Il en faut plus que ça pour tuer un homme... On voit bien que tu n'as jamais connu le véritable enfer !
- Auteur : Kang Hyung-Kyu
- VO : Edité chez Daiwon (Corée) depuis 2008, 3 tomes (en cours)
- VF : Edité chez Ki-oon depuis juin 2009, 2 tomes (en cours)
Résumé éditeur :
"Dans un monde où la caféine a été élevée au rang de drogue, des bateaux entiers d’ouvriers sont amenés comme à l’abattoir sur une île inconnue. Ils ignorent tout du travail qui les attend − officiellement, il s’agit de récolter du café et du cacao pour la toute-puissante compagnie Kashoo.
Mais la vérité est tout autre : entre jungle hostile et créatures étranges, ils devront apprendre à survivre sur cette île…"
Seconde licence acquise par Ki-oon en 2009, La Mosca est une véritable prise de risque pour l'éditeur. D'une part, parce que les "bons" manwha se font rare, et d'autre part car il n'y avait que 2 tomes parus lors de l'acquisition, on ne peut donc pas prévoir l'évolution de ce titre... alors, en quoi ce titre pourrait-il sortir des sentiers battus ?
Immersion totale
Le thème du café mené au rang de drogue n'est (pour l'instant) qu'un prétexte pour une profonde immersion dans un univers totalement hostile, dérangeant, et glauque à souhait. En effet, le point de vue de l'action est centrée autour du héros et de ses compagnons d'infortune, et ne décroche presque jamais. Les premières explications sont très sommaires, et on se retrouve rapidement aussi perdus et désorientés que les protagonistes.
Alors qu'ils viennent d'endurer un terrible périple en bateau, les nouveaux "employés" de Kashoo débarquent sur une île étrange. A peine ont-ils le temps de poser pied à terre que des employés de la compagnie les déshabillent et les marquent au fer rouge ! Puis, ils sont alors divisés en groupe et seront amenés au coeur de la jungle hostile de cette île. Hostile, c'est le mot, car à peine viennent-ils de découvrir l'endroit qu'ils font face à un gigantesque monstre !
Vous l'aurez compris, le récit ne laisse aucun temps mort, les héros (et le lecteur) n'ont quasiment aucun moment pour reprendre leur souffle et tenter d'analyser la situation. Le cadre se focalise plus sur les sensations primaires de l'être humain, la peur, l'incompréhension, l'instinct de survie. Et le trait assez particulier de Kang Hyung-Kyu nous les fait ressentir très efficacement, à renfort de visages torturés et de corps en sueurs (froides).
L'homme est un loup pour l'homme
Si l'île se révèle être pleine de dangers, il est bien connu que "l'enfer, c'est les autres", et certains n'hésiteront pas à laisser mourir leurs camarades pour pouvoir fuir et survivre. La Mosca se propose ainsi de présenter les instincts les plus primaires de l'homme, en le revoyant à un stade quasi-animal. D'une part, par le traitement des personnages dès leur arrivée, ou ils sont déshabillés de force et marqués au fer, avec leur date de "fin de contrat". Un traitement digne de celui pouvant être employés pour des bagnards, voire des animaux. Par la suite, ils sont envoyés dans la jungle avec pour seul bagage qu'un grand couteau. C'est peu, face à une jungle aussi menaçante. D'autre part, par les méthodes de survie employées, allant de la trahison au cannibalisme. Le récit ne nous épargne rien, c'est gore, violent, tourmentant.... en un mot, inhumain.
Un scénario aux multiples facettes
Parallèlement à tout cet aspect de survie de tous les instants, de nombreuses questions se posent tout naturellement le long du récit et viennent enrichir une trame solide : Comment des gens peuvent-ils organiser un travail aussi dur ? Comment le café a-t-il pu s'élever au rang de drogue ? Pourquoi venir en récolter dans une jungle aussi hostile ? Au même titre que les personnages, c'est l'incompréhension qui nous guette.
Le récit prend également le temps de s'intéresser à certains personnages : Hiken, le "héros", est venu sur l'île dans le but d'y retrouver sa soeur et de la sauver. Mais c'est surtout le mystérieux personnage qu'est Nakai qui suscitera d'avantage notre intention. En effet, il est déjà venu sur l'île une fois, et donc y retourne en connaissance de cause. Qui pourrait accepter de subir deux fois un tel enfer ? Par la suite, un flash-back lui sera dédié, et on apprendra que d'autres personnages liés à son passé sont également sur les lieux.
En conclusion
La Mosca se révèle être un titre intense, et particulièrement sombre. La focale très proche des héros et le rythme effréné du récit nous font plonger intensément dans les instincts les plus primaires de l'Homme. On peut notamment le comparer à la série Lost pour l'aspect "incompréhension d'un univers hostile", ou encore à Battle Royale pour son côté meurtrier et vil. Ce n'est pas un titre à mettre en toutes les mains, vu la violence physique et psychologique qu'il peut inspirer.
- L'ambiance "jungle hostile" sombre et déroutante
- L'immersion par la proximité avec les personnages
- Un récit à plusieurs vitesses
Les -
- Il faut accepter le principe de départ
- La violence ne plaira pas à tous
- Le héros un peu trop effacé pour le moment