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par Glass Heart » 05 sept. 2013, 15:48
Bon, alors c'est parti et je préviens que je ne vais pas être très gentil à l'égard du film.
Kick-Ass 2 reprend donc trois ans après le premier opus. Pour une raison étrange, Dave et Mindy (qui a désormais 15 ans) sont désormais dans le même lycée, mais passons. Les choses ont changées en trois ans: Kick-Ass a inspiré des citoyens ordinaires à prendre le masque pour défendre leurs rues, alors que lui-même a raccroché. Mindy, quant à elle, continue sa vie de Hit-Girl, faisant croire à son nouveau tuteur qu'elle continue d'aller à l'école. Dave compte revenir en tant que Kick-Ass et la convainc de l'entraîner et de faire équipe ensemble, mais le tuteur finit par découvrir que Mindy a replongé.
A partir de là, le film s'axe sur deux intrigues parallèles, la première sur Mindy qui tente d'abandonner son identité de Hit-Girl et de s'adapter à la vie d'une lycéenne normale, et la seconde sur Kick-Ass qui rencontre les nouveaux urbains et qui rejoint un groupe de super-héros hauts en couleurs. Pendant ce temps, Chris d'Amico, qui n'a pas pardonné à Kick-Ass d'avoir tué son père avec un bazooka (de loin la meilleure réplique du film et c'est... un gag du film précédent...), décide de devenir le Motherfucker et de monter un groupe de super-méchants.
C'est le moment où l'histoire du film est censée vraiment démarrer et c'est aussi le moment où la narration commence à s'embrouiller complètement. Le film n'est en fait qu'une succession de séquences liés à un de ces trois axes sans qu'il y ait véritablement de continuité logique entre chaque. L'intrigue sur Mindy est de loin la meilleure: Chloë Grace Moretz est juste phénoménale, apportant à ses scènes la conviction et le degré de dérision qui avaient fait la saveur du film précédent et qui manquent cruellement à celui-là. Sa relation avec son tuteur est touchante et crédible et ses scènes avec ses nouvelles "amies de lycée " qui la bizutent, si elles n'ont rien de franchement original, sont de loin les plus drôles du film. Ca n'a rien avec l'esprit Kick-Ass, on trouverait ce genre de scène dans n'importe quel teenage movie et ce sont pourtant de loin les scènes les plus intéressantes du film, c'est dire le désastre !
L'intrigue avec Kick-Ass, c'était censé être l'intrigue principale du film, son gros délire geek. C'est au final un véritable pétard mouillé. Pourtant, une réunion de justiciers du dimanche soir aux looks et aux identités secrètes improbables qui patrouillent ensemble, l'idée en elle-même est incroyablement fun. Ajoutons à cela l'alliance des méchants et la grande bataille finale entre héros et vilains costumés, mais c'est censé être du pur délire. Mais alors, comment se fait-il que ça ne marche pas ? Comment se fait-il que l'on s'ennuie à ce point lors de ces scènes et que l'on ait envie de revenir à la, ô incroyablement plus passionnante, vie de la petite Mindy au lycée ? Alors que les idées sont là, le coeur n'y est pas tout simplement. Là où la réalisation de Matthew Vaughn transpirait l'originalité et la sincérité à l'égard du pur délire geek qu'il filmait, ici c'est simplement un film qui donne aux fans le délire qu'ils attendent mais sans la conviction qu'il devrait y avoir derrière. Ces scènes sont complètement désincarnés, il n'y a pas d'âme, juste un cahier des charges rempli. Si bien que tout le délire et tous les gags tombent à plat, tandis que les acteurs ont l'air de se demander ce qu'ils font là, totalement perdu dans le foutoir total qu'est la réalisation de ces scènes. Même Jim Carrey, totalement sous-employé, ne parvient pas à donner de l'aura à son personnage.
Quant au Motherfucker, je préfère ne pas parler de ces scènes tellement c'est risible. L'acteur semble lui aussi complètement perdu, livrant une prestation en roue libre, et ce n'est pas l'absence totale de conviction de son partenaire John Leguizamo (qui a l'air de s'en battre complètement) qui l'aide à tirer quelque chose de ses scènes. Son personnage dans le film est aussi unidimensionnel qu'insupportable et son rôle se limite à monter une armée de super-méchants en vue de la grande bataille finale. Il n'a même pas une grande place dans l'intrigue, il sert juste de prétexte à l'armée de super-vilains. Son personnage ne sert à rien.
Maintenant, à partir de là, le film tente de reprendre la formule du premier opus avec son usage original et fun de la violence et du politiquement incorrect. Sauf que là où, dans le film de Matthew Vaughn, cela contribuait à créer un univers, ici ça ne vole pas plus haut que la simple vulgarité. Déjà, la violence est, contre toute attente, assez censurée. Beaucoup de choses se passent en hors-champ, il est loin d'y avoir autant de sang que dans le film précédent et même les gags qui se veulent violents ne vont jamais au bout de leurs intentions. Là où le premier film nous proposait une jeune fille qui dézinguait à tout va, la suite montre davantage des chorégraphies de combats où on ne voit que rarement les coups porter et où, beaucoup plus grave, on ne sent pas ces mêmes coups porter: Jim Carrey fout un coup à un gorille avec sa hache, on n'a pas l'impression qu'il vient de le frapper mais qu'il est passé juste à côté et que l'autre a simulé le fait d'être touché. Et le film est bourré de moments comme ça.
