pas à atteindre leur objectif...

D'ailleurs, Asumi n'est pas la seule à être mise en avant, et ses compagnons continuent d'évoluer doucement, eux aussi. Si la figure de de Shû continue d'intriguer, c'est toutefois la solitaire Marika qui intrigue le plus. Cette dernière commence à se montrer plus ouverte, et dévoile par la me^me occasion certaines de ses douleurs, mais en parallèle certains événements qui la touchent tendent à laisser le lecteur en pleine interrogation et assez inquiet. Et en dehors des élèves, nous découvrons une nouvelle facette de Lion, qui, bien que déjà décédé, devra à nouveau se confronter à la mort, mais pas la sienne...

On ne peut pas dire que Kou Yaginuma bouscule profondément son récit, et c'est tant mieux. La série semble avoir trouvé un beau rythme de croisière, distille ses événements et révèle ses personnages par petites doses et tout naturellement. Le tout, sur les bases d'une narration belle et posée et d'un trait rond et clair toujours aussi plaisant, qui souligne parfaitement la mélancolie et la douceur qui se dégage de l'ensemble malgré la dureté de certains moments. Une vraie jolie lecture, qui mériterait sûrement plus d'attention.
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