Appelez-moi hôtesse

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Appelez-moi hôtesse

Message non lu par Koiwai » 21 avr. 2014, 11:55

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Les hôtesses de l'air. Depuis toujours, les clichés sur leur beauté, leur côté rassurant ou leur uniforme en font un fantasme persistant, et c'est pour ça qu'à la base, Sae en est devenue une. Eternelle célibataire de 23 ans, elle pense enfin attirer les hommes en choisissant ce métier, mais elle risque de tomber de haut, car en plus de ne pas du tout avoir un caractère d'hôtesse, elle ne peut que constater que la situation souvent vue comme enviable de ces filles passant leur vie dans les airs à voyager, et en réalité tout ce qu'il y a de plus précaire, autant côté financier que côté sentimental !

Nouvelle série en 4 tomes des éditions Black Box, Appelez-moi hôtesse nous plonge dans un sujet assez rare en manga et également assez méconnu, en s'appliquant à faire ressortir les conditions de vie pour le moins particulières des hôtesses de l'air (et des stewards), au fil des aventures de notre héroïne, Sae, et de ses amies et collègues, principalement Yuka, stéréotype de la belle hôtesse plaisant énormément aux hommes, et Megumi, célibataire endurcie de 28 ans qui se fiche de l'amour.
Au fil de chapitres plus ou moins indépendants (souvent de petites histoires dans la grande), Hanayo Hanatsu croque la vie loin d'être évidente de ces personnes au travail très encombrant. Certains chapitres sont l'occasion de voir la tenue et le comportement très stricts qui sont demandés : il faut toujours être au service des clients même quand ceux-ci sont désagréables, la tenue doit être impeccable, les horaires doivent être rigoureusement tenus... au risque de réprimandes parfois sévères. D'autres moments permettent de mieux entrevoir la difficulté d'avoir une relation amoureuse stable : certains comme le steward Heboki s'en accommodent en voyant rarement leur petite amie, d'autres comme Yûka en profitent pour vivre dans le luxe auprès de riches clients partout où elles vont, d'autres encore comme Megumi semblent très bien se passer de toue relation sentimentale... Et, en toile de fond, il y a toujours la question financière de ce travail : avec la fin de la bulle économique plusieurs années auparavant, le travail autrefois si gratifiant d'hôtesse est devenu un métier où il est désormais difficile de joindre les deux bouts, encore plus pour une fille comme Sae, qui a un mal fou à bien gérer son argent.

Appelez-moi hôtesse s'offre donc bel et bien un vrai fond, pas toujours approfondi jusqu'au bout, mais qui a à coeur d'exploiter comme il se doit un sujet un peu atypique. Mais qu'on se le dise, la série semble bien partie pour être avant tout une oeuvre assez humoristique et un peu sentimentale, avec une approche surtout féminine, comme le laissent voir le casting surtout féminin, le ton très axé sur les tourments de demoiselles, et le style graphique rappelant pas mal de josei. Pour tout cela, on peut compter sur l'héroïne, Sae, à l'opposé des clichés sur les hôtesses : un peu maladroite, très peu rigoureuse, capable de partir au quart de tour et un brin futile dans ses relations avec les autres, c'est une fille loin d'être parfaite, qui a parfois des difficultés à prendre sur elle et à faire la part des choses, et qui est bien plus occupée à penser à elle et à sa recherche d'un mec qu'à faire parfaitement son métier, ce qui aurait pu, plus d'une fois, lui valoir un renvoi, si à côté de ça elle ne montrait pas à certaines reprises une prise d'initiative bienvenue. Si elle peut parfois être irritante, surtout à cause de sa recherche systématique d'un mec ou de son comportement un peu trop futile (elle se plaint de son salaire pour manger par exemple, mais à côté de ça elle ne pense qu'à s'acheter des sous-vêtement de luxe qu'elle ne peut montrer à personne), elle est surtout une héroïne dynamique, amusante, et agréable à suivre dans ses imperfections, et apporte forcément à l'oeuvre un charme assez unique, encore renforcé par ses principales amies et collègues. D'un côté Yûka qui profite totalement des fantasmes qu'elle véhicule pour vivre comme une pacha, de l'autre Megumi qui ne croit aucunement en l'amour, ce qui ne l'empêche pas de connaître une relation... purement sexuelle ?

Ce premier tome d'Appelez-moi hôtesse est une lecture sympathique, qui s'offre un assez bon équilibre entre son sujet rarement vu et son humour assez féminin et mûr. Un titre à tester, en attendant de voir si le plaisir de lecture se maintiendra sur les trois volumes suivants.
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Re: Appelez-moi hôtesse

Message non lu par Koiwai » 28 avr. 2014, 18:23

Tome 2 :

Elle a beau être hôtesse de l'air depuis deux ans, Sae est bien différente des autres femmes de la profession, ce qui lui vaut d'être toujours sous contrat provisoire. Parfois un peu négligente et souvent capable de partir au quart de tour et de s'emporter, son caractère lui créé pas mal de problèmes autant qu'il amuse un peu ses amies et collègues et irrite ses supérieurs. Mais Saé ne perd pas espoir : un jour, grâce à son travail d'hôtesse, elle arrivera enfin à se trouver un homme et pourra se marier pour quitter ce travail ! Mais quand on est une célibataire endurcie incapable de bien cerner les hommes ou de les draguer, ce n'est pas gagné, y compris quand notre héroïne rencontre enfin quelqu'un qui a l'air bien sous tous rapports mais cache peut-être quelque chose, ou quand elle se fait draguer par un pilote qui profite surtout de son grade pour coucher avec les hôtesses qui le désirent.

