Q and A

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
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Q and A

Message non lu par Koiwai » 01 nov. 2012, 20:30

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Quelques mois après la fin de H2, Mitsuru Adachi revient avec ses deux nouvelles séries : Q and A et Idol A. Malgré le manque de succès injuste en France de cet auteur culte au Japon, les éditions Tonkam poursuivent donc sur ce mangaka coup de coeur. On ne peut que les en remercier.

Q and A, c'est l'histoire d'Atsushi Ando, surnommé "A" depuis toujours. Après avoir déménagé six années auparavant, le jeune garçon, qui rentre tout juste au lycée, revient vivre dans sa ville natale, dans son ancienne maison, en compagnie de ses parents et de son chien, Dero. En se promenant, il retrouve peu à peu ses petites habitudes, même si la bourgade a pas mal changé, que ce soit du côté des boutiques ou des habitants. Ainsi, il redécouvre les paysages, les rues, les magasins de son enfance, puis reprend contact avec les personnes qu'il côtoyait auparavant, et qui ont elles aussi bien changé, à l'image du petit caïd Riki Jinno qui fait désormais sa loi dans le club d'athlétisme du lycée, ou de Yuho Maezawa, une camarade de classe du primaire qui a bien changé et est devenue un très charmante demoiselle...

Bref, tout aurait dû se passer pour le mieux, tranquillement. Atsushi aurait dû pouvoir retrouver ses marques facilement, si quelques petits événements embêtants n'étaient pas arrivés : un mauvais coup est joué à Jinno comme par magie, la jupe de la charmante Yuho vole sans explication, et tout retombe sur Atsushi. La raison de ces petits problèmes ? Hisashi, surnommé "Q", le grand frère de notre héros, plutôt facétieux et gamin, et qui a gardé un physique d'enfant. Pourquoi donc ? Parce qu'il est mort six ans auparavant dans un accident, et que son fantôme est toujours là. Atsushi devra apprendre à vivre avec lui, et supporter ses petites blagues d'écolier... qui aboutissent souvent sur de gros problèmes.

Q and A pose avec une grande facilité les bases de son intrigue, si simples, si efficaces. Au fil des pages, c'est tout naturellement que l'on s'immisce dans le quotidien d'un Atsushi qui redécouvre sa ville et ses habitants. Les choses s'écoulent tranquillement, on prend le temps de s'attacher à cet adolescent assez simple, puis on découvre son entourage. Le bon pote Ken, souvent dans les bons coups. Le bad boy Jinno, sorte de faux méchant plus amusant qu'effrayant, mais qui devrait quand même poser quelques problèmes à notre héros. L'athlète Yuho, jolie, très jolie, tellement jolie que tous les garçons ont les yeux rivés sur elle, ce qui ne l'empêche pas de montrer un caractère affirmé. Le genre d'héroïne assez nuancée, naturelle et bourrée de charme, comme les affectionne l'auteur.
Et au milieu de ce petit monde vient s'immiscer "Q", le fauteur de trouble, la pointe de fantastique qui vient chambouler un peu tout, mais pas trop non plus, car Mitsuru Adachi n'insiste pas encore trop sur lui, prend le temps de bien l'amener, et de montrer les influences qu'il a pu avoir sur certains personnages comme Yuho et Jinno avant de mourir.

Cette fois-ci, pas de baseball, voire peu de sport, ce qui est relativement rare avec Adachi. Pour le moment, un tout petit peu d'athlétisme, et c'est tout. Pour le reste, le récit s'écoule calmement, au gré des redécouvertes et mésaventures d'Atsushi, au fil d'un quotidien normal, tout juste bousculé par la présence de "Q". Nous sommes dans de la pure tranche de vie, un genre où l'auteur s'est toujours montré à l'aise, ce qu'il prouve ici plus que jamais, en exploitant bien ce quotidien pour mettre en place son humour typique, facétieux quand "Q" est de la partie, plus fin quand il s'agit de confronter des personnages comme Atsushi et Yuho les uns aux autres, tout à fait unique quand on retrouve le goût de l'auteur pour se moquer gentiment du métier de mangaka, de ses responsables éditoriaux ou de lui-même.

En résulte une lecture savoureuse, qui, hormis le baseball, réunit tout ce qu'on adore chez Adachi. De ce fait, les habitués de l'auteur ne devraient pas être très dépaysés et se délecteront de cette lecture aussi paisible que rafraîchissante et amusante. Quant aux néophytes, ils ont peut-être là la série parfaite pour découvrir l'auteur, car quasiment tout son univers est dans cette oeuvre (hormis le baseball), et celle-ci ne fera que six volumes.

