Zhang Xiao Yu (Fond du rêve/Clown/envol/sombre futur)

Cette rubrique est consacrée à toutes les séries qui ne sont pas issues du Japon mais qui s'apparentent au manga. Vous y retrouverez donc les manwhas (Corée), les manhuas (Chine), mais aussi les séries appartenant au "Global manga" (courant qui regroupe notamment des auteurs français).
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Gemini no Saga
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Zhang Xiao Yu (Fond du rêve/Clown/envol/sombre futur)

Message non lu par Gemini no Saga » 24 janv. 2008, 17:11

Au fond du rêve
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Synopsis
Un écrivain de science-fiction, dans le coma suite à un accident cérébral, continue à rêver comme un fou d'univers délirants. Ces cauchemars pourraient bien mettre en scène sa propre mort ! Désireux de le ramener à la vie réelle, son médecin décide de le rejoindre dans ses rêves, au moyen d'une machine...

Critique
JoeHarper a écrit :Voici toujours mon avis sur Au fond du rêve... le raté de l'auteur, on va dire...
Ce manhua a la particularité d'être entièrement en couleurs et en format BD.
L'idée de base était prometteuse, mais malheureusement, Au fond du rêve est une déception.
En même pas 60 pages, Zhang Xiaoyu n'a forcément pas le temps de développer un scénario qui aurait pu être intéressant. On a l'impression qu'il se contente de balancer sur papier ce qui lui passe par la tête, sans tenter d'apporter la moindre cohérence à l'univers qu'il a créé. Le scénario est on ne peut plus confus.

Mais si ce n'était que le scénario... car visuellement, l'oeuvre est tout aussi brouillonne.
Autant les dessins de L'envol et du Clown sont magnifiques, qu'ici ils sont gâchés par des couleurs fades et une mise en page très confuse.
Au fond du rêve aurait pu être une oeuvre sympathique, dommage. Un raté pour Zhang Xiaoyu, espérons que ce soit le premier et le dernier.
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Le clown
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Le Clown est sorti récemment chez Hua Shu, la collection de bd chinoise de Casterman.

Ayant beaucoup aimé l'Envol, surtout la première histoire qui m'avait touché par son optimisme, j'ai été comme poussé à lire Le Clown. Les dessins se sont considérablement amélioré par rapport à l'Envol édité par Xiao Pan.

Synopsis

Dans les rues d'une ville européenne du début du XX ème siècle, Beiluo vit au jour le jour. Clown de profession, tiraillé entre passé et présent, hanté par les fantômes de son enfance et le charme d'une belle femme de la haute société. Mais il ne remarque pas le regard certes lointain, de la belle Leibaka putain de son état...

Critique

Ne vous fiez pas à la com' de casterman, Le Clown n'est pas le premier manhua de monsieur Zhang Xiao Yu édité dans nos contrées.

Le trait est fin, et procure une sensation entre souplesse et vitesse. Proche du manga, les graphismes restent originaux, le découpage très "cinématographique" est intéressant puisqu'il se rapproche quelque peu du style de Boilet c'est-à-dire capter une certaine instantanéïté. Contrairement à d'autres manhua et manhwa trop influencés par le voisin nippon :: le point faible de ce manhua n'est clairement pas celui de l'originalité.

Mais là où le bât blesse, c'est du côté de l'histoire; plus précisément son traitement qui n'est pas brillant. C'est une fable au ton adulte avec un très léger zeste d'érotisme. Le scénario est mal mené notamment les flashbacks qui sont introduits plutôt naïvement. Le triangle amoureux, pierre angulaire de l'histoire, ne déroge guère aux codes du genre. Certes les graphismes fusionnent admirablement bien avec l'histoire, mais tout est survolé. Le one-shot ne convenait pas au Clown, ses acrobaties avait besoin d'un espace plus grand pour évoluer. Là c'était trop superficiel pour être savoureux.

Bien que cela soit inérant à la fable, le parti pris de l'auteur celui d'être moralisateur est sans réelle subtilité. Celui-ci n'arrive guère à restituer les multpiles drames de Beiluo, ses violences et ses désillusions, ni de ceux des autres personnages, il y a comme un frein à l'immersion du lecteur. Sans doute un "décalage" culturel, les resurgences chinoises sur le comportement des personnages sont parfois perceptibles. Néanmoins des efforts ont été fournis sur ce point. De plus un malaise persiste à cause de dialogues pour le moins étrange fait de radotages, et pour une bonne part vide de sens. Peut-être faut-il blâmer l'adaptation ?

