Auteur : Masanori Ookamigumi Katakura
Nbr. De volumes au Japon : 14
Nbr. De volumes en France : 8
Editeur : Tonkam
Style : Shonen
Autre titre : Go da Gun (ça ne me dis rien^^)
Synopsis :
L’histoire débute avec Zéro, jeune pistolero doué d’une rapidité hors du commun. Il va d’aventure en aventure à la recherche de Kurohimé. Cette dernière, prétendue morte est la plus grande et la plus puissante des sorcières. En sauvant Zéro d’une mort certaine alors qu’il était enfant, elle est à l’origine de son sens très aigue de la justice et de l’honneur.
Très vite, Zéro rencontre Himéko, petite fille tyrannique et enjôleuse qui prétend être la grande et très belle Kurohimé. Il faut savoir que Kurohimé, pour avoir osé défier les dieux est victime d’une malédiction qui l’a transformée en Himéko. Sous cette forme elle n’a presque plus de pouvoir. Seul l’amour qu’on lui porte peut lui permettre de retrouver temporairement sa véritable apparence et ses pouvoirs. Si elle peut ressentir de l’amour pour quelqu’un d’autre, alors le maléfice disparaîtra complètement.
Analyse :
En lisant « Kurohimé », on tient entre les mains un shonen très classique au premier abord. Dans les 4, 5 premiers volumes, on découvre les divers protagonistes et on apprend à les connaître au travers de petites histoires courtes. Bref encore une fois un schéma assez classique. Ce rythme qui fait office de premier arc (mais je n’en dis pas plus pour ne pas vous révéler la trame de l’histoire) se termine entre les volumes 4 et 5. A partir de là commence l’histoire principale qui est parfaitement dans la continuité des premiers volumes, mais il faut arriver jusque là pour bien s’en rendre compte. Les quelques flash-backs auxquels on a droit dans ces 2 vol. de transition ne cassent pas le rythme de l’histoire, mais viennent au contraire étoffer les personnages et le scénario.
Dès le volume 5 on est au cœur de l’histoire et comme je le disais plus haut, « Kurohimé » est un shonen construit sur des bases très classiques : la quête – des sentiments exacerbés, faciles et très manichéens - des combats.
J’ai pourtant trouvé ce titre frais et original. Cette originalité, c’est l’extrême habileté avec laquelle l’auteur jongle entre les scènes d’action, d’humour et d’émotions. L’utilisation du personnage de Tsuchi est aussi bien vue (voir plus loin).
Le choix du personnage principal est bien vu. Une femme mûre et décidée, pour changer des éternelles jeunes filles ingénues ou les adolescents naïfs mais surpuissants. Rajouter là-dessus les transformations de Kurohimé est une bonne idée pour brouiller un peu les pistes. Tantôt adulte et sage, tantôt enfant/ado complètement barrée. De plus la « quête » est multiple et les différents buts s’entrecroisent.
Sans complètement révolutionner les canons du shonen, « Kurohimé » est un titre plein de bonnes idées et qui sait tirer son épingle du jeu. C’est un titre original, bien dessiné et très agréable à lire. Au fur et à mesure de la lecture on sent un bon potentiel qui je l’espère sera exploité par l’auteur jusqu’au bout. Il a le sens du drame, de l’humour et du rythme.
L’humour justement est bien présent entre les scènes d’action (très baston surréaliste) et de construction scénaristique (j’entends par là, tous les flash-backs, les explications et implications, etc….). Ce n’est pas des blagues à vous faire hurler de rire (quoique perso….mais bon), mais vous vous surprendrez à soulever un sourcil et un coin de lèvre dans certaines situations grotesque à souhait (j’adore l’humour peau de banane ou pipi-caca).
Le dessin est très agréable et retranscrit par une légère variation du style graphique les différents moments de l’histoire. L’action et les découpages sont propres et facilement déchiffrables (contrairement à d’autres titres que j’ai pu lire). Petit reproche cependant au formes de la magie de Kurohimé qui me rappelle un peu trop Yu-Gi-Oh, mais on passe très vite dessus. Le chara design est très sympa, mais là je ne suis pas très objectif.
