Sorrow a écrit :
Wang, la prochaine fois que tu postes ici, je veux que ce soit pour faire un bel avis bien détaillé et argumenté sur ta lecture, est-ce bien clair ?
Allez, t'as encore le droit à une réponse^^.
Eh bien
NON, je n'aurais même pas utilisé ce joker que tu m'as accordé !!! Voici donc ENFIN mes avis sur Kekkaïshi ! Il me fallait bien un jour férié pour puiser la motivation... surtout que je ne sais pas quel bout le prendre !
Qu'importe, je vais suivre mon rythme d'achat, à savoir :
- Les 3 premiers tomes (achetés lors de la dernière IRL)
- Tome 4 à 8 (achetés la semaine dernière)
- Tome 9 à 13 (achetés cette semaine)
- Tome 14 à 18 + le 19 fraichement sorti !!! (la semaine prochaine)
Allez... *inspiration... expiraton*... Première critique, du tome
1 au tome
3 :
Lorsque l'on feuillette le premier tome de Kekkaishi, la première impression est plutôt vague : on a l'impression d'être devant un énième shonen, au mieux on le trouve sympathique parce qu'il n'a l'air pas vraiment prise de tête. On retrouve des éléments vraiment classiques, à savoir que l'histoire se déroule dans un lycée, ou encore que les ennemis sont des yokaï, donc on peut penser que l'auteur ne va pas chercher bien loin ses sources d'inspiration (quotidien scolaire de ses lecteurs et folklore japonais de base). On y voit un héros assez basique, amoureux d'une fille qui l'a l'air tout autant... Sans compter que la redondance, propre à un début de shonen, est ici renforcée par l'existence d'un seul lieu de combat... Bref, je comprends assez bien que ce titre ne soit pas d'apparence très attractive pour le curieux. Moi-même, à l'époque de la parution de Kekkaishi, j'étais dans une période ou j'avais consommé du shonen jusqu'à l'overdose, et commençait à m'ouvrir à du seinen façon Naoki Urasawa...
Et pourtant....
quel dommage !!! Car c'est passer à côté d'un des meilleurs mangas dans sa catégorie !!!
Car c'est dans cette simplicité apparente et cette redondance que Kekkaïshi finit par puiser toute sa beauté. L'histoire a l'air simple, banale et pourtant il y a quelque-chose qui rend totalement accro, qui fait que l'on s'attache aux personnages immédiatement, sans s'en rendre compte, sans que l'auteur leur dessine un destin pathétique pour qu'on les prenne en pitié. Non ici, les personnages nous sont familiers, car leurs caractères sont très proches du notre, très travaillés.
Prenons en exemple le héros ,
Yoshimori : en tant qu'héritier d'une lignée ancestrale de Kekkaishi, on pourrait s'attendre à un banal héros torturé, totalement supérieur à ses ennemis, et qui pour le coup prendrait la grosse tête (qui a dit Sasuke ?). Il n'en est rien. Yoshimori est décrit comme un adolescent de 14 ans au caractère tout ce qu'il y a de plus normal, à savoir qu'il est en semi-rejet face à ce destin qu'il n'a pas choisi, mais qu'il suit toutefois (on ressent ici l'opposition habituelle d'un adolescent face à l'autorité parentale). Mais sans non plus en faire un rebelle à deux sous, puisqu'il suit quand même ces traditions et qu'il va chasser le yokaï toutes les nuits. Son destin n'est donc pas vécu comme un honneur ni comme un poids, mais plutôt comme un job, une tradition, une routine quotidienne. Et ici, pas de quête de puissance à outrance. S'il veut devenir fort, c'est uniquement pour protéger celle qui lui est chère, à savoir
Tokine.
Cette dernière, de deux ans son ainée, et également Kekkaishi dans une famille rivale, est bien loin des potiches habituelles du genre. Bien plus au fait des traditions et plus posées que son cadet, elle n'hésite pas à se poser en rivale, histoire de motiver Yoshimori. Elle est également consciente du potentiel de ce dernier, et de ses propres limites, voilà pourquoi elle essaiera d'évoluer différent, sans utiliser d'une "force brute". Le seul reproche qu'on pourrait faire à sa personnalité, c'est son aveuglement envers l'amour que lui porte Yoshimori... et de son éventuelle réciprocité.
