Ascension

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 12 févr. 2013, 22:59

Tome 12 :

Enchaînant désillusion sur désillusion, connaissant les trahisons les unes après les autres, Buntarô Mori était sur le point de perdre toute humanité. Bourru, mal rasé, à peine reconnaissable, ne prononçant quasiment plus un mot, il devenait peu à peu une créature inhumaine. Pourtant, une fleur étourdie du nom de Hana Katô, venue se perdre dans sa montagne, a su ouvrir son coeur meurtri et l'empêcher de sombrer définitivement. Trois ans plus tard, il est devenu Buntarô Katô, et est sur le point de gravir en solo le Nanga Parbat, un sommet pakistanais de plus de 8000 mètres que personne n'a jamais dompté seul.

Tout en nous invitant à suivre cette nouvelle ascension plus périlleuse qu'aucune autre auparavant, Shin'ichi Sakamoto nous propose de revenir sur les trois dernières années de la vie de Buntarô, celles qui lui ont permis de consolider sa relation avec Hana et d'avoir à nouveau un peu foi en l'humanité. Au point de ne plus cesser de penser à elle et au bonheur familial qu'il pourrait avoir, alors même qu'il est entre la vie et la mort, pris dans la tempête du Nanga Parbat...

Volume de transition sans en être un, le douzième tome d'Ascension entremêle deux axes clairs, les deux axes qui dominent désormais la vie de Buntarô, le "Solitaire Immortel". Autrefois totalement seul, il a désormais Hana avec lui, et l'ascension en solo du Nanga Parbat l'amène alors à réfléchir, chaque épreuve que lui réserve ce sommet solitaire propice aux vents violents lui rappelant que quelque part en bas, il y a désormais Hana qui l'attend. L'enjeu de l'auteur est donc de faire ressortir tout cela, que ce soit la passion de Buntarô pour l'alpinisme, ou son amour pour Hana. Pour cela, les métaphores visuelles s'enchaînent tout autant que les doubles pages, et malgré une tendance à toujours expédier les transitions entre le présent au Pakistan et les flashbacks centrés sur Hana, l'auteur parvient sans mal à dégager ce qu'il souhaite. Ainsi ressent-on parfaitement toute l'importance que Hana occupe désormais dans la vie de Buntarô. Mais plus encore, ce sont les nombreux plans larges montagneux qui captivent, car ils font parfaitement ressortir toute l'intensité de l'entreprise d'un héros qui devra à plusieurs reprises se montrer aventureux s'il ne veut pas y rester, mais aussi parce qu'il s'en dégage tout le gigantisme et la sauvagerie de l'imposante montagne, ainsi que l'apaisante ou étouffante solitude qui s'empare de l'alpiniste une fois le sommet atteint. Sur ce dernier point, les plans nocturnes de la fin du tome sont particulièrement magnifiques.

Pardonnons donc au mangaka ses nouvelles errances dans les transitions présent/passé et sa tendance à beaucoup délayer son récit, pour mieux profiter de ce qu'il nous propose : une bonne compréhension de l'évolution de Buntarô depuis l'arrivée de Hana dans sa vie, et une ascension fascinante de par ses nombreux dangers et sa beauté bien rendue par les nombreux plans larges, aérés. Sans oublier les nombreux détails techniques, toujours bien appuyés par les nombreuses clés de compréhension que nous offre Akata en fin de volume.



A noter une erreur amusante dans les crédits de fin de tome... qui sont ceux de Coq de Combat ! :mrgreen:
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 15 mai 2013, 19:29

Tome 13 :

