Deuxième série réalisée par Shinichiro Watanabe après Cowboy Bebop, Samouraï Champloo vient dépoussiérer le genre « chambara » ou film de sabre en incorporant une ambiance hip-hop à la série. Là où Bebop était portée par des sons très jazzy en total décalage avec son univers futuriste, Champloo nous place dans le japon féodal, à l'époque d'Edo, où des rythmes breakdance viennent contrebalancer l'Histoire en faisant entrer tout ce petit monde dans la modernité. Question : le hip-hop convient-il au manga?

On se retrouve avec trois personnages principaux. Deux samouraï qui sont l'antithèse l'un de l'autre : Mugen, iconoclaste au sang chaud, représentant de la jeune génération (et du japon contemporain), et Jin, ancré dans ses valeurs et ses codes du Bushidô, représentant des valeurs qui se perdent... (et du japon traditionaliste). Soient les deux faces du Japon tel qu'il est aujourd'hui où le high-tech côtoie les yukata. Entre ces deux hommes une jeune fille, Fuu, à la recherche d'un homme « qui sent le tournesol ». Autant dire que les deux gaillards auront du pain sur la planche pour retrouver cet homme avec si peu d'informations, et ça chacun selon sa méthode (ça va de soit). Des personnages stéréotypés donc, mais qui évolueront dans le bon sens en apprenant chacun les uns des autres.
Niveau animation : c'est beau. On est un cran au dessus de Cowboy Bebop. C'est fluide, les scènes de batailles se suivent et se savourent avec délectation, sans temps mort. La bande-son voit participer artistes de la scène japonaise mais également dj américains, que les fans du genre reconnaîtront sans doute (pas moi). Chaque épisode est plus ou moins indépendant et nous fera voyager d'Edo vers l'ouest du Japon, en passant par une dimension parallèle. Les anachronismes sont multiples et volontaires, toujours en rapport avec l'ambiance musicale, l'humour est omniprésent, et les duels de sabres sont fréquents, on a des moments assez violents, d'autres plutôt poétiques, étonnement tout se mélange plutôt bien. L'Histoire n'est pas en reste puisqu'on retrouve certains faits historiques comme l'arrivée des Hollandais et la répression du Christianisme par les autorités japonaises de l'époque.


Parlons un peu de la version française. Une des meilleures qui ait été faite ces dernières années : les comédiens de doublage y ont mis du leur (sauf peut-être quelques rôles secondaires) et ça s'entend! Autant dire que seuls les japonisants pourront profiter de la v.o., tant le sous-titrage est faiblard. Il suffit de comparer les deux : là où les sous-titres se contentent de traduire avec un minimum de mots, parfois sans traduire les termes spécifiques inconnus au néophyte qui a juste envie de regarder un anime, le doublage est plus complet, apportant un vrai texte crédible de bout en bout. Bien sûr certains termes ont été « adaptés », on parle de sandalettes et plus de gettas, mais qu'importe, on en profite sans s'abîmer les yeux!
Au final, Samouraï Champloo est une excellente série, qui se laisse regarder, que l'on apprécie où pas le hip-hop mais surtout qui remplit son rôle : divertir.
Une série qui pourra être complétée pour les plus acharnés par le diptyque sorti chez Soleil, diptyque inintéressant pour qui n'a pas vu la série.