Le décor est toutefois réussi. La ville où se situe l'histoire ne porte pas de nom. Il n'est jamais fait mention d'un quelconque nom de pays malgré le fait que les prénoms ont une consonnance slave et que les casques des policiers rappellent ceux des prussiens. L'anonymat de la ville est volontaire comme pour marquer une intemporalité, celle qui met au grand jour les éternelles barrières entre les coeurs des hommes. Un joli mélange de fin XIX ème et des années 30.

Pourtant tout m'attirait, de la couverture à l'auteur en passant par un titre des plus accrocheurs pour ma part. Je me sens comme réveillé d'un rêve où j'étais balloté de bout en bout sans comprendre pourquoi ni comment jusqu'à la dernière page mais c'était trop tard.

Sentiments

Finalement j'ai été déçu par ce manhua. Je ne m'attendais pas particulièrement à quelque chose d'exceptionnel, mais franchement l'histoire du Clown aurait été superbe si elle s'étalait sur plusieurs volumes. Y'avait pas mal d'ingrédients que j'affectionne comme une enfance dramatique, un certain fatalisme, de belles femmes, l'univers de la rue, la collision de deux mondes... Enfin bref un beau bouillon de clichés :D !

Mais j'aimerais connaître vos avis :) .
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L'envol
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Synopsis

Comment s'adapter lorsque l'on est un enfant différent?
Question fondamentale, souvent traitée dans l'angoisse et la douleur. Pour l'illustrer, l'auteur nous conte deux histoires.
L'une met en scène le fils d'un capitaliste pendant la Révolution Culturelle chinoise. Au programme, brimades et c°. Il ne tient le coup que grâce à son rêve : construire un avion et s'envoler.
L'autre nous emmène dans un futur où les voyages temporels sont possibles (inspirée d'une nouvelle de science-fiction). Que va-t-il arriver à ce gosse arraché à la préhistoire?

Avis Bientôt

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Sombre futur
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Synopsis

La Terre, un jour futur, mille ans ou plus après une guerre atomique. Il ne reste de la planète bleue qu’un désert hostile, théâtre de combats féroces entre les tribus se disputant l’eau, devenue très rare. Pourtant, il paraît que le bonheur existe dans un ancien abri anti-atomique... Jullian part alors avec femme et enfants à la recherche de cet Eden, poursuivi par ses congénères, et luttant contre les monstres de tout poil. Que va-t-il trouver au bout du chemin ?


Avis
Après l'envol et Au fond du rêve, les éditions Xiao Pan nous proposent de découvrir un nouveau titre de Zhang Xiaoyu, un auteur prometteur dans son pays.

Sombre futur se déroule dans un univers que n'aurait pas renié Mad Max. Dans un futur lointain, la planète Terre, suite à une guerre atomique, s'est transformée en un gigantesque désert hostile où des tribus sauvages se disputent l'eau, devenue une denrée rare. C'est dans ce monde que Jullian apprend l'existence d'un ancien abri anti-atomique, dans lequel des gens parviennent à conserver une vie heureuse. Il part à sa recherche, et son chemin sera parcouru de rencontres violentes, où alliés et ennemis se succèdent. Mais sur quoi tombera-t-il au bout de son voyage ?

L'auteur nous sert à nouveau un récit de science-fiction, mais nous propose ici un titre visuellement beaucoup plus violent que ses autres oeuvres. Sombre futur est assez sanglant et est servi par un dessin qui semble influencé par la BD occidentale, intéressant, mais malheureusement souvent minimaliste. La mise en scène, quant à elle, est très confuse et préfère s'attarder sur une action mal rendue plutôt que sur une intrigue qui est très vite réduite à son strict minimum. C'est d'autant plus le cas qu'en seulement 150 pages, Zhang Xiaoyu n'a absolument pas le temps de développer son histoire, alors qu'il avait la volonté d'y intégrer de nombreuses choses. Ainsi, de nombreux éléments censés avoir leur importance, comme la rareté de l'eau, sont à peine esquissés, jetés en plein milieu du récit, et terminent de rendre le titre confus, voire à la limite de l'incompréhensible. De plus, Sombre futur commence vite sans réellement présenter le héros, dont on se désintéresse de plus en plus au fil des pages, et se termine, dans l'indifférence générale, sur une fin bâclée.

