La fleur du sommeil

Shojo, josei, yuri, yaoï... En d'autres termes voici la rubrique regroupant les genres de manga destinés à un public féminin!
Avatar du membre
NiDNiM
Otaku Girl
Messages : 1300
Enregistré le : 30 nov. 2008, 17:53
Localisation : Avec ma chérie

La fleur du sommeil

Message non lu par NiDNiM » 05 nov. 2009, 19:21

Image
Yuana Kazumi
* Editeur VF : Tonkam
* Date de publication vf : 04 Novembre 2009 / 27 janvier 2010
* Nbr de volume(s) : 1 (En cours)

* Editeur VO : Kadokawa
* 1er date parution vo : 2003
* Nbr de volume(s) vo : 2 (Terminé)


La fleur du sommeil, Vol 1 :

L’art de la divination n’est pas forcément un cadeau du ciel. Dans le cas de Yuuki, c’est plus un embêtement qu’autre chose. Car en voyant les élèments tristes du destin des autres, elle voudrait le changer. Mais qu’elle les prévienne ou essaye d’agir par elle-même, la jeune fille n’arrive pas à faire bouger le destin. Ce don ne sert alors plus qu’à la faire souffrir de son impuissance, et de se voir mal appréciée dans son école. Ses visions ne sont pas claires, et ce n’est pas le changement qui survient dans sa vie qui améliorera les choses ! Le jour où Yuuki aperçoit dans ses rêves une étrange jeune fille aux côtés de sa sœur qui dort anormalement longtemps, Ryune et Ryunosuke arrivent à l’école. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, pourquoi la sœur jumelle de Yuuki dort-elle, on ne sait absolument pas. Le début nous plonge directement dans l’histoire sans phase de préparation, ce qui n’est pas plus mal étant donné que la série ne comptera que deux tomes. Yuuka dort depuis quelques jours, et bientôt c’est au tour d’une camarade de Yuuki de la suivre. Quel est le rapport entre ces rêves, les accidents de sommeil profond, le kaléidoscope de la petite fille vue dans des moments d’extra lucidité, et les messages que Yuuki reçoit sur son téléphone ? Directement, l’auteur pose des bases de réflexion et de mystère, ce qui est une bonne idée dans une « sentimental comedy ».

Alors certes, au début tout est un peu déconcertant : les pouvoirs des deux nouveaux compagnons de l’héroïne, son but, Yuuka et son sommeil, la petite fille … Heureusement, on ne se trouve pas en présence d’une figure de proue totalement idiote et sans cervelle. Très vite, on aborde le problème de ce sommeil comme étant du à un évènement désagréable que la personne ne pourrait supporter sans possibilité d’évasion, de rêve perpétuel. Dans ce cas, comment tirer de l’irréel une personne triste et recroquevillée dans sa propre imagination, ayant suivi la tentation d’oublier de plein gré et ne semblant pas pressée de revenir à la dure réalité ? Ce petit shojo paraît anodin, sucré et peu profond alors qu’il développe subtilement des thèmes sous jacents, sans jamais verser dans le sentimentalisme, les pleurs ou les échanges de regards interminables. Même le fantastique et les pouvoirs ne dérangent pas, tant l’auteur ne s’attarde pas sur tout ce qui peut rendre les shojos actuels déplaisant. Malgré la présence d’un trio amoureux (quatuor avec Yuuka ?), Yuana Kazumi n’en profite à aucun moment pour parler d’amour plus que nécessaire. Cet aspect du manga est d’ailleurs au second voire troisième plan tant il n’a que peu d’importance ici. Et au final, la lecture passe rapidement comme si de rien n’était et … on veut la suite. Qu’est ce qui attend Yuuki et ses fiancés, quel est ce tragique destin qui semble se profiler ? Pourquoi ? Qu’est ce que Yuuka a à voir avec la petite fille aux cheveux courts ? Le passé des deux sœurs est, soit dit en passant, fort à propos : amené au bon moment, il permet de comprendre beaucoup de choses sur la relation des filles et à propos de la présence des deux frères dans le récit. Des portes sont ouvertes, on a hâte de voir comment l’auteur, en gardant son ton un peu détaché qui ne paye pas de mine, parviendra à les refermer, on espère correctement.