Côté édition, à cause du manque de succès de l'auteur en France, il faudra accepter de payer le petit format un peu plus cher. Continuer d'avoir du Adachi en France est à ce prix-là, mais pour compenser, nous avons au moins une édition très satisfaisante : première page en couleur, traduction et papier de qualité satisfaisante.
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Koiwai
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Re: Q and A

Message non lu par Koiwai » 16 janv. 2013, 23:01

Tome 2 :

Après quelques années d'absence, Atsushi est revenu dans la ville de son enfance. Il y retrouve ses amis d'autrefois, le costaud Jinno bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues, mais aussi la très charmante Yuho. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était de retrouver également le fantôme de son frère Hisashi, mort juste avant leur déménagement ! Celui-ci n'a pas fini de veiller sur lui tout en lui jouant des tours, et les choses risquent encore de se compliquer un peu avec l'apparition d'un rival et l'arrivée de Shinobu Oouchi, qui le considère comme son premier amour...

Après un premier volume sans originalité particulière mais très agréable car regroupant à peu près tout ce qui fait la spécificité et le charme de Mitsuru Adachi, le train-train quotidien s'installe... peut-être un peu trop.

Au programme de ce deuxième volume, six nouveaux chapitres qui, il faut bien l'avouer, tournent un peu en rond, malgré l'apparition d'un rival et de la jolie Shinobu, pas encore totalement exploités, voire assez fadasses en ce qui concerne le rival, qui ne pimente pas grand chose pour le moment. En réalité, Mitsuru Adachi préfère se reposer ici sur ses acquis : un trait clair et indémodable depuis ses débuts, une narration qui coule de source, et de nombreuses notes d'humour typiques.
Ainsi esquisse-t-on toujours un sourire devant les notes d'humour auto-dérisoire, s'attaquant gentiment aux responsables éditoriaux ou dépassant le cadre du manga. Mais sur d'autres points, le bât blesse malgré tout, à commencer pas le fantôme Hisashi, qui semble avoir bel et bien trouvé sa place dans la série, une place assez discrète, ce qui n'est pas forcément un mal, mais qui gêne un peu quand l'humour se fait trop répétitif. Le coup des jupes qui volent, c'est sympathique de temps en temps, mais à la longue... En fait, Adachi installe comme ça quelques running gags qui ne sont pas forcément amusants, à l'image du rappel que la mère de Hisashi ne peut pas l'entendre, et s'essaie même à quelques idées qui auraient pu être excellentes si elles avaient un peu plus de folie, à l'image du trip philosophique de l'auteur sur quelques pages, dont la conclusion humoristique retombe un peu comme un soufflet.

Le problème, c'est que Mitsuru Adachi se contente ici de faire du Mitsuru Adachi, sans jamais chercher plus loin. On passe donc un moment agréable car les qualités visuelles et narratives de l'auteur sont toujours là, mais l'ensemble est trop convenu et mériterait bien un petit coup de boost, qui pourrait être apporté par le rival, par Shinobu ou même par Hisashi s'ils s'avèrent mieux exploités par la suite.
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Re: Q and A

Message non lu par Koiwai » 21 mars 2013, 02:04

Tome 3 :

Tandis qu'Atsushi continue de s'habituer à la présence de son frère défunt à ses côtés, les choses bougent un petit peu autour de lui : Shinobu et Ichiro se font un peu plus présents, Kosei a peut-être enfin une chance de faire publier l'un de ses médiocres récits d'horreur, le club d'athlétisme accueille un nouveau coach aussi autoritaire que vicieux et qui risque de faire des étincelles aux côtés de Jinno...

Pour le reste, Mitsuru Adachi se contente une nouvelle fois de ses petites recettes classiques faites de petits gags, de piques bon enfant envers son éditeur, de petits moments où il se met en scène, de culottes entrevues ici et là... Le tout fait plus ou moins mouche, certains passages étant très agréables, tandis que d'autres sont désespérément répétitifs ou trop faciles.
La facilité et les grosses coïncidences sont d'ailleurs ce qui caractérise certains choix scénaristiques, à l'image de l'identité du père de Shinobu, de celle du vieil homme que sauve Atsushi, ou de la toute dernière page du tome. En somme, il faut tout simplement dire que ces coïncidences sont un peu trop nombreuses, et permettent surtout à Mitsuru Adachi de faire tranquillement évoluer son histoire par petites doses sans vraiment se fouler. Certains seront irrités par cet aspect qui peut rendre l'ensemble assez insipide, tandis que d'autres resteront séduits par ces petits rebondissements pas prise de tête et qui peuvent être amusants.