Les scènes de combat sont franchement horribles. Il n'y a rien, elles ne sont pas impressionnantes et, la plupart du temps, elles sont illisibles. C'est bien mignon de proposer des affrontements avec de multiples héros et vilains costumés, encore faut-il que ça ressemble à quelque chose. Ici, la plupart du temps, chaque personnage fait son truc au cours de la bataille et c'est ensuite monté au petit bonheur la chance en alternant entre les personnages, sans qu'il n'y ait de continuité dans le montage ou dans les actions des personnages mêmes. Il n'y a rien de plus facile que de monter une scène de la sorte, tout le monde peut le faire et ça ne ressemble à rien. Alors certes, c'est marrant de voir une grande bataille finale de super-héros contre super-vilains, mais dans les faits, entre la réalisation mal foutue (les coups qui ne portent pas) et le montage sans logique, on dirait plutôt des fans de cosplay qui simulent une bataille, c'est dire à quel point c'est raté ! Pour être juste, la bataille finale possède bien un fil narratif à travers les combats de Kick-Ass contre le Motherfucker et de Hit-Girl contre Mother Russia (peu passionnants malgré tout, il faut le dire), mais tout le reste de la bataille, tous les autres personnages, c'est juste du remplissage, des rushs casés n'importe comment dans le montage pour donner l'illusion d'une grande bataille alors que ça ne ressemble en fait à rien.
Ensuite, le politiquement incorrect. Dans le film précédent, j'avais trouvé son emploi génial et, comme je l'ai dit, ça contribuait à créer un univers avec tous ces délires. Tandis qu'ici... c'est très présent mais tellement poussif que ça en devient tout aussi kitsch et grotesque que vulgaire. Pour donner un exemple, le début du film nous propose une scène où Dave rompt, quarante secondes chrono en main, avec sa copine du film précédent. Dans celui-ci, elle était représentée comme une bimbo qui devenait, au fil du film, plus appréciable. Ici, elle semble avoir fait un grand pas en arrière, affichant aussitôt une personnalité de pouf (pour rester poli). Motif instantané de la rupture: "Désolé Dave, mais je te quitte parce que j'ai rencontré un mec et il a une bien plus grosse queue que Kick-Ass." Bien sûr, Dave n'en a rien à cirer et il couche deux soirs plus tard avec une héroïne appelée Nightbitch qui porte décidément très bien son nom vu sa dégaine. Et le film est bourré d'idées comme ça.
Mais le pire de tout, c'est à quel point le scénario et les personnages sont désincarnés. Comme je l'ai dit, l'histoire fait se chevaucher trois intrigues sans véritable cohérence dans les transitions. Je devrais préciser que ces intrigues sont elles-mêmes composées de multiples séquences sans rapport entre elles la plupart du temps (un peu plus dans le cas de Mindy). Il devait franchement être aisé, lors du montage, de supprimer des scènes pour respecter une certaine durée, il pouvait suffire tout simplement de choisir les scènes que l'on voulait garder et de les fourrer quelque part dans le montage. C'en est au point que, des fois, des points clés de l'intrigue sont simplement évoqués par le biais de la voix-off (Kick-Ass et son meilleur ami qui révèlent leurs identités secrètes au troisième larron de leur trio, on débarque en fait directement dans la scène où celui-ci tente de se créer sa propre identité secrète comme si ça coulait de source, alors que ce n'est pas du tout censé être le cas et que ça gâche un des points narratifs plus tardifs concernant ce personnage). Et la conséquence logique de tout ça, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'évolution des personnages, ou alors que celle-ci reste très (trop) généraliste. L'évolution de Dave se résume à certaines scènes clés. Celle de Mindy est, quant à elle, plus appuyée (en grande partie grâce au jeu plus nuancé de l'actrice) mais, là encore, les grands moments de son évolution restent marqués par quelques scènes clés. Le reste des personnages, ce sont des figurants. Et bon dieu, même la police dans ce film n'a pas de rôle clair, ce qui rend complètement caduque le prétendu sous-texte du film.
Au final, Kick-Ass 2 est un film brouillon, mal écrit, mal réalisé et franchement pas si marrant que ça qui, s'il avait le potentiel pour réitérer l'exploit du film précédent, échoue sur à peu près tous les plans par manque d'ambitions ou tout simplement par incompétence. Je le dis franchement, Kick-Ass 2 est un très mauvais film qui ressemble à une mauvaise série B. Même l'abattage formidable de Chloë Grace Moretz, qui démontre l'envergure de son talent, ne suffit pas à compenser tous les défauts d'un film qui échoue sur à peu près tous les niveaux où les fans du premier l'attendaient, en plus d'être un échec en tant que film tout court. Parfois c'est regardable, parfois ça ne l'est quasiment plus. Un des plus mauvais films que j'ai vu cette année !
Verdict: Pas terrible (8/20).
PS: Je précise que la bande-annonce du film a réussi à rendre fun des passages qui ne le sont en fait pas tant que ça dans le film. Et cette dernière comporte pourtant la plupart des éléments les plus emblématiques du film. Bref, grosse déception !