Voici un titre qui possède quelques éléments intéressants, mais qui semblent tous avoir été vendangés par l'auteur. Au final, on ne retiendra pas grand chose de ce one-shot.
See you space cowboy

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JoeHarper
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Message non lu par JoeHarper » 24 janv. 2008, 20:04

Hop, un copier-coller:

Après Au fond du rêve, L'envol et Sombre futur, voici qu'arrive en France un nouveau manhua du talentueux Zhang Xiao Yu: Le clown. Mais cette fois-ci, c'est chez Casterman que l'on retrouve l'auteur chinois (ses trois autres oeuvres sont parues chez Xiao Pan).
Et tout comme L'envol (seul manhua de Zhang Xiao Yu que j'ai lu avant Le clown), on constate facilement que l'auteur nous sert une nouvelle fois une oeuvre de qualité.

Ce qui frappe en premier quand on ouvre ce manhua, ce sont les dessins, qui ont quelque chose d'assez fascinant. Très détaillés et se voulant réalistes, il en ressort une certaine brutalité, une violence qui contraste avec la douceur et la mélancolie visibles chez Beiluo, le personnage principal.
Les dessins servent donc parfaitement le drame social qui sert de scénario, un scénario qui peut être résumé par la phrase inscrite en couverture: "Je me noie dans ce monde d'ordures... Etais-je condamné dès ma naissance à y vivre ?".
Beiluo est perdu, tout comme d'autres personnages secondaires, dans une société qui ne lui correspond pas. Ce personnage est touchant, et il l'est encore plus quand, au fil des pages, on en apprend plus sur son passé douloureux.

Mais Le clown n'est pas exempt de défauts. Ainsi, l'intrigue peut paraître par moments confuse, à cause d'une narration pas toujours subtile. Et la traduction française, semblant parfois (voire souvent) bancale, n'atténue pas ce problème.

Malgré tout, La clown est un drame social touchant et visuellement superbe. Un one-shot très intéressant.




Je pense que ce serait intéressant de ne pas consacrer ce topic qu'au Clown, mais à l'ensemble des oeuvres de Zhang Xiao Yu :)
Faisez gaffe aux pigeons. C'était un conseil de l'opération "Pigeon Bourré".

Les chats, c'est vraiment des branleurs. C'était un communiqué du CCC, le Comité Contre les Chats.

Avec Barbie Poufiasse, tu vis le rêve extraordinaire de toutes les poufiasses d'aujourd'hui.

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né un11septembre
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Message non lu par né un11septembre » 24 janv. 2008, 21:36

JoeHarper a écrit : Je pense que ce serait intéressant de ne pas consacrer ce topic qu'au Clown, mais à l'ensemble des oeuvres de Zhang Xiao Yu :)
J'ai le même sentiment. J'edite pour en faire un topic generique.

Voila qui est fait, en espèrant que ça motive Gemini a completer ^^
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JoeHarper
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Message non lu par JoeHarper » 25 janv. 2008, 00:49

Avis integré à l'article de tête par 11/09
En attendant, voici toujours mon avis sur Au fond du rêve... le raté de l'auteur, on va dire...

Ce manhua a la particularité d'être entièrement en couleurs et en format BD.

L'idée de base était prometteuse, mais malheureusement, Au fond du rêve est une déception.

En même pas 60 pages, Zhang Xiaoyu n'a forcément pas le temps de développer un scénario qui aurait pu être intéressant. On a l'impression qu'il se contente de balancer sur papier ce qui lui passe par la tête, sans tenter d'apporter la moindre cohérence à l'univers qu'il a créé. Le scénario est on ne peut plus confus.

Mais si ce n'était que le scénario... car visuellement, l'oeuvre est tout aussi brouillonne.
Autant les dessins de L'envol et du Clown sont magnifiques, qu'ici ils sont gâchés par des couleurs fades et une mise en page très confuse.

Au fond du rêve aurait pu être une oeuvre sympathique, dommage. Un raté pour Zhang Xiaoyu, espérons que ce soit le premier et le dernier.


En ce qui concerne L'envol, il m'a bien plu, il faudra que je le relise à l'occasion ^_^

Il me reste Sombre futur à lire, par contre.

Merci JoeHarper pour ta participation ^^
Faisez gaffe aux pigeons. C'était un conseil de l'opération "Pigeon Bourré".

Les chats, c'est vraiment des branleurs. C'était un communiqué du CCC, le Comité Contre les Chats.

