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Tome 1 :
1346, France, province de Normandie, cité de Carentan. Alors que la Guerre de Cent Ans a débuté depuis presque dix années, la petite ville, idéalement située, doit faire face aux menaces d'invasion ennemies, mais n'a pas forcément les ressources humaines nécessaires pour s'en sortir. Afin de sauver la cité, son chef a choisi d'engager les membres de la Compagnie Blanche du Corbeau, un groupe de mercenaires dirigé par une certain John Hawkwood...
Les récits puisant leurs sources dans l'Histoire ont le vent en poupe, d'autant plus lorsqu'il se passent en Europe. Ainsi, l'heure était sans doute venue pour Doki-Doki d'avoir son représentant du genre, avec Hawkwood, une série en 8 tomes que l'on doit à Tommy Ohtsuka, mangaka que l'on a découvert en France il y a quelques années avec Slayers : Knight of Aqua Lord chez Ki-oon. Et pour l'occasion, l'auteur a choisi un pan de L'histoire qui n'a pas forcément l'habitude d'être évoqué, et plus encore un personnage historique qui reste méconnu du grand public malgré son statut intéressant : John Hawkwood est en effet considéré comme le tout premier chef d'armée de mercenaires de l'Histoire.
La première partie du volume sert essentiellement à poser les grandes lignes du contexte et les enjeux autour de la petite ville de normande de Carentan, attirant les convoitises de l'envahisseur anglais, et pas que. Au fil de ce début de série jouant sur le conflit et sur une petite traitrise animant encore un peu plus les pages, Tommy Ohtsuka nous offre un premier aperçu de la Compagnie Blanche du Corbeau et de son fonctionnement sous la houlette de John Hawkwood. On découvre alors le sens du combat de cette bande, ainsi que leurs petites stratégies (par exemple l'utilisation de leur carriole de femmes pour endormir la vigilance de l'ennemi)... mais ce sont surtout les motivation de Hawkwood qui intéressent le plus : mercenaire oblige, elles sont purement pécuniaires. Le combattant prend soin de ne pas trop se lier à ceux qui l'embauchent, car il n'est pas dit qu'il ne devra pas l'affronter plus tard si l'ennemi lui fait une belle offre. Et quitte à se battre et vivre uniquement pour l'argent, autant toujours essayer de tirer le plus de profit possible des missions... On comprend vite que John Hawkwood et ses hommes ne sont pas du genre à respecter les règles de chevalerie dans leurs batailles, et c'est bien cet élément qui intrigue le plus.
Car pour le reste, on ne peut pas dire que la première partie du volume pose encore correctement tout ce qu'il faut, surtout concernant l'ambiance, et cette impression vient essentiellement d'un coup de crayon qui, bien que fluide dans les moments d'action et jamais vide, souffre d'un aspect un peu trop propre : pas d'atmosphère vraiment crade, pas d'ambiance de guerre qui prend aux tripes, pas vraiment de sang ou de vraie violence... Pour un manga de mercenaires en pleine guerre du Moyen-Âge, ça ferait presque un peu bizarre. Mais le problème vient surtout, pour l'instant, du manque de charisme des principaux personnages sur le plan physique, à commencer par celui de Hawkwood qui a une dégaine somme toute banale voire passe-partout, malgré son expression faciale plutôt neutre assez réussie.
Pour que l'aspect visuel et même l'intrigue principale décollent un peu plus, il faut donc attendre la deuxième partie du volume, qui est celle posant véritablement des bases un peu plus solides avec l'apparition du prince Edouard III d'Angleterre, à la mine autrement plus efficace dans sa sournoiserie apparente et dans sa soif de guerre pétrie d'ambition, et dont les objectifs de conquête du trône français et de défi envers le Roi de France Philippe VI commencent à bien faire décoller les choses, surtout au vu des dernières pages amenant déjà un intéressant revirement. Via les débuts du conflit amené par Edouard, le mangaka s'applique à conservé un fond historique suffisant pour servir son récit.
Il est donc encore trop tôt pour pleinement se prononcer sur les débuts de Hawkwood, et Doki-Doki semble en avoir bien conscience en ayant eu l'excellente idée de publier les deux premiers tomes de la série simultanément. En attendant, la série a quelques défauts à gommer mais démarre de façon intrigante en nous immisçant petit à petit dans une intrigue sur fond historique qui s'annonce très plaisante.
Dans les standards de l'éditeur, l'édition de Doki-Doki est particulièrement bien portée par l'efficace traduction de Sébastien Ludmann, qui s'est appliqué à retranscrire une ambiance d'époque assez convaincante via quelques expressions et mots moyenâgeux bien trouvés.