Certains connaissent déjà la mangaka pour Haru Hana ou Des milliers de larmes, mais ceux qui la découvrent auront le plaisir de découvrir le trait un peu particulier de l’auteur. Loin des stéréotypes visuels du genre, le style de Yuana Kazumi est à la fois brouillon et soigné, enfantin et mature, expressif et froid, détaillé et simple … Un grand paradoxe règne sur un univers graphique parfois peu assuré, mais toujours très agréable. D’avantages beaux que « mignons », les personnages ont un petit quelque chose qui nous fait nous attacher à eux en un coup d’œil et la couverture attire le regard du lecteur, de par sa fausse sobriété. Des couleurs pastel, de l’aquarelle -probablement utilisée en duo avec les crayons de couleurs- pour les dessins de la couverture … Une excellente initiative de la part de l’artiste ! On ne peut que lui reprocher un peu de trop de simplicité dans ses décors, malgré le sentiment que le vide correspond fort bien à la narration, qui de plus tranche agréablement avec la dynamique du récit, afin de ne pas nous perdre en court de route. Il n’y a que la police du titre qui est un peu trop m’as-tu vue, éclipsant le dessin de base, puisque Tonkam rend ici un travail satisfaisant, du moins si l’on ne chipote pas : onomatopées laissées en version originale, ombres et nuances un peu oubliées, et certains dessins de fond, agrandis, ont l’air un peu flous … La traduction reste fluide, le prix attractif et le tout plait bien. On partait d’un œil blasé et on tombe sur une comédie sentimentale très agréable. Pas lourd ni lent à démarrer, l’amour n’a pas tant de place que prévu, et même si la narration met un peu de temps pour trouver ses marques, l’idée est bonne et la réalisation est d’excellente facture tant elle surprend un lecteur un peu curieux mais sans plus. Il en est de même avec le visuel qui a l’air incertain mais qui s’inscrit parfaitement dans le travail global de la mangaka, qui rend ici un très bon début de série. Un premier tome à essayer, à savourer !
[Définir, c'est limiter.]
[Le critique est celui qui peut transposer d'une autre manière ou traduire en éléments nouveaux, son impression de la beauté.]

Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray

Mon trésor
MON coup de cœur, MA pub.

Avatar du membre
NiDNiM
Otaku Girl
Messages : 1300
Enregistré le : 30 nov. 2008, 17:53
Localisation : Avec ma chérie

Re: La fleur du sommeil

Message non lu par NiDNiM » 17 mars 2010, 20:50

Remontage de topic oublié :D

Vol 2 :

Dans ce deuxième tome, la sœur de Yuuki est mise en avant au-delà de ce qu’on espérait, si bien que parfois on se perd dans certains passages sortis tout droit de ses souvenirs. Mais avant cela, il faudra se préoccuper des sentiments que Ryuné, son frère et notre héroïne préférée partagent plus ou moins comme il faut. Car Yuuka, même endormie, aime. Et ces sentiments sont sans aucun doute la cause de beaucoup de choses … A vrai dire, si le concept de s’endormir pour fuir la réalité est excellent, il est dommage qu’en deux tomes cela tourne forcément au quatuor amoureux trop simpliste et décevant. Dans le même temps, on revient quelque peu -de nouveau- sur l’enfance des bambins, avant de se tourner vers le présent et les problèmes que celui-ci engendre. Car Yuuki n’est pas à l’abri : son don lui vaut un bien triste destin, qui la promet à la mort prochainement. Et c’est le drame quand la jeune fille qui illustre le manga tombe elle aussi, et après un des deux garçons, dans un sommeil salvateur. Mais une autre forme de sommeil, pour Yuuki. Un sommeil éveillé. Celui de l’ignorance.

Ceci dit, si la narration du premier tome était habilement mystérieuse, celle-ci se trouve être maladroitement anarchique. Dès le début, le lecteur est un peu perdu mais lorsque Yuuki se perd elle même, c’est véritablement le trouble narratif qui s’installe. On apprécie le petit moment de drame lié à l’accident, mais les troubles de mémoire de l’héroïne, couplés à sa confusion et à ses idées qui reviennent peu à peu via deux fillettes sont un peu de trop. Certes, ceux-ci lui rappellent quelque chose, et c’est en quelque sorte une guérison par une nouvelle chance. Mais le tout est assez pesant et moins intéressant que prévu. Il lui suffit de réconcilier ces deux sœurs et empêcher l’une des deux de partir, pour avoir une chance de retrouver la sienne. Avec l’aide de Ryunosuke, cela semble possible. Dernière chose regrettable : tout se finit bien trop vite. On avait pensé une grosse rancune, puis l’amour avait calmé nos attentes avant de les raviver, et de les voir finalement déçues : la fin n’apporte rien de véritablement fort, du moins si l’on ne se laisse pas prendre au piège des bons sentiments. En somme, seul le dessin toujours atypique sauve la série de la grande déception par rapport au premier tome, et encore parfois il est difficile de différencier les deux sœurs autrement que par leurs cheveux. Notons toutefois que globalement, la série est sympathique par le thème abordé, ses personnages attachants, et quelques rebondissements que l’on attendait pas.
[Définir, c'est limiter.]
[Le critique est celui qui peut transposer d'une autre manière ou traduire en éléments nouveaux, son impression de la beauté.]

Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray

Mon trésor
MON coup de cœur, MA pub.

Répondre