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Koiwai
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Re: Zhang Xiao Yu (Fond du rêve/Clown/envol/sombre futur)

Message non lu par Koiwai » 29 juil. 2009, 12:48

Critique de Sombre Futur ajoutée dans le premier post :)
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Re: Zhang Xiao Yu (Fond du rêve/Clown/envol/sombre futur)

Message non lu par Koiwai » 14 juil. 2011, 16:37

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Parmi les auteurs de bande dessinée chinois, Zhang Xiaoyu est probablement l'un des plus prolifiques, et l'un de plus connus dans nos contrées, puisque nous lui devons déjà plusieurs oeuvres. Cette fois-ci, c'est sous le label Kraken des éditions Ankama que nous revient l'auteur, avec une adaptation du roman chinois Saving Human de Liu Waijia, le tout sous la forme d'une BD d'un peu plus de 80 pages entièrement en couleurs.

Dans un monde désertique, ravagé par la guerre, un avion s'écrase au sol. A son bord, un pilote mal en point, et un robot dont la mémoire n'a retenu qu'une seule chose: sa mission, qui consiste à sauver les hommes. Mais peut-il seulement y parvenir ? Au détour de ses rencontres avec le pilote, puis avec une mère et sa fille isolées dans une oasis pour fuir la guerre, et enfin avec les belligérants eux-mêmes, notre héros mécanique ne pourra que se résigner face à la cruauté de la réalité et de ceux qu'il est censé protéger...

Le concept de Saving Human Being est simple: un robot qui doit sauver les hommes cherche à bien faire, toujours et uniquement porté par cette mission, mais chacune de ses rencontres ne fera que l'enfoncer un peu plus dans son incapacité à sauver les humains, parfois adorables mais trop fragiles face aux dangers de la nature, à l'image de la mère et de sa fille, parfois tout simplement trop occupés à s'entredéchirer dans la guerre, s'inventant ainsi de nouveaux dangers comme s'il n'y en avait pas encore assez.

La quête initiatique du robot, qui voit lui échapper les unes après les autres les âmes qu'il est censé protéger, ne sait comment agir, puis prend petit à petit conscience du sacrifice totalement absurde qu'il devra faire pour avoir l'impression de réussir sa mission, laisse entrevoir un fond profondément pessimiste sur une humanité trop occupée à se faire la guerre pour chercher à se préserver. Le message est assez classique, mais bien mené et sublimé par toute l'innocence que dégage le corps mécanique qui sert de héros, un héros attachant à bien des égards.

Pour autant, l'ambiance générale ne se veut jamais totalement pesante, du moins pas avant les dernières pages. Le ton assez posé apporte une atmosphère résolument onirique et mélancolique encore renforcée par la beauté des illustrations de Zhang Xiaoyu, aux couleurs variées, nuancées et réalistes, sublimée par des grandes cases, voire des double-pages assez bluffantes. Une impression de pureté est dégagée par l'innocence du robot et de personnages comme la mère et sa fille, l'attachante Boya, les quelques exemples de moments heureux du quotidien du robot avec ces deux personnages renforçant aussi l'attachement que l'on peut avoir pour cette ambiance et ces protagonistes.
Face à ça, le changement assez radical qui apparaît quand le robot arrive au beau milieu de la guerre est plutôt saisissant. Là, les couleurs se font un peu plus ternes ou plus agressives sans tomber non plus dans l'exagération, et la bêtise humaine apparaît pleinement sous les yeux du lecteur quand il la compare aux bonnes intentions de ce robot qui ne sait comment réagir, ou, plutôt, qui ne parvient pas à comprendre le comportement de ceux qu'il devait protéger.

Malgré tout, si l'on entre facilement dans l'oeuvre, on regrette la rapidité à laquelle les choses se déroulent. On aurait aimé, par exemple, voir un peu plus de ces passages heureux du robot avec la petite Boya, qui peuvent ici se résumer en une page (ce que l'auteur fait d'ailleurs, en représentant de manière certes habile la mémoire de son héros lors d'une double-pages). On aurait aimé, également, voir l'auteur prendre le temps d'amener un peu mieux certains événements. Mais tout ceci ne gâche pas vraiment la lecture. Au vu du nombre de pages limité, Zhang Xiaoyu s'en sort fort bien, préférant aller à l'essentiel tout en parvenant à développer une ambiance réussie et une tristesse qui arrive tout naturellement.

Avec Saving Human Being, Zhang Xiaoyu offre un fond profondément pessimiste sur les faiblesses et absurdités humaines, le tout sous couvert d'une ambiance onirique, plus mélancolique et triste qu'accusatrice. Le tout est imparfait, certains éléments auraient gagné à être un peu plus abordés, mais l'ensemble dégage quelque chose de réellement attachant.

Du côté de l'édition, Ankama réalise un travail d'excellente facture. Format BD à la conception de qualité, impression impeccable, traduction fluide.
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