
Année de production 1998
Durée :1h30
A Tokyo, Fusé est membre de l’unité Panzer, division armée de la police chargée d’anéantir tout opposant. Véritable machine à tuer, Fusé est chargé d’exterminer les terroristes du groupe appelé « la Secte ». Au cours d’une mission, il est incapable d’abattre une jeune rebelle, surnommée « Petit Chaperon Rouge » à cause de la veste rouge qu’elle porte. Celle-ci se suicide. Hanté par cette mort, Fusé rencontre par hasard sa soeur aînée, dont il tombe amoureux. Mais cette rencontre est-elle vraiment fortuite? Fusé semble être l’instrument d’un complot qui vise à détruire l’unité Panzer et la brigade mythique des Jin-Roh... (résumé Manganews)
Un film incontournable
Grand classique de l’animation Jin Roh a tout de même dix ans, et les plus jeunes ne connaissent peut être pas ce chef d’œuvre…ce qui serait un tort !
A l’origine on doit ce projet à Mamoru Oshii qui s’est rendu célèbre dans le monde entier avec Ghost in the Shell, mais bien que reprenant une trame qu’il avait déjà introduite dans deux autres réalisations, ici il se contentera d’écrire le scénario ; il va confier la réalisation au jeune Okiura qui était déjà animateur sur Ghost in the shell.
Pour une première réalisation, on peut dire qu’Okiura à placé la barre très haute !
Ce film se situant vers la fin des années 50 est une extrapolation de ce qu’aurait pu devenir le Japon, la police et l’armée sont entrée dans une lutte de pouvoir, à laquelle vient s’ajouter un groupe de terroristes voulant provoquer une révolution dans le pays !
A première vue, cela peut paraître complexe, il y a pas mal de personnages dont le statut n’est pas clairement défini, on nous présente de nombreuses intrigues entre les différents groupes, avec des agents infiltrés, d’autres groupes secret au sein même de ces organisations…il y a moyen de perdre le fil si l’on n’est pas attentif.
Un conte pour enfants?
Mais Jin Roh est bien plus qu’un film d’espionnage, il y a plusieurs niveaux de lectures, c’est aussi une belle histoire d’amour, d’un amour cruel et impossible.
A un autre niveau, le film tout entier est une métaphore du « Petit chaperon rouge »…Oshii réinterprète le conte de manière bien cruelle, ou le véritable héros n’est autre que le loup, animal intelligent qui se cache parmi les hommes qui ne méritent peut être pas d’être sauvés.
Les personnages reprennent les rôles du conte, mais le déroulement est autre, et la fin est bien moins heureuse que dans la version que l’on raconte aux enfants.
Le film pourrait se résumer par cette phrase : « Nous ne sommes pas des hommes déguisés en chiens ; nous sommes des loups déguisés en hommes ! » Les hommes son ici la masse impersonnel avec ses défauts, les chiens sont ceux qui baissent la tête et suivent les dirigeants sans se poser de questions et les loups sont ici des êtres indépendants qui n’ont pas de maître !
Tout repose donc sur cette métaphore qui est superbement amené et qui nous conduit à une fin tragique vraiment très touchante !
Mais encore...
Pour l’aspect technique, la réalisation est superbe, les couleurs peuvent sembler ternes mais c’est un choix pour coller à l’ambiance de l’époque. Il faut cependant reconnaître que l’animation à quelque peu vieilli mais c’est vraiment pour trouver un petit défaut ! Le rythme du film est volontairement lent, on se laisse bercer par celui ci. Le dessin est superbe, les personnages paraissent réels…mais ce qui marque le plus c’est la musique…elle est magnifique ! Le compositeur a réalisé ici, une véritable perle, le tout donne au film un aspect mélancolique auquel on ne peut se défaire ; même les scènes qui s’apparentent à de l’action, sont bercés par une musique superbe qui touche et émeut.
Un film à voir absolument, tout amateur, non pas d'animation, mais de cinéma en général se doit de posséder ce chef d'oeuvre!