Pour préserver l'ordre et avoir les idées claires, classer, c'est important. Mais parfois, les critères qui constituent la base de la classification sont déficients. Voilà une accroche bien théorique... Revenons à la mangasse . Les manga(s) sont très rarement édités directement sous forme de volumes reliés. Ils paraissent tout d'abord de manière découpée dans des magazines de prépublication, des revues spécialisées qui leur sont consacrées. Ces magazines se trouvent dans les kiosques, les librairies, les combini voire des distributeurs automatiques. Or, ce sont ces magazines qui permettent la classification des mangas, selon le critère du public visé.
Les revues de manga étant destinées à une catégorie d'âge précise, on peut distinguer quelques genres :
- Kodomo : pour les jeunes enfants.
Shōjo : pour les jeunes filles adolescentes.
Shōnen : pour les jeunes garçons adolescents.
Josei : pour les jeunes femmes et adultes.
Seinen : pour les jeunes hommes et adultes.
Ecchi : manga érotique mais non pornographique.
Yuri : romance sexuelle entre femmes.
Redisu : pour les femmes adultes.
Seijin : pour les hommes adultes.
Yaoi : parfois considéré comme un sous-genre du josei et du redisu, romance sexuelle entre hommes.
Hentai : manga pornographique en général, la plupart du temps hétérosexuel.
- Shônen nekketsu : Sous-genre du shōnen, le terme signifiant « sang brûlant », mettant en scène des héros défendant des valeurs traditionnelles telles que le courage, l'amitié et le dépassement de soi.
Shōjo-ai : Sous-genre du josei et du redisu, romance sentimentale entre femmes.
Shōnen-ai : Sous-genre du josei et du redisu, romance sentimentale entre hommes.
- Gekiga : manga dramatique des années 1960-70.
Jidaimono : manga historique.
Mangas d'horreur
Shitei : manga de type humoristique pour petits et grands.
Shakai : manga traitant de problèmes sociaux.
Suiri : policier, manga tourné vers le meurtre.
Yonkoma : manga en quatre cases (équivalent du comic strip), souvent humoristique.
Les genres s'imbriquant les uns les autres et étant aléatoires, la classification formaliste par le magazine de prépublication fait vraiment du bien pour y voir plus clair.
Cependant, cette classification n'est pas complètement satisfaisante, et ce sur plusieurs points.
Prenons un exemple. Lorsqu'un manga destiné plutôt à un public féminin et jeune paraît dans un magazine de prépublication destiné à un public masculin et jeune, le manga sera considéré comme shônen. De même, certains mangas destinés à un public plus adulte paraissant dans des magazines de prépublication destiné à un public jeune sont considérés comme des shônens et non pas comme des seinens.
C'est donc bien le public visé par le magazine, ou la réputation du public visé par ce magazine, qui va déterminer le genre d'un manga.
Mais un plus gros problème se surajoute. Lorsqu'un magazine de prépublication comme le Shônen Magazine ne se vend en majorité qu'auprès d'un public adulte, la classification n'a plus aucun sens car le critère du public visé n'est plus effectif.
La classification selon le public visé par le magazine de prépublication a pour avantage de fonctionner correctement dans les faits, malgré quelques inepties, et d'établir un classement rigoureux. La rigueur est une vertu indispensable.
Mais son formalisme la rend parfois peu crédible. Par l'exemple déjà vu précédemment, lorsque des titre destinés aux adultes sont considérés comme des shônens car publiés dans un magazine shônen, libre aux lecteurs de requalifier le genre d'un manga... mais cela ne change pas grand chose. Pour pallier aux incohérences de la classification, le lecteur a une liberté d'appréciation personnelle et peut classer un manga selon le genre qui lui paraît approprié, mais le magazine de prépu' lui, s'en tape. C'est donc la classification du magazine de prépublication qui prévaut, même si des paradoxes se font sentir.
Le même problème se rencontre lorsqu'il s'agit de déterminer si l'on a affaire à un manga, à un manhwa ou autre... Le magazine de prépu' détermine la nature du titre.
Et si vraiment on a envie de pousser très loin le débat, pourquoi ne pas évoquer les récents titres dessinés par des européens au style manga, et considérés comme tel ? Sont-ce des mangas ?
Avec toutes ces classifications suivant le genre ou la nature d'un titre, le topic fait office de sujet fourre-tout, et je vous avoue que je craignais ça... Mais les classifications sont nombreuses, donc autant se pencher sur chacune d'entre elles dans un même topic.
Il ne s'agit pas de changer un système établi et assez incontestable. Le site manga-news s'inspire de la classification établie par les magazines de prépublication et il est hors de question de la remettre en cause, puisque, comme je l'ai dit :
- - vu la diversité des genres, cette classification reste très bonne.
- contester la classification ne sert à rien puisque les magazines de prépu' s'en foutent légèrement...
- les Japonais se réfèrent à ce système, faire les malins à catégoriser de loin, ça fait légèrement pauvre petit occidental otaku
- on ne fait pas mieux, donc cette classification reste de principe
Pour articuler ce débat, posons quelques questions :
1. La classification selon le genre
Que pensez-vous de la classification établie et des quelques incohérences ?
Quels titres ne paraissent pas selon vous affiliés au bon genre du fait de leur publication dans un magazine de prépublication visant un autre public ?
Pour lancer tout ça, une petite liste :
- la plupart des titres de Clamp (dont Chobits, X...) : shônen , shôjo, voire seinen ?
- Aqua/Aria : shônen ou seinen ?
- Bienvenue dans la NHK : shônen ou seinen ?
- Saiyuki et Saiyuki Reload qui changent selon le mangazine de prépu' : l'un est shônen, l'autre shôjo.
- Ne parlons même pas des mangas d'horreur, inclassables...
- A vous d'en rajouter !
2. La classification selon la nature
Concernant la classification manga/manhwa/manga européen, quelle est votre opinion ?
Est-ce que la publication dans un magazine japonais doit primer sur l'origine des auteurs qui se retrouve dans le récit et les graphismes ? Citons le Nouvel Angyo Onshi, Kurokami Black God, Jackals, créés par des coréens mais publiés dans des magazines japonais, donc considérés comme des mangas.
Concernant le cas européen ou américain, est-il légitime que des bandes dessinées « à la manière de » puissent être considérées comme relevant de la même catégorie que celles qui les inspirent ?
Finissons sur une note remplie d'abnégation ... C'est pas là pour faire jouli, c'est juste nécessaire. Ce topic a une utilité finalement toute relative : après tout, je suis partisan de dire c'est bien le ressenti qui prime sur la classification...
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on est l'ivresse (dattebayo ! )