Le débat part tellement dans tous les sens que cela devient difficile d'y répondre...
Hachi K. a écrit :- La subculture japonaise est-elle un simple produit réduit à un attrait commerciale actuellement ?
Le manga est commercial par essence, il ne faut pas se leurrer. Les séries qui ne fonctionnent pas sont impitoyablement arrêtée dans les magazines de prépu, ça veut dire quelque chose. Et certains mangakas qui en ont les moyens (Takehiko Inoue par exemple) reprennent le droit de leur oeuvres à leur nom, ce ne doit pas être anodin. Il y a bien sûr beaucoup de bonnes choses dans le tas, des histoires pleines de sens, touchantes, qui poussent à la réflexion, mais il faut garder à l'esprit que les mangas, c'est autant du business que de l'artistique. Au Japon comme chez nous.
Hachi K. a écrit :- Est-ce devenu un phénomène de mode de plus ?
Bien sûr, mais c'est également son essence même. Le manga a apporté un exotisme et un dynamisme dans une culture occidentale qui en manque un peu (ou qui est en tout cas sous-estimée à ce niveau de notre point de vue). Des histoires simples, des dessins accrocheurs, des cadrages dynamiques, des superpouvoirs... Il n'en fallait pas beaucoup plus pour créer l'engouement, qui est encore présent je pense.
Hachi K. a écrit :- Quels sont les avantages et les inconvénients dans ce cas ?
L'avantage est qu'on a beaucoup de choix.
Le désavantage, c'est que cette profusion de choix s'est retourné contre nombre de titres de qualité et contre ceux qui voulaient tenter des séries moins mainstreams ou qui sortaient plus de l'ordinaire. Mais ce n'est pas la faute des lecteurs dans l'absolu, mais à un marché qui a explosé et laissé beaucoup de séries sur le carreau comme dommages collatéraux.
Le nombre de lecteurs a augmenté, certes, mais pas au point que toutes les séries puissent trouver acquéreur en nombre suffisant que pour être qualifié de hits. D'autant plus que les titres moins vendeurs sont rapidement relégués dans l'arrière-boutique, faute de place, et donc perte à nouveau de visibilité. Sans internet, je n'imagine pas le nombre de titres que je n'aurais jamais découvert. Et enfin, contrairement au Japon, les mangas sont loin d'être particulièrement mis en avant dans les magasins de BD.
Hachi K. a écrit :- La vision de la culture japonaise à travers les mangas et animes est-elle suffisante pour pouvoir la comprendre ?
Non, il s'agit d'une vitrine. Et au contraire, certains titres nécessitent une bonne connaissance du Japon pour être apprécié à leur juste valeur. À nous de décider si nous décidons d'explorer davantage ses facettes ou pas. Et même avec des bouquins, il est extrêmement difficile parfois de saisir la subtilité d'une culture, à moins d'y être resté un certain temps sur place, et pas en tant que touriste. Les manga, il y a aussi une bonne part de rêve aussi, comme dans les films et tout oeuvre de fiction. Et il doit en rester ainsi.
Maintenant, pour répondre à la question de ton premier post à ce sujet, je m'en fiche que certains se prétendent fans du Japon parce qu'ils mangent des sushis, lisent des manga, connaissent trois mots de japonais et vont à Japan expo. Si ça les amuse, tant mieux pour eux, c'est leur problème, même s'ils sont à côté de la plaque sur pas mal de choses, et ça leur passera sans doute.
Personnellement, ceux qui m'ennuient davantage, c'est ceux qui se prétendent "connaisseurs" uniquement parce qu'ils ont des grosses collections, et rabaissent en permanence ceux qui lisent les manga mainstream qui n'ont pas leurs faveurs, genre Naruto, Bleach ou Fairy Tail. Ce dédain et cette quasi-volonté de fermer le marché à un public non-initié (à comprendre, qui ne partage pas leur goût et leur façon de consommer du manga) me font tiquer à chaque fois que je vois un commentaire de ce genre sur le site. Sincèrement, tant qu'une personne prend du plaisir en lisant un titre, je ne vois pas où est le problème. C'est tellement difficile de s'y retrouver dans cet univers que les gens plus au fait feraient mieux d'inciter à la découverte de façon diplomatique qu'à prôner une isolation de l'archipel. Encore faudrait-t-il que les dits connaisseurs comprennent ce qu'ils lisent aussi. Deux façons différente de consommer, mais au final, pour moi, un gros lecteur de ce type n'en sait pas beaucoup plus long qu'un autre qui ne lirait que Naruto et Fairy Tail... Sauf que l'un arrive à apprécier sa lecture. Je vous laisse deviner lequel.
Les puristes aussi me sortent par les trous de nez, je dois l'avouer, surtout ceux qui ont une idée tellement arrêtée sur la question qu'il ne leur viendrait pas à l'idée que leur vision couperait sans aucun doute une partie du lectorat, et contribuerait à faire du manga un marché de niches pour otakus coléreux et toujours insatisfaits.
Et vu qu'en général, le premier exemple va de paire avec l'autre...
Non, franchement, quand j'y pense, ce ne sont vraiment pas les lecteurs occasionnels qui viennent pourrir l'image du manga et de la culture du Japon de mon point de vue.
Pour le prix pratiqué par les éditeurs de manga, je pense que le prix est juste et pas abusé, compte tenu de tous les frais supplémentaires après l'acquisition de la licence (trad/lettrage/impression/promotion/stockage, etc.) et de l'évolution du marché. Franchement, je ne comprends pas d'où vient cette légende urbaine selon laquelle les éditeurs se font des couilles en or sur le dos des lecteurs...
Maintenant, ça dépend des éditeurs. Je suis content d'acheter un Akata/Delcourt ou un Kurokawa, parce que la qualité est au rendez-vous à chaque fois. Alors qu'acheter un Pika me donne l'impression de me faire entuber dans les grandes largeurs... Les éditeurs pratiquent grosso-modo maintenant les mêmes prix, mais le rapport qualité est souvent aux antipodes l'un de l'autre. Et ça c'est nettement plus grave à mon sens. Enfin, à nouveau aussi de ne pas être pris pour des vaches à lait, et de délaisser les titres maltraités par les éditeurs cupides.
Une dernière chose :
Raimaru a écrit :Kishimoto sera juste un peu moins millionnaire, le pauvre.
Oui, le titre de Kishimoto se vend bien et lui assure des revenus. Mais à quel prix ? Vu les horaires de travail d'un mangaka, je ne suis pas convaincu que le rapport euros/heure soit tellement intéressant, et qu'il ait réellement le loisir de profiter de son argent. Le travail de mangaka, vu les conditions, c'est quand même un truc de teubé. Que le manga soit bon ou pas, c'est autre chose. Surtout que le titre appartient à l'éditeur par contrat, alors quelle pourcentage est réellement versé à l'auteur, ça... D'ailleurs, j'imagine que ce n'est pas pour rien que certains auteurs allongent la sauce au maximum, parfois au détriment de leur histoire de base, histoire d'être sûr d'avoir un revenu assuré pour quelques temps.