Message non lu
par Drazorback » 10 juin 2008, 00:04
C'est vrai que la question du dosage de l'humour est assez délicate... Faut-il privilégier l'aspect absurde, délirant, au risque de laisser et d'empêcher le lecteur d'accrocher sur la longueur? Faut-il juste le doser en petite touche sur une histoire "au premier degré" au risque de décrédibiliser la trame scénaristique?
[spoiler]Il est vrai que la place de l'humour, dans One Piece, a évolué au fur et à mesure que l'histoire avançait. Si au départ le ton était plus que délirant (on peut penser au côté simplement pathétique de Baggy ou aux histoires délirantes type Gaimon-dans-le-coffre et les animaux transgéniques...), il prend une tonalité plus sérieuse au fur et à mesure que l'histoire avance. Les sept puissants capitaine corsaire, la marine, des équipages de plus en plus puissants et charismatiques, tout est fait pour donner à la série une connotation épique si chère aux Shonens axés baston. Personnellement, la série n'a jamais été aussi drôle que jusqu'à ce que Pipo intègre l'équipage, c'est-à-dire aux tout premiers tomes...
La montée en puissance relative des différents membres, leur sérieux vis-à-vis de l'accomplissement de leur rêve, et leur participation de plus en plus mise en avant aux combats: tout est fait pour conférer à One Piece une ambiance classe. On assiste pour moi à un glissement dès le combat contre le capitaine Kriek, l'arc d'Arlong vise à donner un côté tragique à l'ambition purement vénale de Nami... On assiste donc à un certain glissement d'une œuvre absurde limite parodique à un shonen classique jouant à se donner un côté délirant. Et en effet, dès lors, le grand écart entre 1ers et 2nd degré se fait plus difficile à maintenir...
Dès lors il ne s'agit plus véritablement de prendre l'oeuvre au second degré, ironiquement, ce qui signifierait en fait rire de ce qu'elle n'est pas. Une série faite sérieusement, sans vraiment d'auto-dérision, qui en deviendrait par là absurde: or One Piece est une série comique assumée. Par conséquent, on peut estimer qu'au moins à partir de la Route de Tous les Périls l'histoire prend une direction beaucoup plus sérieuse (le coup d'Etat organisée par Baroque Works, les difficultés rencontrés par le peuple d'Alabasta dont le contexte géo-politique est clairement défini, l'histoire de la doctoresse plus émouvante que drôle, et même la dictature d'Ener). Même les histoires les plus bégnines comme celle des Géants (que j'ai particulièrement aimé) sont traité avec un certain sérieux. Cette tournure était nécessaire pour éviter que One Piece deviennent une série anecdotique et lui conférer une saveur épique mais met en péril la propension d'Oda à l'absurde.
Du coup, il devient de plus en plus dur d'assurer à la fois humour déjanté et histoire aventureuse... Et même si il tombe parfois dans certaines lourdeurs (des passages un poil trop poseur, des combats un peu trop nombreux) je trouve qu'Oda s'en sort avec un certain brio. Surtout parce que son univers reste cohérent dans l'absurde.[/spoiler]
"Je m'affirme moi même",
Toshi-Mon The World Is Mine