Bon, histoire de creuser un peu, et de réalimenter ce topic de mon opinion... Et puis ras-le-bol du chroniquage par tome, qui devient limité, je fais ça au feeling :
Soul Eater, après neuf tomes, s'impose comme une de mes lectures préférées en shônen.
Il m'est difficile de décrire avec autant de précision que pour Kekkaishi (heureusement pour moi d'ailleurs^^) ce que je ressens à la lecture de ce manga. Et il m'est difficile de dire avec certitude que tout sort de l'ordinaire dans ce titre, et pourtant, c'est l'impression que j'en ai.
En effet, je ne perçois pas distinctement les caractéristiques du shônen, qui me sautent généralement aux yeux dans d'autres, tout en étant conscient qu'il en reste un, notamment dans le ton de l'histoire.
Cependant, même l'approche utilisée reste assez sombre et dans une tension permanente. Ainsi, le thème de la folie est exploité avec brio, apportant une ambiance originale à l'ensemble. Car l'ennemi n'est pas seulement en-dehors des murs de l'institut, et ne revête pas uniquement une forme physique. Il est aussi capable d'affecter ceux considérés comme les "good guys", et l'ami d'aujourd'hui peut devenir l'ennemi de demain.
C'est notamment le cas pour Soul, infecté avec le sang noir, et toujours à deux doigts de sombrer dans la folie, s'il avait la faiblesse de ne plus compter uniquement sur sa propre volonté pour progresser et se battre.
C'est aussi le cas de Stein, qui pour peu qu'il perde le contrôle de son esprit, pourrait se laisser aller à ses pulsions meurtrières, et faire des ravages parmi ses élèves.
Quant à Black Star, sa soif de puissance pourrait le conduire sur le chemin du Shura, ces démons ivres de rage et de combats, cherchant sans cesse à assouvir leur soif de bataille pour se renforcer, tel Aoshi dans Kenshin, après que celui-ci ait perdu ses compagnons.
La menace ne vient pas seulement du fait d'un ennemi immensément puissant de l'extérieur, le danger est ainsi omniprésent. Jusqu'à Médusa qui est parvenu à infiltrer à nouveau Shibusen à l'aide de Chrona, son enfant sur lequel son influence est immense. Chrona représente ainsi également un grand danger pour nos héros, par son instabilité dans ses sentiments et dans sa loyauté.
Et n'oublions pas le maître Shinigami, qui semble cacher de bien sombres secrets...
Tout ces éléments apportent une véritable complexité à l'histoire, et une certaine imprévisibilité sur le devenir des personnages au sein de leur camp. Si l'ambiance dans Fullmetal dégageait une certaine tension, les liens qui unissaient les personnages contribuaient cependant à lui donner un côté plus shônen classique (et c'est plus vrai que jamais dans l'avant dernier chapitre paru récemment...), avec son lot d'optimisme et de grandes paroles classiques du genre. Il n'en est rien dans Soul Eater. Il est difficile de dire que l'entente est au beau fixe entre les personnages et au sein des groupes de meisters et d'armes diaboliques, même si on sent un sentiment de camaraderie omniprésent entre eux.
Ils sont surtout des soldats au service de Shibusen, unis sous cette même bannière, et en tant que tel, ne s'interroge pas trop sur les grandes forces qui se sont mises en branle. Pour eux, les sorcières sont l'ennemi, et l'ennemi doit être abattu. Mais dans le fond, l'institut représente-t-il vraiment la justice dans ce monde ?
Soul Eater donne plutôt l'impression que deux camps aux idées opposées s'affrontent, soit pour imposer leur domination, soit pour maintenir le statut quo. L'approche est intéressante, et mérite d'être soulignée. J'ai plus l'impression qu'il n'y a pas de parti pris ou de jugements portés sur les motivations qui animent les personnages. La différence entre le bien et le mal n'est pas si marquée dans ce titre, contrairement à d'autres, et c'est peut-être ce qui fait son originalité.
Tout ces éléments sont renforcés par le style de l'auteur, qui a su créé une ambiance originale et particulière, où sans être glauque, on ressent tout de même une certaine forme "d'oppression", notamment à cause du design particulier des décors. Pourtant, le titre sait aussi se montrer drôle et plus léger, la preuve avec l'hilarant chapitre bonus mettant en scène l'imbuvable Excalibur dans le tome 9 (mention spéciale au discours interminable prenant la moitié d'une page, dont la note d'avertissement au lecteur m'a bien fait rire, car tellement vraie).
Bref, il y a une certaine force dans la narration et le ton déployé dans ce titre, qui le place au-dessus du lot des shônens-blockbusters ne proposant que des combats à la chaîne avec un déchaînement de nouvelles techniques à chaque rencontre. Une ambiance parfaitement maîtrisée qui se confirme un peu plus à chaque volume, et impose Soul Eater parmi les grands titres du genre.
Bon, ça suffira pour l'instant, même s'il y a encore tellement à dire là-dessus...
La prochaine fois, nous verrons pourquoi les personnages et les pouvoirs de Soul Eater sont vachement biens.
