Scenario: Kazuo Koike
Dessin: Goseki Kojima
Serie terminée (au Japon) de 28 volumes (totalisant 8400 pages environ)
(les couvertures qui illustrent cet article sont les couvertures americaines qui sont trés semblables aux couvertures françaises)
L'histoire se situe au XVIIé siecle. Ogami Itto, maitre de l'école Suiō-ryū, et executeur assermenté du Shogun (Kogi Kaishakunin, une position de haut rang dans le shogunat des Tokugawa, il sert d'assistant pour decapiter les seigneurs contraints au seppuku) en est le personnage central.
En represailles d'une de ses executions, toute la maisonnée d'Ogami Itto est assassinée, ne laissant que son fils nouveau-né Daigoro en vie.
Les assassins ont placé également un ihai (une tablette funeraire) au nom du shogun sur son autel de recueillement pour le disgracier.
La forfaiture organisée par Yagyu Retsuo, patriarche du clan Yagyu et deja maitre des assassins et des messagers du shogun, decouverte, Ogami est contraint de lui ceder son poste et il lui est ordonnée par le shogun de s'ouvrir le ventre pour laver son honneur.
Comme signe du destin, son fils, agé d'1 an, choisi le sabre plutot que le ballon acceptant sans le savoir de suivre son pere sur la voie qu'il s'apprete a suivre.
Car Ogami Itto plutot que d'obeir au shogun (auquel il reste paradoxalement fidele) choisit de vivre dans le deshonneur, comme un ronin, sur la voie du Meifumado (la route de l'enfer), le chemin maudit de la vengeance, et jure de detruire le clan Yagyu. Il devient assassin et parcourt les chemins transportant son fils dans un landau lourdement armé, pourchassé avec toutes les ressources dont beneficie Yagyu Retsudo (y compris les membres de sa famille qu'il n'hesite pas a sacrifier).
Style et narration:
Quand on est familier du cinéma japonais et du Western-spaghetti, on peut se demander lequel des 2 a le plus influencé le decoupage trés cinématographique et les ellipses d'action de la serie.
On ressent la trés large influence du cinéma de Kurosawa (Rashomon et Yojimbo pour ne donner que 2 exemples des prises de vues utilisées dans LW&C). Ce sont les même prises de vues qu'utilise Sergio Leone dans sa trilogie "une poignée de dollars" et les 7 samourai (pardon mercenaires ). On y trouve aussi des scene d'action qui font l'ellipse de l'impact: les adversaires se croisent, se figent et l'un des 2 s'effondre terrassé par le coup de l'autre.
Le style realise (assez eloigné de celui de d'Hirata) laisse une grande part a l'impressionisme dans les mouvements rapides.
Ce style sera également adopté par Sanpei Shirato dans un étonant revirement graphique.
L'ambiance générale du manga est lourde et tragique. Ogami fait figure de trés rigide droiture dans un monde de corruption. Il a un sens de la justice qui lui est propre façonné par une application extremiste du bushido. Ces adversaires sont souvent sans scrupules et prets à l'ultime sacrifice (comme dans cette scene où un de ses adversaire bloque la lame d'Ogami dans son crane pour qu'un autre puis lui porter un coup fatal. ). Le seul element qui vient desamorcer cette noirceur est la presence de Daigoro qui malgré un serieux qui confine pratiquement a l'autisme, garde par moment, des gestes et des jeux d'enfants sur lesquels se penche Kojima. Mais Daigoro reste le fils d'un samourai et s'astreint lui aussi au bushido comme les evenements le prouveront...
8400 pages pour une vengeance:
Alors, certes, le manga peut paraitre repetitif dans sa construction et parfois obtus dans le sens de l'honneur appliqué, mais le caractère implacable d'Ogami est justement une grande force de la série.
Ogami est un combattant parfait capable de venir a bout des meilleurs porteurs de sabres, de superbes empoisonneuses, et d'armées entières d'arquebusiers, mais il est seul et sans plus de raison de vivre que la vengeance.
L'histoire est repetitive, mais chaque histoire se suffit a elle-même et(presque) chaque enemi affronté ajoute un element dans la construction du titanesque denouement. Ces adversaires sont des assassins des Yagyu ou des guerriers redoutables (comme Asaemon, le testeur de sabre (par la decapitation des condamnés et la decoupe de cadavres) rencontré dans le tome 8, ch43 et qui se verra offrir une serie de 10 tomes également de la main de Koike et Kojima). Malgré le fait que nous ayons heriter des maquettes de couvertures et du titre americains, on peut remercier Frank Miller (Sin city, 300,...) qui a emprunté au theme de lone wolf and cub pour sa serie Ronin(sortis chez zenda, bonne chance pour les retrouver ) avant de pousser First comics a la première publication de la série.
La contribution de Miller ira jusqu'a rediger des prefaces pour les 12 premiers graphic novels ainsi que leurs couvertures (celles des tomes 1-12 en français). Bill Sienkiewicz (elektra assassin) puis Matt Wagner (grendel, mage the hero discovered,...) sont les auteurs des couvertures suivantes.
Pour en finir avec les Yagyu:
La série est devenue un classique qui, comme je l'ai dis decoule des films de Kurosawa et de l'ambiance des westerns de Leone, influencant a son tour des auteurs comme Frank Miller pour ne citer que lui.
Pour un point de depart aussi simple, la serie arrive quand même à nous maintenir en haleine pendant plus de 8000 pages sans faiblir un instant.
L'intrigue liée aux Yagyu étant continuellement renouvelée.
La serie donne lieu a une adaptation dans 6 films d'une serie intitulée "baby cart" ("shogun assassin" aux states) realisés entre 1972 et 1974 par Kenji Misumi, puis Buichi Sato et YoshiYuki Kuroda.
Si les 3 premiers sont trés fideles a l'esprit de la serie (comme le duel au soleil du tome 1, les 3 freres ninjas ou le "crane-bloque-sabre") les suivants (auxquels Koike ne collabore plus) derivent vers de purs affrontements sanglants (avec emprunt a James bond pour la descente a ski du dernier film ^^)
Les Yagyu meurent mais ne se rendent jamais