Ainsi le quotidien de Sae se poursuit-il, sans que la jeune femme ne trouve encore l'amour tant attendu. Notre jeune hôtesse continue de concilier sa recherche d'un homme à son travail d'hôtesse pas toujours facile, ce qui est l'occasion d'entrevoir, au fil de chapitres à nouveau plus ou moins indépendants, certains aspects et à-côtés du métier d'hôtesse et de ceux liés à l'aviation. Ici on a un bel exemple des fétichismes que peuvent provoquer les hôtesses en uniforme, là on entrevoit le rapport particulier au sexe et à l'amour de certains pilotes et d'hôtesses qui ne peuvent se permettre d'avoir de relations stables, ailleurs on découvre un peu plus l'importance de chaque travail lié à l'aviation (hôtesse, mécanicien, pilote... tous sont indispensables pour un bon vol)... Au milieu de tout ça, Sae continue de progresser de façon maladroite, elle reste une héroïne attachante grâce à son caractère très franc qui la démarque tant des autres hôtesses, et elle poursuit aveuglément sa quête d'un homme, criant son envie de sexe à qui veut l'entendre, mais conservant néanmoins une vision assez pure de l'amour (sa petite confrontation avec le pilote adultère en est l'exemple). Et entre les petits tracas du métier ou du quotidien propres aux femmes et les petites conversations de notre héroïne avec Megumi ou Yûka, le ton continue d'avoir sa petite sensibilité féminine sans en faire trop. N'oublions pas non plus les petits focus sur certains personnages secondaires : après Megumi dans le tome 1, nous avons ici droit à un passage sur les amours difficiles d'Heboki.

En trouvant l'équilibre entre l'univers des hôtesses de l'air et les ambitions amoureuses de Sae, ce deuxième tome, dans la veine directe du premier, reste à nouveau une lecture agréable, parfois un peu trop réductrice mais bien soutenue par une héroïne un peu bête mais vive et pleine de charme. Toutefois, dommage que plusieurs petites fautes d'inattention (oubli de mot, pluriel non conjugué...) soient venues se glisser dans une traduction qui, malgré ça, reste de très bonne facture.
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Re: Appelez-moi hôtesse

Message non lu par Koiwai » 06 mai 2014, 15:24

Tome 3 :

La vie tumultueuse de Sae en tant qu'hôtesse de l'air en contrat provisoire se poursuit, avec des hauts et des bas... mais surtout des bas ! La jeune femme continue d'enchaîner les petites bourdes qui irritent sa supérieure et amusent ses collègues, mais elle ne perd pas espoir, car elle est désormais dans sa troisième année sous contrat, et à l'arrivée de la quatrième année un contrat permanent l'attend... DU moins, c'est ce qu'elle pense et a toujours espéré ! Car la société aérienne pour laquelle elle travaille est en pleine crise, et celle-ci ne s'atténuant pas, un nouveau système se met en place. Les hôtesses en contrat temporaire seront désormais surveillées plus étroitement, et une partie d'entre elles risquent d'être évincées si elles ne sont pas à la hauteur. Ca ne fait évidemment pas les affaires de Sae, d'autant qu'un nouveau responsable de sa section a été nommé, et il s'agit du très strict Sano, l'homme qui l'a reprise dans le tome précédent... Pire encore, une nouvelle hôtesse fait son apparition dans la société. Elle s'appelle Reina Nikaidô, elle est bel, élégante, sort du lot, tient son travail d'hôtesse à la perfection, au risque de faire de l'ombre aux autres...

Si Hanayo Hanatsu continue d'évoquer les aléas du travail d'hôtesse avec notamment le problème financier d'une société en pleine crise qui répercute forcément ses problèmes sur ses employés, la mangaka poursuit avant tout son travail sur ses personnages, et surtout sur une Saé qui n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs, entre ses bourdes, les remontrances qu'elle se prend, sa recherche désespérée d'un homme, ou ses soirées noyées dans l'alcool. Il faut pourtant retenir aussi le rôle fort qu'est destinée à tenir la nouvelle venue, Reina Nikaido. Hôtesse parfaite en tous points, elle crée quelques jolies notes d'humour (dont un joli conflit d'ego de dragueuse avec Yuka !), crée également quelques jalousies plus virulentes qui lui valent d'être prise en grippe par les "soeurs pimbêches", trois hôtesses aussi jalouses que puériles et méchantes. Mais malgré tout, Reina reste digne, ne fait aucun cas des "brimades", et se plait dans sa solitude. Un comportement qui intrigue une Sae qui cherche alors à se rapprocher d'elle, jusqu'à en apprendre plus sur son passé prestigieux et sur la raison qui l'a poussée à devenir hôtesse. S'en suit une confrontation de valeurs intéressante entre notre héroïne et une Reina qui ne voit le travail d'hôtesse que comme un job peu gratifiant, et qui renie en bloc la possibilité d'une relation amoureuse dans ce travail, puisqu'elle préfère s'épanouir pleinement dans le travail. Si l'humour est omniprésent grâce aux habituelles frasques de Sae, le tout est une bonne occasion d'aborder la question de la conciliation entre travail et amour, cet amour que Sae recherche tant... et qu'elle pourrait peut-être trouver enfin, petit à petit, si tant est qu'elle accepte d'assumer les sentiments qu'elle commence à développer pour quelqu'un en particulier, ce qui est loin d'être gagné (mais vu leur caractère respectif, on se dit depuis tellement longtemps que ces deux-là iraient bien ensemble...).

