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Tome 1 :
Shônen phare de cet été du côté des éditions Pika, Area D arrive en France auréolé d'une réputation plutôt flatteuse, principalement grâce aux deux noms prestigieux qui se cachent derrière, puisque du côté du scénario on retrouve Kyoichi Nanatsuki (scénariste de The Arms Peddler et d'Arms), tandis que les dessins sont l'oeuvre du virtuose Yang Kyung-Il (le Nouvel Angyo Onshi, Defense Devil, March Story...). Ensemble, ils nous proposent de revisiter à leur sauce des thèmes plutôt à la mode : celui des mutants, et celui de la survie en milieu carcéral.
Area D commence par un étrange phénomène, expliqué de façon hypothétique via l'explosion d'une étoile, qui aurait enclenché sur terre un bouleversement sans précédent : la mutation de certains humains, qui se sont soudainement retrouvés dotés de pouvoirs de toutes sortes. 12 ans plus tard, ces "mutants" ont été relégués au rang de parias par les humains restés normaux, ces derniers les nommant "Altered", et celles et ceux qui sont capturés se retrouvent expédiés vers une gigantesque île-prison, l'île D, au sien de laquelle les conditions de vie sont gardées totalement secrètes, et dont personne n'est jamais revenu. En compagnie de 80 autres Altered, Satoru Iida, jeune garçon craintif ayant la faculté de démonter les objets qu'il touche, se retrouve embarqué en direction de l'île à bord d'un paquebot où survivre sera déjà difficile...
Derrière ce concept de base rappelant très vite Deadman Wonderland, les auteurs s'appliquent à mettre en place leur univers en s'attardant pendant quasiment tout le premier tome sur le voyage en paquebot, qui est l'occasion de présenter quelques-uns des principaux personnages ainsi que leurs pouvoirs et le contexte général.
Les pouvoirs présentés pour le moment font dans le basique : faire apparaître une épée indestructible à la place du bras, pouvoir du feu, capacité à pouvoir passer à travers les murs comme une ombre, création d'un "autre monde"... Seule la capacité de Satoru tend à se démarquer, d'autant qu'elle est déjà assez bien exploitée lors des premiers problèmes sur le paquebot. Enfin, on vous laisse découvrir le pouvoir de Jin, qui ne devrait pas manquer d'intérêt.
La galerie de protagonistes n'est clairement pas originale, et on y retrouve un peu tous les grands classiques : Satoru en héros un peu craintif, encore faible, qui maîtrise mal son pouvoir mais qui tente de faire face quand il le faut, Tatara le monsieur muscle qui cherche à s'imposer par la force, Kaito Yûki qui apporte quelques notes d'humour, se veut sociable mais semble cacher un plan secret, l'énigmatique demoiselle Rio en atout-charme qui se promène la plupart du temps nue... et quelques autres, dont l'homme s'affichant sur la couverture : Jin Kazaragi, Altered de rang S, ce qui signifie que son pouvoir est jugé tellement dangereux qu'il a été enfermé dans un conteneur séparément des autres. C'est bien ce dernier qui vole la vedette aux autres, tant sa façon de penser et sa vision des choses promettent de briser certains fondements nés depuis 12 ans.
Parmi ces fondements, on note la bonne mise en valeur de la vision que les humains normaux ont des Altered : des êtres dangereux pour la société, qui n'hésitent pas à utiliser leurs pouvoirs dans leur propre intérêt et pour semer la destruction... Mais tous ne sont évidemment pas comme ça, et dans le contexte de l'île-prison, nos héros devront sans doute montrer qu'eux aussi sont des humains. La tache s'annonce ardue, d'autant qu'en face, certains humains normaux pourraient tout à fait être plus monstrueux que les "monstres" eux-mêmes. Une thématique intéressante tournant sur notre rapport à ceux qui sont différents, que l'on espère voir approfondie par la suite.
Pour le reste, la narration limpide et le coup de crayon riche et intense de Yang Kyung-Il assurent le divertissement. Les différents rebondissements sur le paquebot sont juste là pour tout mettre en place et sont plutôt rapides, mais ils sont savamment huilés et se permettent quand même quelques petits coups de théâtre bienvenue, notamment autour de Kurosaki qui dirige le paquebot et de son collègue Sôma. Enfin, quelques énigmes sont bien présentes pour entretenir l'envie de connaître la suite : le passé meurtrier de Jin, le sort spécial réservé aux Altered de rang S, l'impact qu'aura le Front de Protection de l'Humanité...
Au final, la mission de ce premier tome est pleinement accomplie : le contexte ne manque pas d'intérêt, les personnages sont bien mis en place, la découverte des pouvoirs est prometteuse... Bref, tout est prêt pour que les choses sérieuses commencent dès le prochain tome, d'autant que les dernières pages de ce premier volume annoncent du lourd avec une mise dans le bain explosive. Sans être très original pour l'instant, Area D promet d'être un très bon divertissement, et a toutes les clés en main pour développer une histoire passionnante.