L'arrivée de la tendre Hana a changé la vie de Buntarô. Tout naturellement, la jeune femme a su percer la coquille du jeune homme solitaire, et Buntarô Mori est devenu Buntarô Katô. Il a désormais une épouse. Et un bébé, une petite fille, ne tarde pas à arriver. Il est désormais un père de famille, un père aimant, que l'amour pour les siens a éloigné petit à petit des montagnes.
A de nombreuses reprises, Shin'ichi Sakamoto s'applique à nous montrer le nouveau Buntarô, notamment dans un début de volume époustouflant dans sa façon de faire ressortir les émotions du héros sans le moindre dialogue. Les dessins suffisent, les mots seraient de trop, et quand on se remémore le parcours dramatique et solitaire du jeune homme pendant tant d'années, on a chaud au coeur en le voyant prendre timidement sa progéniture dans les mains, en le voyant verser une larme, porter des regards infiniment apaisés et bienveillants envers les siens, regarder au loin dans le calme de la nuit le petit coin de chaleur où l'attend sa famille. Le bonheur simple est à portée de main.

Mais quelque part au fond de Buntarô, l'apaisement cache peut-être une point de tristesse ou de manque, car l'appel de la montagne est toujours là. Il éclate quand réapparaît face à lui un Takemura métamorphosé par de longs mois d'alpinisme. Look relâché, caractère désordonné aussi bien dans sa vie en société que dans la façon qu'il a d'entreprendre de folles escalades sans aucune préparation... En un éclair, il a vite fait de rappeler ce qu'a été Buntarô autrefois. En un éclair, il sème chez notre héros un doute, une passion qu'il avait réussi à enfouir profondément, et qui ressurgit presque involontairement dès lors qu'on lui parle de K2 et d'outils d'alpinisme. Entre sa passion pour sa famille et sa passion pour l'alpinisme, Buntarô devra peut-être faire un choix...

Tout cela, c'est ce que le mangaka nous invite à suivre dans un volume à nouveau fascinant, tant les expressions de Buntarô, les images habiles et les quelques métaphores visuelles parviennent à sublimer le tiraillement du héros, partagé entre deux passions aussi importantes l'une que l'autre pour sa propre survie. On reste scotché par les nouvelles avancées de ce tome, et par l'orientation prise par Buntarô dans une fin de volume qui pose bien les bases de la nouvelle partie qui s'ouvre. L'ascension tant attendue va pouvoir commencer, l'ambiance est plus insondable que jamais quand on pense à celles qui attendent l'alpiniste à des milliers de kilomètres de là, et gageons alors qu'Ascension n'a pas encore fini de captiver.
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 02 juil. 2013, 18:44

Tome 14 :

Buntarô s'est laissé emballer par les propos de Takemura, qui a réveillé sa passion pour l'alpinisme et son plus grand rêve. A présent, le voici au pied de ce rêve. Il a laissé derrière lui sa femme et sa fille, pour se rendre à 5000 mètres d'altitude, au sud du K2. Avec Takemura, ils sont prêts à prendre d'assaut le versant est du K2, la montagne la plus dangereuse du monde, que jamais personne n'a réussi à dompter au-delà des 7000 mètres. Ce que Buntarô ne savait pas, c'est que son compagnon avait l'intention de filmer cette ascension, retransmise sur internet.

L'alpiniste solitaire sent le regard du monde entier sur lui, ce qui ne lui plaît pas forcément. Mais le K2 est enfin là, face à lui, majestueux, sublimé par les dessins de Shin'ichi Sakamoto. Et pendant toute la durée de ce volume, l'imposante montagne est merveilleusement mise en valeur par l'auteur, au gré d'une ascension fascinante.
Les planches, très réalistes, sont tout simplement sublimes. Qu'il s'agisse des vues sur les flancs d'un blanc immaculé, des calmes images nocturnes ou des larges plans sur la chaîne montagneuse, Sakamoto s'applique à croquer des hauteurs imposantes, qu'on devine quasiment insaisissables, et où la sauvagerie ne demande qu'à se réveiller soudainement derrière la beauté apparente.
Le temps qui peut changer rapidement à cause des vents violents, le soleil qui peut provoquer à tout moment avalanches et chutes de seracs, la plaine de poudreuse éprouvante à traverser... L'auteur nous explique clairement les différents dangers que recèle le versant est, les met joliment en avant via des métaphores visuelles toujours aussi saisissantes, et le lecteur s'immerge alors pleinement aux côtés de nos deux alpinistes, conscient que les nombreuses précautions que souhaite prendre Buntarô ont tout lieu d'être.

