La Femme défigurée

Shojo, josei, yuri, yaoï... En d'autres termes voici la rubrique regroupant les genres de manga destinés à un public féminin!
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Koiwai
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La Femme défigurée

Message non lu par Koiwai » 11 déc. 2012, 09:24

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La fiche sur le site


Tome 1 :

A l'époque de sa sortie en 2004, la Femme défigurée avait un peu l'aura d'une pionnière : en sortant ce titre, les éditions Akata nous invitaient tout simplement à découvrir un genre encore quasiment inédit, le shôjo horrifique, qui depuis a été représenté, de manière large, par d'autres oeuvres comme l'Etrange petite Tatari (de la même auteure, Kanako Inuki), Scary Lessons, la Fille des Enfers...

La Femme défigurée, c'est un ensemble de courts récits regroupés en deux tomes, et ce premier volet nous propose trois nouvelles nous plongeant dans des histoires aussi étranges que malsaines.

D'une longueur de 100 pages, la nouvelle donnant son nom à la série nous plonge dans le quotidien d'une école où les enfants deviennent la proie d'une étrange femme dont la bouche est enroulée d'un foulard. Elle aborde les enfants de manière très glauque, les apeurant, se fait de plus en plus oppressante, cherche bientôt à kidnapper certaines fillettes... Pour quelle raison ? Tout en essayant d'éviter l'étrange femme, les enfants tout comme leurs professeurs, toujours plus stressés, partent dans les hypothèses de légendes urbaines, avant de voir légendes et réalité se confondre...
Si un lecteur un peu averti va vite deviner où le récit va aller, Kanako Inuki démontre un véritable don pour raconter les choses, accentuant quand il le faut la légende de la femme défigurée dans la bouche d'enfants de plus en plus apeurés, exploitant bien ses personnages pour faire aller crescendo la tension, et ne lésinant jamais sur quelques pointes de cruauté gore. En ressort un conte horrifique urbain fluide, prenant, et où la frayeur des enfants et l'incapacité des adultes à les protéger fait au moins aussi froid dans le dos que la conclusion elle-même.

Plus crade et poisseuse, Les Mollusques mutants est un récit de 70 pages nous plongeant auprès de trois fillettes décidant de s'incruster dans la maison de vacances de la souffre-douleur de la classe. Même depuis qu'elle a décidé d'élever des escargots sans coquille qu'elle a trouvés, celle-ci devient très étrange, tout comme son entourage : tout le monde évite le soleil, des traînées gluantes parsèment les murs, bébé se promène au plafond... Et le pire reste à venir !
Là aussi, on devine très rapidement le fond de l'histoire ce qui n'empêche pas de passer un bon moment de lecture, car la mangaka se fait plaisir en malmenant les unes après les autres ses héroïnes de manière parfois très cruelle, un brin sadique. Le côté crade et gore est là, soulèvera les coeurs des jeunes filles visées à la base, et plaira aux amateurs d'horreur cruelle à la Hideshi Hino, par exemple.

Plus court, le dernier récit présente une fille laide, qui a un jour l'opportunité de devenir plus jolie grâce à un mystérieux maquillage qui va petit à petit l'enfoncer dans la laideur, sans qu'elle s'en rende compte... En une vingtaine de pages, Kanako Inuki parvient à offrir une petite histoire honnête, où les choses ont le mérite de bien s'enchaîner.

Au final, la Femme défigurée a tout pour plaire aux amateurs de récit horrifiques. Les héroïnes fillettes, les crêpages de chignons entre files, les excès de jalousie, le souci d'être belle sont autant d'éléments très féminins justifiant l'appellation shôjo même s'ils sont joliment détournés dans un but horrifique, la manière dont l'étrange s'immisce dans le quotidien rappelle Junji Ito, l'aspect effrayé d'enfants qui ne peuvent compter que sur eux-même évoque un titre comme l'Ecole emportée de Kazuo Umezu, le trait assez difforme à base de cruauté gore et de physique pas très beaux où ressortent des yeux très globuleux n'est pas sans faire penser à ce que peut faire un auteur comme Hideshi Hino. En se plaçant ainsi au carrefour de différents maîtres de l'horreur, et en proposant des récits efficaces comme nous avons pu le voir, cette courte série en deux volumes se présente comme un premier choix pour les amateurs d'horreurs... et pour les jeunes filles qui n'ont pas peur de se faire peur !
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Arvaudil
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Re: La Femme défigurée