Les personnages :
Kurohimé / Himéko / Momhimé : Bon 3 noms pour un seul personnage ça peut paraître déroutant, mais on s’y habitue très vite. Comme expliquée dans le synopsis, Kurohimé, victime du maléfice est sous la forme d’une enfant (Himéko). Quand elle retrouve ses pouvoirs et son corps de femme plantureuse, c’est Kurohimé. Dans le début du 2 arcs, exit Himéko, l’enfant devient adolescente (Momohimé), ce qui colle mieux aux canons éditoriaux du shonen. Sous cette forme, ses pouvoirs sont un peu plus forts, mais toujours négligeable par rapport à sa vrai nature.
Avec tout ça, on ne se rend pas compte de qui est Kurohimé. C’est une femme, extrêmement belle, puissante, sage, avec des valeurs et un bon salaire (en fait là je sais pas) etc…. etc…… Le genre de femme qu’on croise à tous les coins de rue. Mais son désir de liberté pour elle et surtout le genre humain la transforme en martyre, elle porte le poids des douleurs de ce monde sur les épaules. Heureusement devrait-on dire, elle souffre de ce maléfice qui la présente sous un jour beaucoup plus humoristique et sympathique. Elle représente en fait l’évolution possible de l’humain….de l’enfant tyrannique en passant par l’adolescente romantique (mais pas que pour arriver à la femme/mère/déesse. Une fois de plus, l’auteur est assez habile en créant ce personnage que je suis curieux de voir évoluer. En effet, il nous montre ce qu’elle a été, ce qu’elle est et ce qu’elle sera, le tout sans enlever à l’intrigue.
Zéro : C’est le personnage le plus « shonen » et si ce n’était le titre de la série on pourrait penser que c’est le personnage principal. Adolescent orphelin en quête de Kurohimé qu’il refuse de croire morte et doué d’une rapidité surhumaine aux revolvers. A l’image d’un Gon ou d’un Songoku, il a cette innocence caractéristique du héros de shonen, mais aussi un sens de l’amitié, de la justice, de l’honneur et du sacrifice complètement abusé. Mais cette hypertrophie loin d’être pénible sert très bien l’histoire.
Onimaru / Tsushi : Ce personnage plutôt marrant est à la tête d’une armée de pistoleros et cherche par tous les moyens à se venger de Kurohimé. Bien que grotesque, il est le lien vers le passé de notre héroïne et à ce titre participe à tous les flash-backs (bon facile vu qu’il fait partit du passé de Kurohimé) ce qui le rend attachant. Au moment pivot de l’histoire, Onimaru se retrouve transformé en Tsushi, une sorte de chien / lézard privé de parole (mais pas de pensée) et très « kawaï ». Il accompagne alors Kurohimé partout et nous fait part de ses pensées sur le déroulement des aventures. Avec ce côté spectateur (puisqu’il ne parle pas, il ne peut pas influencer les protagonistes, mais nous participons à ses pensées), l’auteur crée un personnage qui fait le lien entre l’histoire et le lecteur. Je trouve cette idée bien exploitée.
Asura : Personnage féminin qui cherche à entrer en contacte avec Kurohimé dans le premier arc de l’aventure. Elle trouve un argument de poids dans le moment pivot et entraîne Momohimé dans une suite de quête qui servira les desseins de toutes deux (et plus si affinités). Asura, c’est le genre de personnage qui commence dans l’histoire avec une seule vision des choses mais qui petit à petit se fait influencer par la pureté des sentiments de l’héroïne.
Kazuma Nobunaga : Ce personnage vient, comme dans tout bon shonen, renforcer le groupe de nos héros. Cependant, on peut imaginer un développement plus sentimental. Kazuma est fils de samouraï et en ce sens plein d’honneur et d’éducation. Comme par hasard, il partage certains traits de caractère avec Zero……
Sword : C’est la méchante ou plutôt l’envoyée des dieux. Bien évidemment elle déteste Kurohimé pour des raisons diverses et variées que je ne vous dévoilerais pas. Pourtant, comme tout bon méchant qui se respecte, sa loyauté ne semble pas sans faille ou devrais-je dire sans raison…..à suivre.
Conclusion :
Kurohimé est un manga que j’ai longtemps vu sur les rayons sans m’y intéresser. Mais un jour que j’étais en manque de lecture je m’y suis intéressé et voilà….. j’y suis accroc. C’est pour moi un très bon titre qui sait bien mélanger les genres et qui est bien dessiné. « Kurohimé » ne vous mettra pas une grosse claque pour déclasser vos titres favoris ou culte. Il ne fera sûrement jamais partit des 50 meilleurs titres de l’histoire du manga. Et pourtant il mérite toute votre attention par son originalité et les bons moments qu’il vous fera passer.