Mais avec Buntarô, il y a Takemura. Takemura, qui joue les chefs, n'écoute aucun des conseils de son mentor, se laisse aller à une excitation de plus en plus forte tandis que l'ascension avance... On devine le danger imminent, la folie qui guette chez un jeune homme qui semble poursuivre quelque chose en se jetant totalement en avant, au risque de courir à la catastrophe. Ce quelque chose que Takemura poursuit, on le devine peu à peu, via de courts flashbacks que le mangaka dissémine petit à petit, nous laissant entrevoir l'événement douloureux qui a fait du disciple de Buntarô ce qu'il est devenu. Et dès lors, difficile de ne pas faire un parallèle entre le passé de Takemura et la propre vie de famille de Buntarô...

Sublimé par la verve visuelle d'un auteur qui croque mieux que jamais une montagne aussi belle et fascinante qu'indomptable et dangereuse, ce volume fascine de par cette ascension belle et limpide, qui laisse entrevoir les blessures de Takemura et laisse interrogateur quant à la suite, qui s'annonce passionnante au vu des incertitudes des dernières pages.
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Re: Ascension

Message non lu par Luciole21 » 01 août 2013, 19:24

Je n'ai que le dernier volume sous la main, donc j'ai une question : la disparition des onomatopées commence à ce volume où c'était déjà le cas lors du précédent volume ? Il ne me semble pas que tu en parle dans tes chroniques Koiwai, un oubli où l'auteur t'a bluffé au point que tu ne le remarque pas ? Il me semble bien que ce parti pris prend effet avec ce quatorzième volume, et je trouve que c'est une vraie réussite ! L'auteur atteint parfaitement son objectif (je me rappelle qu'il en avait parlé à la Japan Touch 2011) en "dessinant" les sons. Aucunes inscription ne vient encombrer les pages (lorsque l'on voit le résultat du travail de Sakamoto, on à vraiment l'impression que ces onomatopée encombres lorsqu'elle sont présentes), le tout est à la fois détaillé et épuré, et on peut savourer pleinement les magnifiques graphismes de l'auteur.
Pour le reste, tout comme Koiwai :)
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 05 sept. 2013, 16:51

Je viens de voir ton message seulement maintenant, Luciole ^^""

Je n'ai pas le tomes sous la main, mais de mémoire la disparition des onomatopées a pris effet quand Buntarô a rencontré Hana (donc ça doit être le tome 10, de mémoire). A vérifier :)
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Re: Ascension

Message non lu par Luciole21 » 05 sept. 2013, 17:43

Yep, j'ai vérifier, et effectivement c'est autour du tome 10 ou 11, comme quoi l'auteur m'a bien bluffé :shock:
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 10 sept. 2013, 17:41

Tome 15 :

Pris par l'excitation, Takemura court tout droit vers la mort. Le voici sous la menace d'un oedème cérébral, de plus en plus en proie au délire et aux hallucinations. Buntarô sait qu'il n'a plus le choix : il lui faut redescendre son compagnon sous les 6000 mètres, et freiner l'oedème à l'aide de médicaments trouvés dans les affaires de Takemura... médicaments considérés comme des produits dopants qui signeront alors l'échec de l'ascension des deux hommes. Mais malgré tous les efforts de Buntarô, c'est la montagne elle-même qui, vengeresse, pourrait bien sceller le sort des deux alpinistes...

Après une ascension quasiment suicidaire, ne prenant guère en compte les dangers de la montagne et étant prêt à la braver à l'aide de produits illicites, l'heure est peut-être venue pour Takemura de payer. Au-delà de la volonté de Buntarô de sauver celui qu'il ne considèrera plus jamais comme un compagnon de cordée fiable, on suit les hallucinations de Takemura, et entre deux métaphores toujours très parlantes, on capte suffisamment les faiblesses d'un homme à qui la solitude n'a jamais réussi.
Et en montagne, la faiblesse et la triche ne sont pas permises, et au-delà de l'oedème de Takemura et du délire qui s'empare de lui, c'est la nature elle-même qui, une fois de plus, sera le plus grand danger.

