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Tome 1 :
Dans la vie, on ne peut pas dire que Hayate Ayasaki soit vraiment gâté, car ce lycéen de 16 ans est, depuis ses 9 ans, obligé d'enchaîner les petits boulots pour pallier les manques de ses parents totalement irresponsables, qui passent leur temps à dépenser tout ce qu'il gagne dans les jeux de hasard et autres choses. L'adolescent est un peu leur sbire, leur bon à tout faire, à tel point que quand ses parents s'endettent d'une somme colossale auprès de yakuzas, ils choisissent le plus aisément du monde de leur revendre leur enfant pour qu'ils y prélèvent les organes qu'ils veulent ! Bien évidemment, Hayate n'est pas trop chaud pour se laisser charcuter, et il s'enfuit en s'enfonçant dans le crâne un plan un peu extrême pour s'en sortir : kidnapper quelqu'un au pif et demande rune rançon ! Et ça tombe bien, car dans la nuit, près d'un distributeur, il tombe sur une fillette qui semble bien frêle, et la prend pour cible... Mais une succession de quiproquos inverse complètement la donne, et au lieu de le voir comme un kidnappeur, la jeune fille le voit comme un sauveur épris d'elle ! Voici alors notre cher Hayate devenu majordome pour Nagi Sanzenin, jeune et richissime héritière orpheline !
Publiée au Japon depuis 2005, la série Hayate no Gotoku est devenue l'un des piliers du magazine Shônen Sunday de Shôgakukan où elle régale toujours ses lecteurs, à tel point qu'elle a eu droit à un artbook, à une série animée de 77 épisodes, et qu'en cet été 2015 elle compte désormais 45 tomes dans son pays ! Quel est le secret d'une telle longévité ?
En premier lieu, l'humour, sans aucun doute ! Un humour complètement burlesque et décalé, qui se ressent dès le premier chapitre avec ces parents complètement indignes qui revendent leur enfant sans problème, puis ce quiproquo improbable de Nagi qui, dès le départ, en dit assez long sur ce qui nous attend. Et la suite ne fait guère baisser les choses, avec, entre autres, la découverte d'autres personnages déjà hauts en couleur. La douce Maria, autre domestique de Nagi qui rend déjà Hayate un peu gaga, cache néanmoins quelques côtés sombres, surtout dès qu'on touche à son précieux jardin ! Quant à l'intendant Klaus, sous ses allures de vieil homme sérieux et autoritaire, il cache lui aussi des facettes aussi drôles qu'inattendues. Sans oublier Tama, le gros (très gros) "chat" de Nagi qui pose bien des problèmes... Quant à Nagi elle-même, elle nous amuse beaucoup dans ce quiproquo qu'elle se fait sur Hayate (et ce dernier n'y capte quasiment rien) et dans son caractère de gamine un peu capricieuse.
Ensuite, il y a l'action ! Entre le statut de riche et jeune orpheline de Nagi et la traque de Hayate par les yaluzas, on sent dès le premier volume que nombre de menace surgiront sur nos héros... Mais attention, l'ensemble reste traité dans le ton d ela série, c'est à dire de façon burlesque est décalé. Pour s'en convaincre, il suffira de voir les affrontement contre Tama, également la façon dont ce dernier se retoruve à combattre un serpent géant improbable... et, surtout, la nature d'un Hayate qui semble étonnamment résistant. Il a beau passer sous des voitures, se faire tabasser parfois violemment, le jeune garçon résiste vraiment bien.
Enfin, il y a tout simplement les personnages en eux-même, vraiment bien campés. Kenjirô Hata les fait entrer en scène de façon claire et leur offre très vite des caractéristiques plaisantes et amusantes, mais il n'en oublie pas pour autant de commencer à distiller d'autres éléments, surtout autour de Nagi, dont on découvre notamment le côté un peu otaku (elle dessine des mangas qu'elle a honte de montrer)... mais aussi une certaine solitude. Car elle beau avoir un caractère pas facile et posséder un animal de compagnie peu banal qui a valu aux précédents majordomes de décamper, n'oublions pas qu'elle reste une jeune fille de 13 ans sans parents et esseulée dans une gigantesque demeure...
Les dessins sont dans la lignée de la plupart des séries que l'on aime trouver dans le Shônen Sunday. Il y a un côté clairement old school efficace, couplé à un graphisme qui, malgré ses inégalités (cela reste un premier tome), se veut plutôt mignon et très expressif. Le rythme est entraînant, les nombreux gags bien amenés sans laisser de temps morts. On s'amuse et on ne s'ennuie aucunement.
C'est donc, concrètement, un premier tome rudement efficace qui nous attend... Alors, pourquoi seulement 13/20 dans la note ? Hé bien, parce que tout aussi plaisants soient l'humour et les personnages, l'édition française souffre d'une traduction complètement à la ramasse.
En plus des personnages aux caractères burlesques, Hayate est une série dont l'humour repose beaucoup sur les quiproquos, sur les jeux de mots et références, or la traduction de Guillaume Abadie passe complètement à côté de tout ça. Les références sont occultées, les quiproquos ont beaucoup de mal à être parfaitement mis en valeur (à tel point que certaines situations semblent arriver de nulle part), les dialogues ne suivent parfois aucune logique et, pire, sont parfois inversés entre les protagonistes. Un travail indigne, qui plombe en partie une série qui a pourtant un fort potentiel. Heureusement, l'oeuvre changera de traducteur à partir du volume 9. Mais il faudra quand même se taper 8 volumes ainsi...