Le format des chapitres devient moins indépendant, la trame qui animera la fin de la série se met bien en place, et on conserve un bon équilibre entre l'humour, les tourments sentimentaux de Sae et les petites questions autour du travail d'hôtesse. En somme, tout ce qu'il faut pour qu'Appelez-moi hôtesse reste une lecture agréable !
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Re: Appelez-moi hôtesse

Message non lu par Koiwai » 11 mai 2014, 14:25

Tome 4 :

Saé, l'hôtesse de l'air la plus franche et gaffeuse du monde, serait-elle amoureuse ? Elle, qui a toujours cherché un mec et est même devenue hôtesse dans ce but, vient de se rendre compte qu'un sérieux prétendant à son coeur s'est toujours trouvé sous ses yeux, et il s'agit de Heboki. La jeune femme doit désormais faire le point... pour mieux refuser les avances de Heboki, du moins pour le moment ! En effet, elle aimerait que Heboki ne tombe pas amoureux de la Saé d'aujourd'hui, mais de la Saé qu'elle deviendra : une hôtesse de l'air long courrier, fiable et compétente. Et pour cela, notre héroïne est déterminée à passer un concours qui lui permettra de passer enfin en contrat définitif.

Entamée dans le tome 3 avec l'arrivée de Reina Nikaidô et la découverte des sentiments de Saé et de Heboki, la dernière ligne droite d'Appelez-moi hôtesse se poursuit en exploitant comme il se doit les différentes pistes mises en place.
On reste conquis par une Saé dont le fort caractère reste une marque de fabrique, à l'image des objectifs qu'elle se fixe avant de répondre aux avances de Heboki. Saé veut devenir une femme épanouie dans son travail avant tout, et est décidée à prouver à l'estimée Reina Nikaidô que l'on peut très bien concilier carrière professionnelle et sentiments. Mais la route reste longue pour notre héroïne, car il lui faut notamment apprendre l'Anglais, une langue où elle a toujours été très mauvaise. Elle pourra toutefois compter sur un professeur particulier loin d'être choisi au hasard, puisqu'il s'agit de Heboki lui-même !

Alors que se profile la fin de la série, Hanayo Hanatsu parvient à garder intact le charme de sa série, avec une héroïne au caractère fort, aussi imparfaite que séduisante dans son genre, et porteuse de bon nombre de notes d'humour, à l'image de tout le passage où Heboki, improvisé prof d'anglais, est bien obligé de contenir ses ardeurs face à celle qu'il aime. Et en arrière-plan, les personnages secondaires comme les deux amies Yuka et Megumi reste bien campés. On continue donc de s'amuser, de se prendre au jeu devant le parcours déterminé de notre chère Saé, qui finit toutefois par tomber dans le doute quand tombe une troisième équation à prendre en compte : en plus de son travail et de ses amours, elle doit également composer avec sa famille. Sa mère doit être opérée, son père est incapable de gérer une maison tout seul, et la jeune femme se demande si elle ne devrait pas arrêter son travail pour retourner auprès de ses parents. La réponse de ces derniers sera riche d'enseignements pour elle.

Au-delà de l'humour ou des intrigues sentimentales, on constate surtout que ce dernier tome accentue le portrait de femmes dans le monde du travail. Déjà entre Saé, Yuka ou Megumi les cas étaient différents, mais l'arrivée de Reina Nikaidô a redynamisé ce thème dans la dernière ligne droite. Sa confrontation saine avec Saé dans la vision du travail apporte des choses intéressantes, encore plus quand Nikaidô se retrouve confrontée aux limites de sa vision des choses, quand elle se rapproche d'un patron d'entreprise qui a l'air bien sous tous rapports mais a finalement vite fait de dévoiler son véritable fond. Certaines tristes réalités encore persistantes sur la vision des femmes dans le monde du travail sont présentées avec un certain intérêt.

On pourra toutefois regretter certaines grosses facilités et la toute fin assez rapide, mais dans l'ensemble Appelez-moi hôtesse conclut tout ce qu'il fallait conclure, et nous laisse sur une bonne impression. La mangaka a su aborder des sujets intéressants, est parvenue à nuancer son sujet et )à trouver un bon équilibre même si c'est parfois de façon un peu trop superficielle, et suivre le parcours de Saé aura été très plaisant.
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