Message non lu par Arvaudil » 24 déc. 2012, 17:29

J'ai ce mange depuis quelques années maintenant, ils est bon mais sans plus.
Dans le genre, je lui préfère les Junji Ito.

neicin
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Re: La Femme défigurée

Message non lu par neicin » 10 avr. 2013, 21:36

Je ne savais pas qu'il était classé "Shojo horrifique", je viens de connaitre un nouveau genre! Pour moi je ne vois que de l'horreur... Quoiqu'il en soit j'ai bien aimé cette série, et les petites histoires à la fin des tomes sont sympas aussi. Pour les fans d'horreur je peux vous conseiller aussi Le manoir de l'horreur, en 10 tomes.

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Koiwai
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Re: La Femme défigurée

Message non lu par Koiwai » 02 janv. 2014, 20:53

Pouarf, ça fait déjà plus d'un an que j'ai lu le tome 1 alors que je pensais l'avoir lu cet été... o_O"



Tome 2 :

Suite et fin de la Femme défigurée dans ce deuxième volume se divisant autour de deux nouvelles histoires qui mettent facilement mal à l'aise !

Dans la première histoire, c'est le retour de la femme à la bouche déchirée. Celle-ci s'est nourrie des rumeurs pour se matérialiser et prendre la place de la mère de Sakura, qui doit désormais vivre avec elle !
Avoir pour mère un monstre : de ce point de départ qui fait forcément froid dans le tôt, Kanako Inuki fait une histoire qui va assez loin dans le malsain, au point de briser toute bonne morale ! L'auteure sait où elle va, et exploite surtout très habilement ses points de départ pour offrir une suite dérangeante, oppressante et qui enchaîne les surprises dans son twist final. Ce que l'on apprécie, c'est la manière dont tout part d'éléments qui font le quotidien des fillettes, le premier public visé : le rattachement à la mère bien sûr, mais aussi et surtout le goût que les enfants peuvent avoir pour lancer des rumeurs. Ces choses du quotidien, Inuki les reprend et le retourne à l'extrême contre ses personnages, pour un résultat qui ne peut alors que faire froid dans le dos, voire dégoûter dès lors que l'auteure s'adonne à son goût pour les visuels très oppressants et un peu gores : les yeux très exorbités font toujours leur effet, de même que la très bonne utilisation des onomatopées qui peuvent devenir très envahissantes dès qu'il le faut. Et côté gore, les déformations physiques sont dévoilées quand il le faut, après que le lecteur a été bien préparé, par exemple en se demandant longuement ce que cache le masque. Le seul point faible pourrait venir, pour certains, du twist final, sans temps mort, qui assure sans problème l'immersion grâce à son rythme effréné... au risque d'être un peu trop rapide.

La deuxième et dernière histoire suit la même ligne directrice. Inuki y prend un fait critique établi (le fait que les japonaises font de moins en moins d'enfants, véritable problème au Japon... Quand on sait que l'oeuvre ici présente est sortie dans les années 1990, on se rend bien compte de l'intemporalité de ce sujet délicat et du récit d'Inuki) pour développer à nouveau une histoire glauque, d'abord tout en interrogations (que cachent les boules qui se sont formées et grandissent sur les deux héroïnes ?), avec ce qu'il faut de visages effrayés et de débuts de déformations physiques, avant que tout n'explose avec horreur dans le twist final !

Au final, ce deuxième tome est aussi bon que le premier pour qui aime les récits horrifiques loin d'être tendres. En s'appuyant sur des points de départ ancrés dans la réalité et un peu critiques (le goût pour les rumeurs, la baisse de la natalité au Japon...), Kanako Inuki exploite ensuite de très bonne manière l'arrivée du surnaturel horrifique dans le quotidien des fillettes, pour faire aller crescendo la tension avant l'explosion finale. Ses visuels oppressants font alors le reste, et le résultat ne laisse pas indifférent !
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