La chasse au monstre ne tombe pour l'instant pas dans une surenchère de puissance. En effet, l'originalité de la technique des Kekkaï permet une certaine inventivité dans leur utilisation, et les combats ne sont pas soumis à un rapport de force habituel, mais découlent surtout de l'ingéniosité de Yoshimori et Tokine. Ainsi, il est très difficile d'imaginer l'issue de certains combats. Quant à la redondance du scénario, elle permet surtout de créer une certaine routine, alternant entre les phases de chasse au monstre d'un coté, et du quotidien familial de l'autre. Et de ce côté-là, tout est décrit de façon simple mais tellement sublime entre les deux familles Sumimura et Yukimura, avec les deux anciens respectueux des traditions et tentant de les inculquer au mieux à leurs petits enfants (avec plus ou moins de succès), sans compter la génération intermédiaire qui a l'air beaucoup plus normale, et avec également un parent absent de chaque côté (la mère de Yoshimori et le père de Tokine). Mais cet aspect "tranche-de-vie" est superbement traité, et humanise de ce fait considérablement les héros. Là ou des héros de shonen classiques ne pensent qu'à leur quête de puissance ou de devenir le meilleur pirate/ninja/samouraï/chevalier/..., Yoshimori a des ambitions beaucoup plus simples et humaines avec une passion pour la patisserie ! Et dans son rêve de "créer un château en gateau", je pense qu'il faut y voir un gros pied-de-nez à tous ces autres shonen, justement.
Les combats sont pour l'instant limités à des monstres simples, et sont traités en un ou deux chapitres. Et pourtant, l'auteur arrive à instaurer au fur et à mesure des touches un peu plus profonde, en revenant sur le passé de certains personnages mais sans en dire trop, en posant le mystère du domaine Karasumori, en introduisant une certaine Guilde... bref, on sent que derrière ces quelques tomes d'introduction se dessine un véritable background, et on en ressort rassuré quant à la suite, en devinant que l'auteur sait où il va (et ce n'est pas donné à tous les auteurs...).
L'autre performance du scénario est de ne pas tomber dans le piège des histoire de lycéens classiques, en effet, il y a un vrai contraste entre la partie lycée (le jour) et la chasse aux yokai (la nuit). On ne tombe pas dans des incohérences habituelles ou des évènements surnaturels se produiraient constamment, sans que ça ne choque personne outre mesure... Certes, il y a tout de même (et heureusement) quelques liaisons entre ces deux parties, mais pour l'instant tout est vraiment bien maitrisé.
Enfin, il faut rendre honneur au trait de Yellow Tanabe, qui encore une fois, sous un aspect simple et classique, donne toute sa profondeur au manga, sans que l'on s'en rende compte. Le héros n'est pas spécialement un beau gosse du genre, il a quelques rondeurs, un visage un peu carré... ce qui encore une fois humanise totalement le personnage. De même pour Tokine, qui est mignonne et attachante sans tomber dans l'écueil de la fille sexy à gros seins, et, chose heureuse, à ne faire AUCUN FAN-SERVICE (allez, une seule image ou elle prend un bain, en cherchant bien...). Seuls les grands-parents sont un peu caricaturaux dans leurs design. Quant au yokaï, Tanabe arrive à leur insuffler un design très traditionnel, mais pas repoussant pour autant, grâce à son trait simple et rondouillard.
En conclusion, Kekkaishi peut apparaitre au premier abord comme un shonen très classique, d'ailleurs on sent que beaucoup de choses ont été imposés par la ligne éditoriale (de l'aveu de Tanabe dans ses postfaces). Et pourtant, l'auteur réussit à insuffler une certaine profondeur dans le titre qui fait que le curieux qui s'y sera intéressé plus loin qu'un simple feuilletage ne pourra plus en décrocher. Il réussit le mélange des genres entre un folklore traditionnel, et un côté moderne avec un quotidien très proche du notre. On pense notamment aux œuvres de Rumiko Takahashi. Une œuvre véritablement majeure, qui mérite d'être reconnue à ce juste titre, et dont ces trois premiers tomes sont une introduction assez simple, mais qui laissent présager d'une qualité scénaristique très enthousiasmante !!!
Donc je m'adjoins à l'avis général :
LISEZ KEKKAISHI, VOUS NE LE REGRETTEREZ PAS !!! 