On reste toujours fasciné par les métaphores visuelles, bien trouvées, ainsi que par les décors montagneux, aussi denses et bruts quand ils s'énervent qu'hypnotiques quand ils sont paisibles dans la nuit étoilée. Ils sont, encore et toujours, autant de témoins des différentes facettes de la montagne, et il n'y a guère besoin de beaucoup de textes pour cerner toute l'étendue de ce qui se joue. Plus que jamais dans ce tome, le dialogue passe par le visuel, Shin'ichi Sakamoto s'en tire à merveille, et il faut dire que l'ensemble se lit très vite si l'on ne profite pas des dessins à leur juste valeur.
Toutefois, au-delà de l'impact graphique, de ce que l'on cerne de Takemura, et des réminiscences du passé qui refont surface devant Buntarô, il y a tout de même une sensation de trop grand étirement, de surexploitation de métaphores et de double pages. Il faut un nombre incalculable de pages rien que pour la prise de médicaments et le début de la descente, c'est ensuite le déchainement de la montagne qui s'étire à n'en plus finir. Alors certes, la maîtrise visuelle de l'auteur fascine toujours, mais il y a une sensation que les choses avancent globalement peu, que certains points sont trop étirés, ce qui est d'autant plus frustrant quand on voit qu'à côté, un focus longtemps attendu (depuis les premiers tomes, c'est dire !) arrive enfin, malheureusement un peu comme un cheveu sur la soupe, pour au final s'étendre sur assez peu de choses et ne rien dégager de réellement nouveau.

Ce tome est donc un mélange assez déroutant de fascination face à la verve visuelle du mangaka, et de frustration devant ce qui se passe. Mais une chose est sûre : l'homme solitaire sera mis à rude épreuve dans la dernière ligne droite de la série, alors même que de plus en plus de monde l'attend, en bas.
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 12 nov. 2013, 21:04

Tome 16 :

Buntarô est en face de son rêve. Pour celui-ci, il a été jusqu'à laisser derrière lui femme et enfant, et il ne tient désormais plus qu'à lui de franchir le versant est du K2, que personne n'a jamais exploré. Mais à présent, il est seul dans l'immensité montagneuse, et entre son rêve d'ascension et la chaleur du foyer qu'il a laissé derrière lui, un choix douloureux se pose...

Se préparant à escalader le versant est du K2, Buntarô n'aura de cesse d'être tiraillé, car à l'instant même où des images de son épouse lui reviennent, il est en train de la tromper avec la face est du K2, vierge, qui n'attend que lui pour être déflorée. Les métaphores que Shin'ichi Sakamoto nous offre nous en mettent plein les yeux, tant les choses sont tournées avec fascination. Buntarô est littéralement devenu l'amant de la montagne, entame avec elle une relation de plus en plus fusionnelle au fur et à mesure qu'il s'y enfonce, le tout pendant que Hana l'attend toujours. Par la suite, les métaphores replaçant la jeune femme devant Buntarô en pleine montagne s'avèrent tout aussi fortes en faisant bien ressortir le tiraillement du héros.

Ce qui marque aussi plus que jamais, c'est l'absence d'onomatopées. Depuis plusieurs tomes déjà, le mangaka a pris le pari de tout exprimer par le simple visuel et l'agencement des cases, et de représenter le son à l'aide des images. Ce choix artistique ambitieux, confirmé par l'auteur dans sa préface, a déjà eu maintes occasions de s'exprimer avec talent dans les tomes précédents, mais il s'accapare ici une dimension encore plus forte avec les images métaphoriques de la montagne en tant qu'amante et du tiraillement de Buntarô. Le pari est réussi pour Sakamoto, qui se place dès lors comme un artiste qu'il faudra continuer de suivre de très près même après la fin d'Ascension, car il fait désormais partie de ces quelques auteurs capables de dépasser le simple cadre du manga.