Avec ce tome 3 plus que jamais, Q and A se présente donc comme du Adachi tranche de vie très facile, où l'auteur ne se foule pas vraiment et se contente d'offrir tous ses classiques dans un contenu très léger. Si l'on accepte cet état de fait, la lecture reste agréable car les talents narratifs et visuels de l'auteur sont toujours là, et il faut aussi avouer que les quelques évolutions, qu'elles soient très grosses ou un peu mieux fichues, empêchent le tout de tomber dans une trop grande lassitude.
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Sorrow
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Re: Q and A

Message non lu par Sorrow » 22 mars 2013, 11:43

Q & A n'est certes pas un grand Adachi comme a pu l'être Touch, Rough ou H2, mais il est appréciable qu'un auteur avec autant d'années de service possède encore la capacité de construire ce genre de récits sans prise de tête. Alors certes, les ficelles sont grosses, certaines situations peuvent paraître un peu forcées, et parfois c'est pas très logique et "fan-service", et Adachi ne prend aucun risque dans la construction de son récit par rapport à ses habitudes. Mais en même temps, c'est une facette de l'auteur qu'on a jamais vu dans ses titres publiés chez nous : la comédie pure, sans obstacles sentimentaux, sans deuil difficile, sans personnages avec des sentiments compliqués à gérer. Personnellement, je préfère dans son ensemble Q&A que Cross Game jusqu'ici, parce qu'avec ce premier, Adachi semble "se détendre" dans son récit, et cela permet d'observer une nouvelle facette de l'auteur (vu qu'en plus, c'est le premier titre d'Adachi chez nous avec un élément "surnaturel"), alors que dans Cross Game, j'avais l'impression que ça se prenait un peu trop au sérieux parfois (et j'appréciais pas spécialement la dynamique amoureuse non plus) et faisait moins bien dans son ensemble par rapport à ses précédentes oeuvres.

Maintenant, Q&A s'adresse clairement aux fans de l'auteur et qui connaissent son style, parce que toutes les ficelles de sa narration et son savoir-faire peuvent paraître un peu dur à assimiler et à apprécier pour un néophyte par rapport à un fan de l'auteur (dans ce sens, Cross Game est plus efficace pour faire découvrir l'auteur, clairement).
Bref, le titre ne m'a pas fait une grosse impression à la lecture des deux premiers tomes (je les ai acheté surtout pour promouvoir Adachi en France et parce que la série est courte), mais j'ai été justement agréablement surpris par ce troisième tome, parce que j'ai compris davantage où Adachi voulait en venir avec cette série, c'est-à-dire juste une simple comédie tranche-de-vie où il ne faut rien voir de plus. Et c'est très bien comme ça, mais c'est clairement pas pour tout le monde, et c'est un peu dommage dans cet aspect.
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Re: Q and A

Message non lu par Koiwai » 24 sept. 2013, 19:45

Tome 6 : c'est... tout... pourri :o

Visiblement pris en grippe par l'entraîneur du club d'athlétisme qui lui fait subir des entraînements infernaux en plus de le rouer de coups, Atsushi persiste pourtant au sein du club, où il est depuis déjà plus d'une semaine, au grand étonnement de Yuho... Mais que cache réellement le comportement de l'entraîneur ? De son côté, Ogasawara provoque en duel notre héros, qu'il est bien décidé à battre pendant la fête sportive d'automne pour faire les beaux yeux à Shinobu. Mais peut-être est-il un peu trop à côté de la plaque. Quant au grand frère mangaka de Yuho, sa relation purement professionnelle avec son éditrice Mlle Sayuri pourrait prendre une nouvelle tournure.

Tous les personnages de Q and A sont présents dans ce dernier volume... le problème étant qu'aucun d'eux n'est finalement réellement développé dans cette dernière ligne droite. En effet, Mitsuru Adachi se contente de raconter quelques petites choses autour d'eux, mais au final tout ceci n'aboutit sur rien. Si l'entraîneur est celui qui s'en sort le mieux avec un très vague focus sur sa personnalité, et que les petites bribes de flashback sont assez intéressantes même si casées n'importe quand, vous n'en découvrirez pas plus sur les possibles évolutions du duo Kosei/Sayuri ou sur l'opposition d'Ogasawara face à Atsushi, puisque le mangaka préfère s'en sortir par de petites entourloupes qui ne bouclent rien et font plutôt dans un humour très facile. Le pire reste pourtant à venir avec les rebondissements autour de nos héros Atsushi, Hisashi et Yuho, puisque tout est saccagé par une ultime pirouette scénaristique très mal venue tant elle arrive n'importe comment, frustre, ne boucle rien du tout et rend la série partiellement inutile.

Au final, il reste un fort goût d'amertume en refermant le dernier tome de Q and A, qui donne un peu l'impression que Mitsuru Adachi prend ses lecteurs pour des abrutis. On devine l'idée de fin intéressante, mais pas amenée si brusquement et si peu développée.
On gardera donc de Q and A le souvenir d'une série mineure dans la carrière d'Adachi, l'auteur y étant en roue libre et se contentant de ses petites habitudes. Une série qui commençait honnêtement en proposant un peu tout ce qui fait le charme de l'auteur, au risque de s'enliser par la suite et de ne proposer que du vent, avant d'aboutir sur une non-fin ratée.
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