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par Koiwai » 26 févr. 2012, 17:39
Tome 1:
C'est avec un mélange de plusieurs sentiments que l'on feuillette les premières pages de Désir (c) max. De la crainte, en découvrant le titre racoleur. De la peur, en voyant la tête de nympho de l'héroïne sur la couverture. De l'angoisse, en découvrant la stupidité du synopsis au dos du volume. De la curiosité, en voyant Panini oser déclarer, dans son introduction, que l'auteure aborde le sujet de la pauvreté au Japon. Bien bien. Alors, après lecture de ce premier volume, vers quoi penche la balance ? C'est simple : gardez les trois premiers points cités juste avant, oubliez le quatrième, et vous obtiendrez un summum de bêtise. Mais en fait, ça, on aurait pu le deviner dès la double-page d'ouverture du premier chapitre, arborant une héroïne fièrement enchaînée par deux jeunes mâles en rut. Ah, d'accord.
En tout et pour tout, le sujet de la pauvreté que l'éditeur tente de mettre en avant est évoqué de manière assez vague seulement pendant les premières pages, lorsque nous découvrons Mio Omori, 17 ans, vivant dans une famille très pauvre, composée de sa mère coincée à l'hôpital, et de son petit frère, le père étant apparemment mort depuis des années. Ayant besoin d'argent pour soigner sa famille, la demoiselle enchaîne les petits boulots. Mais un jour, elle croise la route d'un jeune garçon volant au secours d'une fille sur le point de se faire entraîner par deux lascars dans leur voiture. Il la sauve donc, jette des billets à la gueule de tous pour les calmer (?), puis fonce sur notre héroïne pour lui tirer les cheveux (??) et... hem... l'acheter (???). Et accessoirement, il l'embrasse de force (?!?). La totale. Et tout ceci dans les 5 premières pages. Finalement, pas besoin de lire tout le volume pour comprendre dans quelle catégorie se range ce manga, hein.
Le décor planté tandis que nous, on a déjà envie de planter autre chose dans la figure des personnages, nous allons donc nous réjouir devant les interrogations d'une héroïne ahurissante de stupidité, qui va se demander pendant une poignée de pages (juste une poignée, hein, faut pas trop lui en demander) ce que lui veut le bonhomme. Ben, il veut t'acheter, t'as pas compris ? C'est plus que douteux, mais il l'a bel et bien dit, miss.
Mais ce qui est fort, c'est que la miss arrive quand même, dans ces quelques malheureuses pages de vague réflexion, à montrer toute sa bêtise : ainsi comprend-elle que le monsieur veut l'acheter (en même temps, pour la deuxième fois : ça, il te l'a dit, crétine), puis, une page plus loin, se repose-t-elle la question : "Qu'est-ce qu'il a voulu acheter ?". Paf.
Mais au fait, pourquoi prenons-nous le temps d'admirer la crétinerie de Mio sur ce point, alors qu'il y a bien pire en parallèle ? A tout hasard, l'aspect prostitution sous-jacent ? Un aspect qui pourrait être très intéressant s'il était mis en avant de manière pertinente : après tout, la prostitution par besoin d'argent est une triste réalité de notre monde. Mais ne comptez pas ici sur un traitement un minimum intelligent de la chose : on a juste une cruchotte qui va se faire embrasser puis sucer les tétons de force (la classe !), et qui va aimer ça même si au départ elle dit que non (pfff). La miss se pose quelques questions au départ : accepter cet argent, est-ce bien ? Mais ça dure une page, notre héroïne décidant ensuite qu'elle rendra l'argent au beau gosse la prochaine qu'elle le verra... ce qu'elle ne fera finalement pas, pour plusieurs raisons.
Premièrement, parce que c'est une andouille incapable de montrer le moindre signe de caractère ou de personnalité.
Deuxièmement, parce que le beau gosse en question est le fils de son richissime voisin, ce dernier ayant demandé à la mère de Mio si sa fille pouvait devenir leur boniche. Et ça ne pose pas de problème à la mère.
Troisièmement, parce que le richissime voisin est un vieux monsieur qui a tellement une bonne bouille qu'on ne peut rien lui refuser, pas même travailler pour lui en tant que boniche et se forcer à bien s'entendre avec son fils. Mon dieu.
Résumons donc ce premier tome : on a une héroïne complètement insipide, et un beau gosse qui veut la tripoter en échange d'argent. L'héroïne ne veut pas, puis finalement si (c'est même elle qui en redemande à la fin... si si...). Et puis de toute façon, même si elle ne veut pas, le beau gosse la tripote quand même. Le thème de la pauvreté et du besoin d'argent passe très vite à la trappe, Ukyo Ayane préférant se concentrer sur la bogossitude de son héros (sans cesse appelé "le prince" par Mio, ce qui sublime définitivement notre envie d'égorger la miss avec une lime à ongles rouillée), sur les séances de tripotage, et sur la mise en place d'une histoire de fond qui, sur des bases de passé commun et de trous de mémoire de notre héroïne (quand on vous dit qu'elle est conne), a pour l'instant bien du mal à nous sortir de notre terreur tant elle est mal mise en avant.
Soyons gentil et soulignons tout de même le coup de crayon classique mais agréable de l'auteur, mais ça ne suffit pas pour sauver le tout : nous voici face à un superbe exemple d'oeuvre putassière, où l'auteure semble prendre un malin plaisir à rabaisser encore et toujours son héroïne jusqu'à l'humilier. Et c'est un shôjo. Chapeau. Attendons tout de même de voir si cette histoire de passé commun vaut le détour, mais curieusement, on y croit assez peu...