Entre une fascination qui confine à la passion et à l'extase, mais en contrepartie une mort visiblement annoncée et un tiraillement presque coupable vis à vis de Hana et Rokka, le chemin que se trace Buntarô dans la montagne captive à nouveau et promet un final de haute volée.
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Re: Ascension

Message non lu par Koiwai » 13 mars 2014, 08:23

Tome 17 :

Buntarô est à quelques pas de son rêve... et de la mort. Alors que le sommet du K2 est à sa portée, les image de sa femme et de sa fille le hantent de plus en plus. Quelle voie choisira-t-il ? Celle qui le poussera à accomplir ce qu'il a toujours souhaité en tant qu'alpiniste et qui lui vaudra peut-être la mort, ou celle qui le fera redescendre sur terre pour retrouver celles qui tiennent à lui ? Et quel que soit son choix, n'est-il pas déjà trop tard ?

L'alpiniste solitaire est arrivé à la fin de son parcours, et a face à lui deux choix. Qu'il choisisse l'un ou l'autre, le récit nous promet une conclusion toute tracée, et le principal intérêt du récit se situe alors ailleurs. Il se trouve une nouvelle fois dans les essais visuels et narratifs de Shin'ichi Sakamoto, qui s'applique à chaque instant à mêler les pistes, à passer d'un sentiment à l'autre chez son personnage. L'esprit de Mori se brouille, dans sa tête l'alpinisme et les visions de sa famille se brouillent au point de s'emmêler de plus en plus, et l'auteur nous offre alors des textes introspectif saisissants qui sont autant de témoins de l'esprit brouillé de l'alpiniste, ainsi que des métaphores visuelle toujours aussi impressionnantes et qui ne s'arrêtent plus aux dessins, puisque même les mots et la façon dont ils sont écrits deviennent un moyen de faire ressortir la perte de clarté de l'esprit de Buntarô. Le mangaka utilise tout ce qui est à sa portée pour servir la psychologie vacillante de son personnage, et le résultat est assez bluffant, est immersif, et a quelque chose d'assez inédit. Ajoutons à cela les vues montagneuses toujours aussi denses, limpides et gigantesques, et l'on obtient une oeuvre intense et passionnante jusqu'aux dernières pages, où l'auteur choisit finalement une voie que l'on n'attendait pas forcément.

Cette conclusion des dernières pages, certains risquent de la trouver facile, et également rapide sur certains points. Mais l'essentiel est là : les ultimes errances de Buntarô ont pleinement pris sens dans un amour retrouvé pour l'être humain, et le récit peut alors se refermer définitivement, sans frustration. Ascension est bel et bien fini, et malgré quelques rallonges, l'oeuvre dessinée par Sakamoto n'aura, d'un bout à l'autre, jamais déçu en sachant concrétiser ses principaux fils conducteurs.

Pour conclure l'oeuvre, après une postface très intéressante du mangaka, quoi de mieux, dans les pages bonus, qu'un dernier focus sur le vrai Buntarô, sur celui qui a permis le naissance de ce manga et du roman original de Jiro Nitta ? Ce ce que nous proposent les dernières pages bonus d'Ascension, qui ont alors une saveur toute particulière.
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Re: Ascension

Message non lu par Luciole21 » 13 mars 2014, 14:13

Un des plus grands mangas que j'ai pu lire se termine :cry: De façon satisfaisante, heureusement. Rien de particulièrement inattendu, mais toujours un récit prenant et magnifiquement illustré, et un personnage qui achève son parcours intérieur avec brio. Un épilogue un peu précipité peut-être. Et histoire de chipoter, Koiwai, tu parle de "Mori" dans ta chronique, mais ce dernier n'est plus :mrgreen:

Ascension me manquera, vivement Innocent !
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